Suspension de l’exploitation artisanale de l’or : les femmes durement impactées à Kintinian

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Le gouvernement guinéen a suspendu l’exploitation artisanale de l’or et du diamant sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision des autorités de la transition à travers 3 départements ministériels, est entrée en vigueur le lundi 1er juillet 2024. La mesure passe mal chez les femmes rencontrées par envoyé spécial de Guineematin.com à Kintinian, une sous-préfecture relevant de la préfecture de Siguiri.

Mine d’or de Kintinian appelée Gbèkönö

Pour justifier cette mesure, les signataires invoquent la campagne agricole en cours, de la restauration écologique et les risques d’éboulement pendant la saison hivernale.

La suspension de l’exploitation artisanale de l’or a suscité assez d’interrogations chez les femmes rencontrées dans une mine d’or située dans la sous-préfecture de Kintinian. Elles ont déploré cette mesure avant de faire des recommandations au gouvernement de la transition.

« Le Président doit avoir pitié de nous parce que beaucoup de femmes ont quitté loin pour venir ici. Nous avons pris des dettes un peu partout. Nous sommes très préoccupées après l’entrée en vigueur de cette décision. Nous avons beaucoup d’enfants, mais nous n’avons pas de nourriture, nos concessionnaires aussi attendent leur argent à la fin du mois. Les autorités n’ont qu’à nous aider pour que nous ayons la nourriture et les moyens de retourner chez nous. Nous sommes vraiment dans une grande inquiétude, le président (de la transition) n’a qu’à penser à nous », dit Ramata Cissé.

Venue de la préfecture de Dabola (dans la région de Faranah), Sadan Sanoh pleure déjà les conséquences de cette mesure du gouvernement.

Sadan Sanoh, citoyenne rencontrée dans une mine de Kintinian

« Nous avons quitté Oulada (dans la préfecture de Dabola) pour venir à la recherche de l’or. Nous dire aujourd’hui d’arrêter les activités liées à l’orpaillage, ça va beaucoup jouer sur nous. On est venu chercher le prix de l’herbicide pour aller au champ, mais on n’a pas encore gagné et la mesure là aussi est entrée en vigueur. Je n’ai pas de transport pour aller chez nous parce que j’ai beaucoup d’enfants. Pour se rendre, il nous faut payer au minimum 500 000 francs guinéens sans compter ce qu’on doit manger en cours de route. C’est dans les mines que nous gagnons les nécessaires pour le champ. Nous plaidons le gouvernement de nous laisser travailler. Ce que nous gagnons pendant la journée c’est ce qu’on mange le soir », a-t-il indiqué.

Avec un regard fuyant, M’Bamagan Keïta se demande “comment vivre” sans l’orpaillage.

M’Bamagan Keïta, citoyenne résidente à Kintinian

« Cette décision nous a plongés dans une déception qui ne dit pas son nom. Nous ne connaissons que l’exploitation artisanale de l’or. Nous avons vu nos parents dans ça et nous n’avons grandi que dans ça. C’est dans les mines d’or que nous cherchons les frais de scolarité de nos enfants. Ici, ce sont les femmes qui paient la scolarité et les habits des enfants. Si le gouvernement suspend l’exploitation artisanale de l’or, nous ne savons pas comment vivre. Ça nous fatigue énormément. Nous prions le gouvernement de revoir la décision sinon les femmes souffrent énormément. Nous avons beaucoup souffert », a-t-elle déclaré.

Abondant dans le même sens, Aïcha Condé supplie le gouvernement de mettre fin à cette suspension.

Aïcha Condé, travailleuse dans les mines

« Cette mesure nous fait beaucoup souffrir. La fête de Tabaski vient de se passer, si on dit aux hommes encore d’arrêter de travailler, ça nous fatigue vraiment. J’ai préparé un peu de riz pour le petit déjeuner des enfants avant de venir en brousse ici. Je n’ai rien mangé depuis le matin. Nous demandons au président de laisser nos maris travailler, parce que les enfants sont nombreux. Moi-même j’ai des jumeaux qui sont à la maison », a-t-elle expliqué.

Mahawa Sanoh, ressortissante de Banankoro, plaide pour la cause des orpailleurs.

Mahawa Sanoh, ressortissante de Banankoro

« Nous ne pouvons pas travailler dans les mines sans les hommes. Si le gouvernement nous dit de travailler sans les hommes, ça va beaucoup nous fatiguer. La souffrance que nous endurons aujourd’hui, seul Dieu sait. Nos enfants étudient, il y a des femmes qui sont en grossesse, les femmes et les hommes sont tous pauvres. Nous demandons aux autorités de laisser les hommes travailler. Je suis de Banankoro, mais le transport est chère », a-t-elle fait savoir.

De Kintinian (Siguiri), Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com

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