Plus de 8 mois de pluies au Fouta en 2025: explications des techniciens sur ce dérèglement climatique inédit

il y a 3 heures 18
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Le sud de la région du Fouta Djallon fait face cette année à un phénomène climatique sans précédent. Alors que la saison des pluies s’étend habituellement d’avril à octobre, l’année 2025 aura connu huit mois consécutifs de précipitations, du 15 mars au 15 novembre, bouleversant l’ensemble des repères climatiques, agricoles et environnementaux.

Selon les services météorologiques de Mamou, la pluviométrie a largement excédé les moyennes saisonnières. Moussa Camara, chef du service météo locale, explique : « en octobre 2024, 152 mm de pluie ont été enregistrés en 22 jours, et en novembre 2024, un seul jour de pluie avait été observé, le 16 novembre, avec 7,7 mm. À l’inverse, en 2025, nous avons relevé 245,9 mm de pluie en seulement 20 jours au mois d’octobre, et déjà 81,1 mm au 15 novembre. »

Des chiffres qui illustrent une irrégularité marquée et un excès de pluie inhabituel pour le Fouta.

Phénomène paradoxal

Malgré l’abondance des pluies, de vastes zones de brousse présentent des herbes totalement sèches. Une situation qui intrigue et inquiète les populations rurales. Pour y faire face, les paysans ont dû recourir à des feux précoces, une pratique traditionnelle consistant à brûler les herbes sèches afin de favoriser leur régénération en novembre et décembre, et ainsi assurer du fourrage pour le bétail durant la saison sèche. Les images de champs noircis et de fumées s’élevant du sol témoignent de la gravité du phénomène.

Pour Ibrahima Kéita, directeur préfectoral de l’Environnement de Mamou, ces anomalies traduisent un profond dérèglement climatique : « cette situation résulte des variations climatiques provoquées par les actions anthropiques, qui ont perturbé les équilibres naturels. Les conséquences de la dégradation dans certaines zones peuvent désormais affecter même celles qui sont relativement préservées. L’année dernière, en novembre, nous n’avions enregistré qu’une seule journée de pluie. »

Il alerte également sur l’impact combiné de la déforestation, des feux de brousse non maîtrisés, de l’exploitation abusive des sols et de la pression démographique sur les ressources naturelles.

Les habitants du Fouta Djallon subissent de plein fouet cette irrégularité climatique :

  • routes endommagées et difficilement praticables,
  • pertes agricoles, notamment pour les cultures sensibles à l’humidité.

Face à cet épisode exceptionnel, la nécessité de stratégies locales d’adaptation se fait plus pressante : reboisement, préservation des sols, lutte contre les feux incontrôlés, amélioration du drainage urbain, mais aussi accompagnement des agriculteurs dans des pratiques plus adaptées et résilientes.

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