Guinée : la lutte contre la corruption étouffée par des pratiques enracinées

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Dès l’arrivée du CNRD au pouvoir le 5 septembre 2021, le président de la transition a déclaré la guerre contre les bandits à col blanc. Cette volonté s’est vite matérialisée par la création de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) et l’inculpation de quelques responsables du régime d’Alpha Condé. Cependant, malgré certaines actions, jugées insuffisantes, le combat contre la corruption est loin d’aboutir.

Plusieurs hauts responsables du régime du CNRD sont encore poursuivis devant les juridictions pour des cas de corruption et de détournement. Parmi eux, Moussa Camara et Macky Diallo, respectivement directeur général et directeur général adjoint de la Douane, visés par une procédure judiciaire devant la CRIEF dans une affaire de 700 milliards GNF.

Après une longue période d’auditions, le vendredi 6 décembre, à la direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie et à la CRIEF, les deux ont été mis sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Conakry pour la suite des enquêtes.

Ce dossier révèle la persistance du phénomène de corruption au sein de l’administration actuelle, malgré les efforts des autorités et les dénonciations des organisations luttant contre la mauvaise gouvernance.

Certains acteurs de la société civile, comme Alseny Frinta Camara, coordinateur du Réseau national des acteurs du développement durable (RENADE), n’ont cessé de soutenir que la lutte contre la corruption et la moralisation de l’administration, que la junte brandit comme un trophée de guerre, n’a jamais été une priorité.

D’autant plus que des cadres impliqués dans des scandales de corruption, tels que l’actuel président du conseil d’administration de la SEG, Yaya Sow, ont été jugés et blanchis avant d’être reconduits à de hautes fonctions au sein de l’administration, tandis que d’anciens dignitaires du régime déchu sont détenus sans jugement depuis plus de deux ans.

Y a-t-il une réelle volonté de lutter contre la corruption ? Que faut-il faire pour lutter efficacement contre ce phénomène ? Ces questions restent posées.

Récemment, lors d’un entretien à Guinée360, Alseny Frinta Camara a fustigé le laxisme de la justice concernant 498 marchés passés par appel d’offres, 290 marchés de gré à gré, et 2 475 contrats par demandes de cotation, sur lesquels l’ex-ministre de la justice, Alphonse Charles Wright, avait ordonné, en février 2024, au parquet général de la Cour d’appel de Conakry et au parquet spécial de la CRIEF d’ouvrir des enquêtes sur leur attribution effectuée en 2022.

La corruption est devenue une pratique courante sous le CNRD, au point que plusieurs hauts cadres ont été cités dans des scandales impliquant des malversations financières, des violations du code des marchés publics, des contournements des règles de la libre concurrence, de la corruption aggravée, du détournement des fonds publics et de l’enrichissement illicite.

Le 5 août dernier, le parquet spécial de la CRIEF a classé sans suite les accusations portées par un activiste de la société contre plusieurs personnalités, dont Alphonse Charles Wright, ancien garde des Sceaux et ministre de la Justice, Ousmane Gaoual Diallo, ancien ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie Numérique, et actuel ministre des Transports, Dr. Bernard Goumou, ancien Premier ministre, ainsi que Moussa Cissé, ancien ministre de l’Économie et des Finances.

Pour Dr. Bernard Goumou, les accusations concernaient la rénovation de la résidence des Premiers ministres, un projet évalué à plus de 6 milliards de francs guinéens. Moussa Cissé faisait face à des allégations d’extorsion, Ousmane Gaoual Diallo était accusé d’avoir attribué un marché de rénovation de son département à hauteur de 65 milliards de francs guinéens sans respecter le code des marchés publics, et Alphonse Charles Wright était soupçonné de violations similaires dans l’attribution du marché de l’extension et de la rénovation de la Maison centrale de Conakry.

Ces cas, et bien d’autres, amènent des observateurs à juger les actions entreprises par les autorités comme étant populistes, orientées vers une catégorie d’acteurs au détriment des cadres qui s’enrichissent sous le couvert de l’État.

Au regard de la situation, des observateurs suggèrent une redéfinition des stratégies et davantage de rigueur dans la lutte.

Pour combattre efficacement la corruption, il est indispensable d’avoir une réelle volonté, de suivre les discours par des actions concrètes et surtout d’exiger la transparence dans le traitement des dossiers.

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