Conakry : à la découverte de Dr Balla Guilavogui, un chirurgien-dentiste qui fait du hip-hop

Entre son cabinet dentaire et le studio d’enregistrement musical, le Dr Balla Guilavogui, alias Balla le Voyageur, trace un parcours singulier. À la fois chirurgien-dentiste et rappeur engagé, il incarne une génération d’artistes qui refusent de choisir entre passion et profession. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, le médecin-artiste raconte le chemin parcouru et ses motivations.

Né en 1988 à Conakry, Balla Guilavogui se décrit comme un « voyageur entre deux mondes ». La Science et l’Art. « J’ai toujours eu le désir de soigner et d’aider les autres », confie-t-il. « La médecine s’est imposée naturellement en moi, parce que redonner le sourire, c’est aussi une façon d’apporter du bonheur », lance le médecin.

Diplômé de la Faculté de Médecine, Département Odonto-Stomatologie de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, il fait partie de la 18ᵉ promotion de chirurgiens-dentistes du pays. Mais bien avant la blouse blanche, il y avait déjà la musique. « J’ai commencé à faire du rap en 2003 à Télimélé. À l’époque, j’étais en dixième année et je suivais mes amis musiciens. Puis, j’ai pris goût à l’écriture, au message. »

Très vite, la musique devient pour lui un véritable outil de communication. « En Guinée, nous avons plusieurs langues. Je parle le Sosso, le Maninka, le Poular, le Kpélewo, le Löma, et le Kono. J’ai voulu utiliser cette richesse pour faire passer des messages positifs dans nos langues locales », explique le Dr Guilavogui.

Ses textes abordent des thèmes de société : le divorce, l’immigration clandestine, la paix, l’amour. En 2015, il sort son premier single, consacré au divorce. Une chanson qui, selon lui, a marqué un tournant. « Ce titre a changé ma manière d’écrire. J’ai compris que la musique pouvait toucher, guérir et même réconcilier. »

Conciliant rigueur scientifique et créativité artistique, le Dr Balla Guilavogui s’impose une discipline de fer. « Le jour, je suis à l’hôpital ; la nuit, au studio. Ce n’est pas facile, mais quand on aime ce qu’on fait, on trouve toujours le temps. »

Aujourd’hui encore, certains de ses patients découvrent avec étonnement que leur dentiste est aussi rappeur. « Parfois, après une consultation, ils me demandent une photo. Ça me fait sourire », raconte-t-il, avec amusement.

Pour lui, la dentisterie et la musique partagent un même langage : celui de l’humain. « Dans les deux, il faut savoir écouter, comprendre et soulager. Quand je soigne un sourire, c’est une forme d’art. Et quand je chante, c’est une forme de soin. »

Le praticien-artiste assume pleinement cette double identité. Il veille à ce que ses chansons reflètent la responsabilité liée à son métier. « Beaucoup de jeunes m’écoutent. Je ne peux pas dire n’importe quoi. Je dois inspirer et sensibiliser, pas seulement divertir. »

Aujourd’hui, Balla Guilavogui prépare la sortie de son nouvel album. En parallèle, il porte un projet qui lui tient à cœur : la création d’une ONG de sensibilisation pour la prévention des maladies bucco-dentaires. « Je veux aller dans les écoles, les villages, parler d’hygiène et de santé à travers la musique. »

Et quand on lui demande ce qui le motive, il répond sans hésiter : « je préfère donner le sourire. La vie est précieuse, et chaque sourire compte. »

Sa devise résume sa philosophie : « courage, patience, persévérance et tolérance. »

Puis, il conclut simplement : « L’humain. Toujours l’humain. »

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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