L’école au garde-à-vous : réforme ou propagande à la sauce CNRD

il y a 19 heures 50
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Alors que la junte prépare le terrain pour un référendum constitutionnel prévu en septembre 2025, les enseignants se mobilisent à Conakry et à l’intérieur pour saluer les réformes du CNRD. Si le gouvernement y voit une marque de reconnaissance, d’autres dénoncent une instrumentalisation de l’école à des fins politiques. Derrière les discours flatteurs, la propagande n’est jamais loin.

À cinq mois du référendum constitutionnel de septembre 2025, la junte guinéenne semble avoir trouvé un nouvel allié de taille dans sa campagne de légitimation : l’école.

Le 21 avril, une vaste mobilisation d’enseignants orchestrée par le Mouvement national des enseignants de Guinée (MNEG) s’est tenue simultanément à Conakry et à l’intérieur de Conakry. Marche dans Kaloum, grand-messe au Palais du peuple, discours dithyrambiques : tout y était pour saluer les “réformes historiques” du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).

Mais derrière ce décor bien huilé, une question dérange : cette démonstration est-elle le fruit d’une réelle satisfaction professionnelle, ou le symptôme d’une politisation rampante de l’école guinéenne ?

Des acquis… et des caméras

Les organisateurs brandissent fièrement les avancées sociales : un protocole signé en novembre 2023, 80 % d’engagements exécutés, 35 % d’augmentation salariale, 50 % de hausse sur les primes, 10 000 enseignants contractuels recrutés…

Le bilan est alléchant. Mais qui récolte les lauriers ? Le CNRD, évidemment. Et l’événement, largement médiatisé, arrive à point nommé, dans un contexte où le régime cherche à renforcer sa popularité en vue du scrutin constitutionnel.

Le Premier ministre Bah Oury ne s’en cache même pas : pour lui, ne pas exprimer de gratitude envers les autorités serait “un manque de reconnaissance”. Autrement dit, applaudir est un devoir.
Silence dans les rangs… sauf à Kankan

Officiellement, l’école va mieux. Pourtant, la réalité du terrain rappelle que tout n’est pas rose. Le 3 avril dernier, à Kankan, des enseignants contractuels non retenus lors du concours d’intégration à la fonction publique ont manifesté. Ils dénoncent une sélection opaque, des promesses non tenues, une précarité qui persiste.

Mais ces voix discordantes sont étouffées dans l’élan collectif de gratitude. Car ce 21 avril, il ne fallait surtout pas faire de vagues.

Instrumentalisation en marche

L’école a toujours été un terrain sensible en Guinée. Ce n’est pas la première fois qu’elle est enrôlée pour servir le discours du pouvoir en place. Mais à quelques mois d’un référendum décisif — dans un pays où la parole critique s’amenuise et où le culte du chef prend de l’ampleur — voir des enseignants marcher au pas pour vanter les mérites d’un régime militaire interroge. Et inquiète.

S’agit-il d’un hommage sincère ou d’un alignement stratégique ? Une reconnaissance légitime ou une mise en scène politique ?

Une chose est sûre : quand l’école se transforme en caisse de résonance du pouvoir, ce n’est plus seulement l’éducation qu’on encadre — c’est la pensée elle-même.

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