Des contradictions entre le discours et les actes du col Doumbouya

L’avènement du CNRD au pouvoir, à la suite du coup d’État du 5 septembre 2021 contre Alpha Condé, avait suscité assez d’espoir au sein de la population guinéenne. 2 ans après, la conduite de la transition par le colonel Mamadi Doumbouya suscite d’inquiétude. Les promesses faites par l’ancien légionnaire français au peuple de Guinée peinent à se réaliser tandis que les erreurs du passé refont surface.

Le colonel Mamadi Doumbouya avait évoqué “le dysfonctionnement des institutions, l’instrumentation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques” pour justifier la prise du pouvoir par le CNRD.

Dans une déclaration faite le même jour sur les ondes des médias d’Etat, le colonel a promis une transition « inclusive et apaisée », tout en affirmant que « le Guinéen ne doit plus mourir pour la politique ».

Dans sa logique de séduction vis-à-vis du peuple de Guinée, l’homme fort du pays est même allé se recueillir sur les tombes des victimes de manifestations sous le règne du RPG au cimetière des martyrs de Bambeto. Son geste avait été vivement salué par l’opinion publique.

Le masque finit par tomber au fil du temps…

Après avoir réussi à faire passer la Charte de la transition unilatéralement élaborée, et être rassuré d’avoir une bonne assise, le CNRD devenu “trop populaire” commence à dévoiler sa vraie face au peuple qui l’a acclamé. Il interdit toute manifestation sur la place publique jusqu’à la veille des élections qui marqueront la fin de la transition.

Les répressions des manifestations de rue organisées par les Forces vives de Guinée ont fait une trentaine de morts. La justice semble avoir d’autres préoccupations plus urgentes que celle d’identifier les auteurs des “tueries ciblées” sur l’Axe Leprince. A lors l’homme du 5 septembre avait promu : “La justice sera la boussole.”

Aujourd’hui, le CNRD donne raison à ses détracteurs qui l’accusent d’avoir interdit les manifestations pour camoufler ses velléités de confiscation du pouvoir.

Pour preuve, le samedi 23 septembre 2023, à l’occasion du retour du Chef de l’Etat, les cadres des départements ministériels, sous l’ordre de leur hiérarchie, sont massivement sortis de l’aéroport jusqu’au Palais Mohamed V pour accueillir le chef de la junte. Cette manifestation sur la voie publique n’a fait l’objet d’aucune répression contrairement à ce qu’on a l’habitude d’assister sur l’Axe Leprince.

Par ailleurs, du haut de la tribune des Nations-Unies, Colonel Doumbouya a déclaré que la CEDEAO ne doit pas « se mêler de la politique ». Pendant ce temps, il sollicite l’assistance technique et financière de l’institution sous-régionale afin de pouvoir dérouler les 10 étapes de la transition.

À cette allure, des Guinéens, notamment des leaders politiques et activistes de la société civile guinéenne craignent que celui qui était venu en “sauveur” ne soit devenu “un oppresseur”.

Après avoir violé plusieurs de ses engagements, beaucoup prédisent déjà la volonté du colonel de se maintenir au pouvoir, et ce, même s’il avait promis que ni lui, ni les membres du CNRD, encore moins les membres du gouvernement, ne sera candidat aux prochaines élections.

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