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La semaine dernière, le conseil national de la transition, comme une fin en soi, a accordé à la banque centrale, sur la demande de celle-ci, une dérogation.
Il s’agit d’un amendement de l’article 36 des statuts de cette institution. Il consiste à permettre à la plus grande institution bancaire du pays, de relever le niveau de son prêt en faveur du trésor.
Celui-ci passe à 5% de la moyenne des recettes des trois dernières années de cette entité précédant l’année en cours. Aussi, le délai de remboursement qui était de 92 jours de l’année en cours, est passé à 180 jours de la même année.
Pour faire simple, l’article 36 des statuts est désormais libellé comme suit :
« Le montant total des concours que la Banque Centrale peut accorder à l’État et, le cas échéant, aux organismes et entités publics, ne peut excéder 5% de la moyenne annuelle des recettes publiques ordinaires des trois derniers exercices financiers précédant l’année en cours et pour lesquels les comptes sont disponibles. Lesdits concours sont remboursables dans un délai qui ne peut dépasser 92 jours calendaires et sont assortis du taux d’intérêt du marché en vigueur en République de Guinée. Toutefois, aux termes de la présente Loi, une dérogation peut être accordée par la Banque Centrale à l’État, dans les circonstances extraordinaires telles que des crises économiques majeures ou des catastrophes naturelles, sur autorisation du Conseil d’Administration, sans excéder le taux de convergence de la CEDEAO et remboursable dans un délai ne dépassant pas 180 jours calendaires. Lesdits concours sont assortis d’un taux d’intérêt qui ne peut excéder le taux directeur de la BCRG. La Banque Centrale peut acquérir des titres d’État à condition que ces acquisitions aient lieu sur le marché secondaire ».
Cet amendement n’est pas sans risques pour le pays.
Primo : il y aura un risque évident, d’ailleurs incontestable, de surendettement du trésor vis-à-vis de la banque centrale.
Selon des spécialistes interrogés par notre rédaction, la tension de plus grande sur les recettes, due à la situation de détérioration de l’environnement économique, ne peut être favorable pour au trésor pour le remboursement de cette dette.
Secundo : au cas où le trésor ne rembourse pas, il y aura un gros risque inflationniste dans le pays avec la surliquidité disponible.
Tertio : l’acte est révélateur d’un déficit de souscription pour les titres émis par le trésor.
Deux choses pour expliquer cela/ : soit il peut être dû au manque de confiance des souscripteurs en l’État, ou à une crainte évidente de la part des souscripteurs, qui sont essentiellement les banques primaires, de par le tarissement de leur ressources, malgré que le taux défie toute concurrence.
Dans tous les cas, convenons-en, que la dérogation peut susciter des craintes pour l’économie et la banque centrale, pour sa part, s’y prend très mal.
Mognouma Cissé