Vol à l’arraché à Conakry : « Ce n’est pas moi qui ai retiré le sac, mais je l’ai gardé » – Un jeune condamné à 10 mois de prison ferme

Ce mercredi 26 novembre 2025, le  tribunal correctionnel de Dixinn a condamné Ibrahima Diallo à 10 mois d’emprisonnement pour des faits de vol aggravé au préjudice de François Cessy Kamano, au paiement de 5 millions de francs guinéens représentant la valeur du téléphone volé. Il a aussi été condamné à verser 850 mille francs guinéens au plaignant pour le tout préjudice subi.

Lors des débats, le condamné a systématiquement nié les faits pour lesquels il a été condamné.

Ibrahima Diallo explique qu’il n’a jamais retiré le sac de François Cessy Kamano. Au contraire, déclare-t-il, c’est son binôme qui procédé à ce vol à l’arraché pour lequel il est devant ce tribunal. « J’étais sur la moto avec Yaya, en cours de route, il m’a demandé de retirer le sac, je lui ai répondu non. Après, lui,  il l’a retiré et me l’a remis », dira-t-il à la barre.

Entre vous deux qui conduisait la moto, interroge le juge? « C’est Yaya qui conduisait » répond-il. Comment peut-il arracher le sac à quelqu’un en conduisant,  interroge à nouveau le juge? « C’est lui quand-même qui a arraché le sac », insiste le prévenu qui reconnaît l’avoir gardé jusqu’à son interpellation. Malgré l’insistance du juge, du procureur et de l’avocat du plaignant, Ibrahima Diallo n’a pas reconnu avoir arraché de force le sac de François Cessy Kamano. Pourtant ce dernier a soutenu tout au long de la procédure que  c’est bel et bien Ibrahima Diallo qui lui a arraché brutalement le sac. Une position qu’il a egalement maintenue à la barre ce mercredi.

«Je revenais du boulot pour mon domicile à moto. Arrivé à Kobaya, ce jeune (Ibrahima Diallo) accompagné d’un de ses collègues (Mamadou Yaya) également sur la moto à vive allure, a brutalement arraché mon sac et le téléphone provoquant un déséquilibre de la moto sur laquelle nous étions. J’ai dit à mon motard ne t’arrête pas, suivons-les. Dieu aidant, ils sont tombés dans l’embouteillage. J’ai sauté sur la moto pour me jeter sur lui. Sur le coup, j’ai récupéré mon sac. Quand je lui ai demandé où est le téléphone? Il a dit que son ami est parti avec. Puisqu’il y avait d’autres motards qui nous aidaient, avec la clameur publique ils ont voulu finir avec lui. Je me suis interposé, appuyé par la gendarmerie on l’a extirpé de leurs mains pour le conduire à la brigade de recherche de Sonfonia. Sa famille a voulu négocier me proposant dans un premier temps la moto et 2 millions de francs guinéens. Après elle est montée à 5 millions. Je lui ai dit même si vous payez 100 millions, je ne vais pas accepter. Le téléphone qui m’a été retiré contient beaucoup de documents y compris les images que j’ai prises avec mon père avant qu’il ne décède. Malgré l’insistance des deux dames se présentant comme ses soeurs, je n’ai pas cédé. Je leur ai dit cette fois-ci, on ira jusqu’à la justice parce que ce n’est pas la première fois que je suis victime de vol à l’arraché et au même endroit », a-t-il déclaré. 

Après avoir entendu les deux parties, parole a été donnée à la partie civile pour ses plaidoiries. L’avocat François Kamano a attiré l’attention du tribunal présidé par Aboubacar Tiro Camara sur la recrudescence du phénomène de vol à l’arraché à Conakry et le risque auquel son client a été exposé. Il a aussi persisté et signé que le prévenu à la barre n’est pas à sa première. En guise de réparation, il a sollicité cinq (5) millions de francs guinéens.

S’agissant des frais divers, la partie civile a réclamé 850 mille. Et pour conclure, l’avocat a sollicité un franc symbolique pour le préjudice moral subi.

De son côté, le ministère public a rappelé que le prévenu Ibrahima Diallo a été condamné deux fois devant le même tribunal de Dixinn. Donc de le retenir dans les liens de la culpabilité pour vol aggravé. En tenant compte de son statut de récidiviste, le procureur Fanka Oularé a sollicité le tribunal de le condamner à 5 ans de prison ferme.

Avant le prononcé de la décision de sa condamnation, Ibrahima Diallo  a été rappelé à la barre pour son dernier mot. « Ce que je demande au tribunal, c’est de me pardonner. Et je demande de me donner un délai pour le paiement de son argent », a-t-il plaidé. Malheureusement, cela n’a pas empêché sa condamnation. Il faut rappeler que Ibrahima Diallo est en détention à  la Maison Centrale de Conakry depuis le 16 octobre 2025. 

D’ores et déjà, le procureur dit relever appel de la décision de condamnation à 10 mois estimant que la peine est dérisoire.

Saidou Lébêré

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