Dixinn- Un homme jugé pour usurpation du titre d’avocat : “mon grand aussi se faisait passer pour le procureur Algassimou Diallo”

L’affaire remonte à 2024, lorsque Sékou Ahmed Camara se faisant passer pour un avocat a extorqué 135 millions de francs guinéens à Moussa Camara. Ce dernier aurait subi l’influence de son malfaiteur pour lui confier ses dossiers en souffrances devant la justice.

Pour réussir le coup, il aurait mis Adama Keïta qui se faisait appeler Algassimou Diallo et disait être également procureur du tribunal de première instance de Dixinn.
Devant ladite juridiction ce mercredi 19 novembre 2025, le prévenu a reconnu sans ambages les faits “d’usurpation de titre et fonction, escroquerie” mis à sa charge.

« Le frère Moussa, nous sommes tous originaires du même village à Kindia. Il est venu me voir pour m’aider à résoudre un problème concernant des parcelles de terre situées à Kindia. À ce moment-là, l’affaire n’était pas encore portée devant une juridiction. Il m’a ensuite confié ses dossiers et je lui ai promis de l’aider, car je lui avais dit que j’étais avocat. J’avais un grand nommé Adama Keïta, mais qui se faisait appeler Algassimou Diallo, que je ne connaissais pas bien, mais il m’avait dit qu’il était procureur au parquet de Dixinn. Je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’un ami. À mon tour, je lui ai dit que j’étais avocat. J’ai ajouté que je gérais les dossiers d’un frère et, lorsque celui-ci me remettait de l’argent, je lui donnerais immédiatement l’argent, car Adama Keïta se faisait passer pour un procureur. Quelque temps après, mon frère a commencé à soupçonner l’affaire d’être une escroquerie, mais entre-temps, je suis tombé malade. J’ai reçu de l’argent à plusieurs reprises, jusqu’à ce que le montant atteigne 135 millions de francs guinéens », a expliqué Sékou Ahmed Camara.

Avec la même posture d’homme en robe noire et pour mieux rassurer la victime, «j’ai montré à Moussa Camara une photo de moi, où je suis entouré d’avocats, mais je n’étais pas en robe. Mon frère Moussa me faisait confiance, tout ce que je lui disais, il me croyait », a soutenu le prévenu à la barre. S’agissant de son complice Adama Keïta, il a pris la fuite.

«Je n’ai jamais connu Adama Keïta, mais j’ai porté plainte contre Algassimou Diallo et Sékou Ahmed Camara », a-t-il affirmé avant de revenir sur la genèse de l’affaire. « Je suis financier de projets. Un jour, j’ai rencontré Sékou Ahmed Camara dans son village. Il m’a dit que c’était le préfet de Kindia qui l’avait envoyé pour faire un constat. Après échange, je lui ai demandé ce qu’il faisait. Il m’a répondu qu’il était avocat, ce qui m’a rassuré. Je lui ai alors dit que j’avais plusieurs dossiers et que j’avais deux avocats, mais que mes dossiers n’avançaient pas avec eux. Dans la soirée, nous nous sommes retrouvés, je lui ai présenté les dossiers. Il m’a dit que c’était le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, le procureur Alghassimou Diallo et le président de la Cour suprême qui géraient ces affaires, et il m’a réclamé de l’argent, que je lui ai donné. J’ai continué à lui envoyer de l’argent via Orange Money chaque fois qu’il me le demandait» a expliqué la victime. Comme si cela ne suffisait pas a-t-elle ajouté, «un jour, il m’a dit que mes dossiers avaient été signés par le ministre Charles Wright, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara et le procureur Alghassimou Diallo. Ensuite, il m’a dit que je devais payer 3 millions de GNF pour les déplacements de ces personnalités. J’ai également payé cette somme. Mais après avoir vérifié auprès des personnes qu’il m’avait citées, toutes ces personnalités m’ont dit qu’elles n’avaient jamais géré mes dossiers et qu’elles n’avaient jamais connu Sékou Ahmed Camara. À un moment donné, je suis allé au bureau du procureur Algassimou et, en sa présence, j’ai déclaré que je venais porter plainte contre le procureur Algassimou. C’est suite à cela qu’ils ont réussi à interpeller Sékou Ahmed Camara », a expliqué ce maître coranique.

Touché par l’attitude de Sékou Ahmed Camara qui usurpé le titre d’avocat pour causer du préjudice à un citoyen, le Barreau de Guinée a décidé de se constituer partie civile dans cette affaire renvoyée au 24 novembre 2025 pour la suite des débats et éventuellement les plaidoiries et réquisitions.

Saidou Lébêré

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