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Alors que le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), Ibrahima Kalil Condé, appelle les administrateurs à la neutralité et à la transparence à l’approche de la présidentielle du 28 décembre, Dr Faya Millimouno, candidat du Bloc Libéral, oppose une critique sans détour à cette sortie. Pour lui, ces appels officiels ne valent rien sans des “actes forts”. Entre discours gouvernemental et réalités perçues sur le terrain, le candidat a dans une interview accordée à Guinee360.com, dénoncé la présence du Premier ministre à la tête du directoire de campagne de Mamadi Doumbouya, avant de mettre en lumière une contradiction qu’il juge “inquiétante” pour la crédibilité du scrutin.
Guinee360.com : le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a réuni les administrateurs territoriaux pour leur rappeler les exigences de neutralité et de transparence. Comment réagissez-vous à cette déclaration ?
Faya Millimouno : C’est une déclaration qui doit en principe être appuyée par des actes beaucoup plus forts que cela. Sinon, si ça se limite à une déclaration, ça n’aura aucun effet. Pour montrer effectivement que les commis de l’État se soumettent à un devoir de réserve face aux jeux politiques, le Président Mamadi Doumbouya, qui est maintenant candidat, devait commencer par ne pas prendre le Premier ministre comme directeur de campagne.
Il devait commencer par ne pas prendre des ministres comme directeurs de campagne. Parce qu’on ne peut pas parler de neutralité de l’administration lorsqu’il y a un Premier ministre controversé, parce qu’il a une lecture, et un traitement des Guinéens sur la base de leur origine ethnique, sur la base de leur origine confessionnelle. Parce que, déjà, il a été président de la commission d’organisation de la manifestation qui a eu raison du CNDD et de son président Moussa Dadis Camara. Aujourd’hui, il a été de ceux qui ont tenu les pieds de Mamadi Doumbouya pour lui demander d’être candidat.
Alors, prendre quelqu’un comme ça comme directeur de campagne, et sortir un communiqué pour demander aux commis de l’État d’observer la neutralité, nous voulons des actes, pas des paroles. Et ces actes-là, le premier doit être posé par le Président Mamadi Doumbouya, maintenant qu’il est candidat : qu’il se débarrasse de tous les membres du gouvernement qui sont dans son directoire, y compris le Premier ministre. Il n’a qu’à se constituer un directoire de campagne un peu comme nous tous sommes en train de le faire. Sinon, est-ce qu’on accepterait que j’approche un autre ministre pour lui demander de diriger ma campagne ? Il ne faut pas qu’on fasse de la Guinée du n’importe quoi.
Vous parlez également d’une surveillance accrue du processus. Qu’attendez-vous des acteurs locaux ?
Nous allons veiller sur le terrain. Déjà, nous sommes en train de préparer nos membres dans les régions, les préfectures, les sous-préfectures, à observer le comportement des préfets, sous-préfets et gouverneurs. Aucun matériel électoral ne doit être envoyé au gouverneur, ni aux préfets, ni aux sous-préfets. Et qu’on mette, au niveau local, un dispositif qui permette aux représentants de tous les candidats d’être présents, même à l’accueil et à la réception de tout le matériel électoral, à la base. Si cela ne se fait pas, ce ne sont pas des déclarations que nous attendons : nous voulons des actes. Ce pays-là ne se contente plus de déclarations, de communiqués. Le pays attend des actes. Et pour ces élections-là, pour garantir une certaine crédibilité parce que les élections ne sont déjà pas inclusives il faut poser ces actes.
Elles ne sont pas inclusives : c’est le premier péché de ce processus. Il y a des acteurs, non des moindres, qui sont empêchés d’être candidats. D’autres ont voulu être candidats indépendants, mais on sait que le système, avec l’aide du CNT, a verrouillé l’expression libre des Guinéens pour proposer des candidats indépendants. Parce qu’on en a fait une affaire d’administration. Les délégations spéciales, aujourd’hui, sont nommées par le CNRD. Ça montre clairement que le seul que les gens des délégations spéciales ont parrainé, c’est Mamadi Doumbouya. On est même étonnés de voir Chérif Tounkara, comment, lui, a-t-il été parrainé par exemple? On s’attendait à un parrainage citoyen dans toutes les préfectures, que des gens signent pour dire je soutiens, je parraine tel ou tel candidat indépendant pour être sur le bulletin.
On a déjà beaucoup de questions sans réponse aussi porteuse d’exploits soit-elle comme celle du ministre de l’Administration du Territoire, ne nous suffit pas. Nous voulons des actes clairs, où on ne voie pas l’ombre d’un sous-préfet, si ce n’est pas pour aller voter lui-même ; qu’il ne soit pas là pour intimider. Parce que s’il y a cela, ça ne va pas marcher. Il faut qu’on se le dise clairement.
Le ministre a insisté sur un traitement équitable de tous les candidats. Partagez-vous cette perspective ?
En tout cas, nous le souhaitons. Parce que si nous sommes candidats, nous sommes candidats pour être traités sur le même pied d’égalité. Ça suppose qu’il n’y ait aucun traitement de faveur. Par ce ce-que que ce que nous avons vécu le dernier jour du dépôt des dossiers. Si c’est comme ça qu’on va traiter tous les candidats : ce jour-là, on nous a bloqués, même pour accéder à la Cour suprême. On a empêché nos voitures de s’approcher de la Cour suprême. Parce qu’il y avait tout un débarquement militaire de Forces spéciales pour assurer la sécurité du candidat Mamadi Doumbouya. Je crois que ça, ça a été quelque chose que nous avons déploré et dénoncé. Que ça ne se répète plus. Parce que quand on va à l’intérieur du pays, puisque je vais commencer ma campagne à Siguiri qu’on ne vienne pas barrer la route à mon cortège parce que le président est là avec les Forces spéciales.
Que dites-vous de l’implication des hauts gradés de l’armée dans le processus électoral ?
Si les haut-gradés de l’armée sont impliqués strictement pour veiller à ce que personne t’intimide l’autre, il n’y a aucun problème. S’ils sont déployés pour assurer la sécurité du processus, on n’aura aucun problème. Mais s’ils sont déployés pour intimider, ça ne marchera pas.
Qu’en est-il de votre calendrier de campagne ?
Notre calendrier de campagne est en train d’être finalisé. Nous avons prévu de commencer l’acte 1, c’est-à-dire la première grande mobilisation, en Haute-Guinée, précisément à Siguiri. De là, nous descendrons vers la région forestière pour en sortir par Faranah, puis nous achèverons la Haute-Guinée pour amorcer le Fouta. Nous entendons faire toutes les quatre régions, parce que nous pensons que ceux qui ont soif de vérité, de démocratie, de liberté, sont un peu partout à travers notre pays. Et ce sont des valeurs clairement menacées par la façon de gouverner du CNRD, qui nous laisse croire que laisser le terrain vide au CNRD si le pouvoir devait se confirmer entre leurs mains entraînerait une dictature dans notre pays. On n’en a plus besoin. Nous avons vécu des dictatures par le passé, qui ont coûté très cher à ce pays. Nous n’en voulons plus une dictature en Guinée.
L’article Faya Millimouno : “ On ne peut pas parler de neutralité de l’administration lorsqu’on a un Premier ministre controversé” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.
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