Wonkifong : après la démolition de 200 maisons, les victimes accusent Ousmane Kaba, qui se défend

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À Wonkifong, dans le secteur Lefourédakha, plusieurs familles se retrouvent sans abri après la destruction de leurs maisons en décembre 2024. Elles accusent Dr Ousmane Kaba, président du PADES, d’être à l’origine de ces démolitions. Ce dernier dément et affirme être le propriétaire légitime du terrain en question.

Le litige remonte à plusieurs années. Selon Dr Ousmane Kaba, ce terrain de sept hectares lui a été attribué par l’État il y a plus de 30 ans pour des activités agricoles. Il affirme que des particuliers s’y sont installés illégalement et ont commencé à y construire des habitations.

Une maison détruite en image

Le différend a été porté devant le tribunal de Coyah, qui a rendu une première décision en 2015 en faveur de Dr Ousmane Kaba. Les occupants ont ensuite fait appel jusqu’à la Cour suprême, qui a confirmé leur condamnation et ordonné leur expulsion. Malgré cette décision judiciaire, certaines familles sont restées sur place, ce qui a conduit à l’opération de démolition en décembre 2024.

Des familles dénoncent une expulsion brutale

Pourtant, les habitants délogés contestent la légitimité de l’opération et affirment être en possession de titres de propriété valables. Parmi eux, Bountouraby Camara, mère de famille, explique que son mari avait acheté le domaine avant leur mariage. A deux, ils ont construit trois maisons où ils ont vécu avec leurs enfants durant plusieurs années sans problème. Un jour, vers 5 heures du matin, se souvient-elle, “les gendarmes ont débarqué avec des pickups et des bulldozers pour démolir nos maisons alors que nous dormions. Dans ces circonstances, nous avons perdu plusieurs de nos biens et j’ai failli perdre mon petit-fils. Aujourd’hui, nous n’avons plus où aller. Nous avons tous les documents légaux”, a-t-elle expliqué.

Bountouraby n’est pas la seule dans cette situation. C’est le cas de Djenabou Diaby, mère de famille aussi, qui, depuis la démolition de sa maison passe la nuit dans un hangar avec ses enfants. Pourtant, elle affirme que son époux a acquis le domaine avec les Bangoura de Wonkifong, précisément auprès de la famille des Dantoumaya.

“Nous avons réglé tous les documents légaux, y compris la donation. Quelque temps après, nous avons construit la maison. Pendant toutes ces années, nous n’avons jamais été dérangés. Un jour, nous avons eu une visite surprise des gendarmes qui sont venus nous déguerpir à 5 heures du matin. Lorsqu’on leur a demandé, ils ont répondu que c’était Dr Ousmane Kaba, président du PADES, qui les avait envoyés. Ce jour-là, nous avons dénombré près de 200 maisons construites sur un domaine de 5 à 7 hectares. Nous avons saisi la justice, trouvé un avocat, et nous suivons ses conseils, car il détient tous nos documents. Mais en attendant que la justice se prononce, avec l’approche des grandes pluies, nous ne savons que faire, car nous n’avons nulle part où dormir”, déplore cette mère de famille.

Le jour de l’opération de démolition, Daouda Bangoura explique que les gendarmes qui sont venus exécuter l’ordre l’ont ligoté et ne lui ont pas permis de vider sa maison. “Un matin, les gendarmes ont été envoyés par Dr Ousmane Kaba pour démolir nos maisons. À cette occasion, j’ai été ligoté par les gendarmes, car j’avais voulu sortir quelques objets avant qu’ils ne commencent l’opération. Mais je vous jure, nous n’avons même pas pu sortir un seul objet. Depuis ce jour, mes enfants ont arrêté l’école, car leurs fournitures scolaires sont restées à l’intérieur de la maison, et je n’ai pas les moyens de leur en acheter des nouvelles. Nous sommes allés voir le sous-préfet, qui nous a dit d’attendre, qu’il allait alerter le préfet. Quelques temps après, nous sommes allés voir le préfet de Coyah, et depuis, il n’y a eu aucune suite favorable”, confie-t-il.

Ousmane Kaba réfute les accusations

Pour recouper les informations, nous avons cherché la version des faits du mis en cause. Joint au téléphone, Dr Ousmane Kaba a démenti les accusations à son encontre. Il les accuse d’avoir occupé illégalement son terrain.

“Cela a été jugé par le tribunal de Coyah qui les a condamnés une première fois en 2015. Ils sont allés jusqu’à la Cour suprême, qui les a également condamnés. Nous avons tout nettoyé. Ce sont des menteurs. Ils comptent sur le fait qu’on dit que je suis un homme politique, et donc d’entacher mon nom. C’est tout ce qui les intéresse dans cette histoire. Moi, je n’étais même pas là-bas, c’est la justice qui a démoli après bien sûr les avoir sommés de libérer les lieux. C’est l’État qui m’a donné ce terrain, c’est une plantation qui appartenait aux colons. Ça fait plus de 30 ans. J’y ai planté mes palmiers et tout, mais ils ont tout brûlé. Ils sont revenus, et le tribunal de Coyah les a condamnés de nouveau. C’est l’État qui a donné ce terrain aux cadres pour qu’ils fassent de l’agriculture. Je n’étais pas le seul. Il y en avait qui avaient 15, 20 hectares. Moi, j’avais seulement 7 hectares. Mais comme la ville s’est développée là-bas, les gens se sont permis de tout vendre, et ils se croient propriétaires”, a-t-il expliqué.

Pour répondre aux accusations d’abus de pouvoir, la justice de Coyah a procédé à un transfert judiciaire sur le terrain le mardi 2 avril 2025. Des techniciens topographes ont pris des mesures afin de clarifier si la démolition a concerné uniquement le terrain attribué à Dr Ousmane Kaba ou si des maisons hors du périmètre légal ont été détruites.

En attendant la conclusion de cette expertise, les familles expulsées restent dans une situation précaire, à l’approche de la saison des pluies.

https://youtu.be/vMY1eqNeLOA?feature=shared

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