Culture : le ministère de l’enseignement supérieur accompagne la publication posthume du livre « Le Puutoo » d’Elhadj Souleymane Bah

il y a 2 heures 14
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Le « Puutoo », un ouvrage de feu Elhadj Souleymane Bah, a été présenté et dédicacé ce jeudi 20 novembre 2025 à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Il s’agit d’un livre publié à titre posthume grâce aux manuscrits laissés par l’auteur.

Du mois de mars dernier à maintenant, le rassemblement de ces manuscrits pour constituer un livre a été rendu possible grâce à l’abnégation de sa fille, Fatoumata Binta Bah, mais aussi au soutien du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.

Aux yeux de Fatoumata Binta, il s’agit surtout d’un cadeau qu’elle fait à son défunt père, car celui-ci tenait beaucoup à la parution de cet ouvrage.

« La sortie de ce livre est une fierté pour moi. Mon papa a beaucoup œuvré pour que le livre voit le jour, mais malheureusement, il est décédé avant la publication. J’ai pris l’initiative de faire éditer le livre pour conserver un peu sa mémoire. Mais dans la salle, on m’a dit quelque chose dont je n’avais pas tenu compte. C’est maintenant que je le ferai. On me dit que c’est surtout le patrimoine national que je suis en train de conserver, que j’ai fait en sorte de conserver. Donc ça, c’est une fierté pour moi. Mon père était quelqu’un de passionné », a-t-elle dit.

Le Puutoo est un bonnet traditionnel peul de l’aristocratie du Fouta-Djallon. Ce livre, composé de deux parties, revient, dans sa première partie, sur la structure, la composition et la façon dont le bonnet traditionnel peul est apparu. Dans la seconde partie, il décrit l’habitat du Fouta et de la femme peule.

« Pourquoi cela ? Parce qu’en fait, au début, pendant le règne de l’Almamy, c’était la femme qui était à la base de la décoration des maisons du Fouta. C’est après que les choses ont changé. Donc, le livre parle des deux choses principalement. Bon, c’est une très bonne chose que les choses évoluent, que le Puutoo évolue à l’international. Mais je pense qu’il faut aussi essayer de conserver un peu le patrimoine national, d’une certaine façon. Parce que l’évolution du bonnet, c’est bien, ça va au-delà de la Guinée et tout, mais l’histoire même du Puutoo, c’est la manière de le porter, la façon de le porter, à quel moment le porter, qui doit le porter », a ajouté Fatoumata Binta.

La rédaction et la mise en forme de cet ouvrage ont été assurées par les cadres du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Au nom du ministre Alpha Bacar Barry, Dr Oumar Doumbouya, directeur national de l’Enseignement supérieur, qui a assuré la mise en œuvre de ce projet, a indiqué que le manuscrit de cette œuvre « existe depuis 20 ans ».

« Nous n’avons fait que compiler, ordonner et organiser pour en faire un ouvrage. Je suis allé sur certaines connaissances de l’auteur, des témoignages, pour ajouter à ce livre. Cet ouvrage-là a été publié par les éditions Harmattan Guinée. C’est un livre de 120 pages et il parle non seulement du bonnet traditionnel peul, mais aussi de l’organisation sociale du Fouta-Djallon. Nous avons une dizaine de chapitres, très intéressants, aussi bien les uns que les autres, qui permettent à la jeune génération de connaître ce que c’est que le Puutoo. Nous voyons les gens l’arborer sous forme de casquettes, mais nous ne savons pas en fait les imbrications de ce livre. Donc ce bonnet a été porté d’abord par l’aristocratie peule, avant, dans le temps, et de plus en plus il est en train de se démocratiser et d’être porté par tout le monde, ce qui n’est pas mal aussi. C’est une partie de notre patrimoine culturel et historique commun », a-t-il déclaré.

Historien de son état, Pr Sidy Maladho Baldé a également pris part à cette cérémonie de présentation et de dédicace. Pour lui, cet ouvrage décrit « un symbole très fort, un signe identitaire ».

« Le Puutoo n’est pas seulement un mode vestimentaire, c’est un signe culturel, identitaire, historique qui a prévalu au Fouta de 1725 à 1896 et au-delà. C’est-à-dire qu’entre 1725 et 1896, le Puutoo était un signe d’identité de ce qu’on pourrait appeler la valeur culturelle et historique dans le Fouta théocratique. Il a symbolisé non seulement l’aspect social, la noblesse, l’aspect culturel, mais aussi l’aspect organisationnel », a-t-il indiqué.

L’auteur de cette œuvre, Elhadj Souleymane Bah, est né en 1941 à Tougué, en Moyenne-Guinée. Il a été professeur de Mathématiques à l’actuelle université Julius Nyerere de Kankan. Il a enseigné tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Il s’est surtout distingué par son sens de responsabilité, de sociabilité et sa profonde religiosité. Il est décédé en 2022.

MohamedNana BANGOURA

Lire l'article en entier