Procès du 28 sept. : un an après le verdict, la justice piétine, les victimes s’indignent, les ONG interpellent

il y a 12 heures 70
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Un an jour pour jour après la condamnation historique de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara et plusieurs hauts responsables pour les crimes commis le 28 septembre 2009, le processus judiciaire semble à l’arrêt complet. Aucune audience en appel n’a été tenue, et aucune communication officielle n’a été émise sur l’évolution des recours déposés.

Au contraire, le 28 mars dernier, le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a surpris en annonçant une grâce présidentielle en faveur de Moussa Dadis Camara, invoquant des raisons de santé. Une décision qui a provoqué l’indignation des associations de défense des droits humains et des victimes.

Dans un communiqué publié le mercredi 31 juillet, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) et l’Association des victimes parents et amis du 28 septembre 2009 (Avipa) haussent le ton face à ce qu’elles qualifient de « blocage délibéré de la justice ».

« La grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara, malgré sa condamnation pour crimes contre l’humanité, soulève des questions quant au respect par la Guinée de ses engagements régionaux et internationaux », a dénoncé Me Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH.

Les organisations dénoncent également le silence pesant des autorités judiciaires sur les recours en appel et les procédures connexes, alimentant le désespoir des victimes.

 « L’absence de communication et d’initiatives concrètes entretient une incertitude grave qui porte atteinte au droit des victimes à un procès juste dans un délai raisonnable », a déclaré Me DS Bah, président de l’OGDH et coordinateur du collectif des avocats des victimes.

Des indemnisations jugées inéquitables

Autre sujet de crispation : l’indemnisation des victimes. Si le décret du 26 mars 2025, prévoyant une indemnisation pour 334 victimes reconnues dans le jugement, a été salué, plus de 400 autres victimes pourtant constituées parties civiles ont été exclues du processus sans explication.

« Les critères de sélection ne sont ni transparents ni connus. Cela provoque un profond sentiment d’injustice chez ceux qui ont été écartés », a regretté Asmaou Diallo, présidente de l’Avipa.

« Ces tensions fragilisent la cohésion entre les victimes et exposent leurs représentants, dont moi-même, à des risques sécuritaires », a-t-elle indiqué à la FIDH.

Pour les organisations de défense des droits humains, ces développements compromettent la lutte contre l’impunité dans un pays longtemps marqué par l’absence de justice pour les crimes graves.

 « L’inaction judiciaire, combinée à des décisions politiques unilatérales, menace de faire voler en éclats les avancées obtenues après des années de lutte », déplore le communiqué conjoint.

Face à cette situation, la FIDH, l’OGDH et l’Avipa appellent les autorités guinéennes à relancer sans délai le processus judiciaire, à garantir une justice équitable pour toutes les victimes, et à restaurer la crédibilité de l’État de droit.

Elles sollicitent par ailleurs un appui renforcé de la communauté internationale, notamment de la Cour pénale internationale, des Nations unies, de l’Union africaine et de l’Union européenne, pour faire pression sur les autorités guinéennes et soutenir la justice transitionnelle dans le pays.

Seize ans après le massacre, et un an après le jugement tant attendu, les victimes continuent de se battre pour que justice ne soit pas une promesse sans lendemain.

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