Crise récurrente de carburant à Conakry :  à qui la faute ?

il y a 2 heures 11
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Comme annoncé dans l’une de nos précédentes dépêches, la capitale guinéenne connaît depuis la soirée du lundi 24 novembre 2025, une nouvelle pénurie d’essence. Ce mardi matin encore, la situation restait inchangée dans plusieurs quartiers de Conakry. De Sonfonia à Hamdallaye, en passant par la corniche sud de Lambanyi, sur l’autoroute Fidèle Castro, de nombreuses stations-service sont restées fermées, alimentant les inquiétudes des usagers face à une possible rupture prolongée de carburant.
Sur la corniche sud, les rares stations encore opérationnelles ont été assiégées dès les premières heures. D’interminables files de taxis-motos et de véhicules particuliers s’étiraient le long de la route, chacun espérant obtenir quelques litres indispensables à la poursuite de ses activités quotidiennes.
Les usagers à bout de patience
Sidibé Youssouf, rencontré dans l’attente à Belle-vue, raconte son désarroi : « La pénurie de carburant nous fatigue énormément. Quand il n’y en a pas, les activités ralentissent, surtout pour nous les jeunes débrouillards. Ce matin, je dois aller à la Minière pour une affaire, mais je suis pénalisé : je dois patienter de longues minutes avant d’être servi. Tout cela a un impact énorme sur mes activités. Si l’État pouvait faire un effort pour régler ce problème qui revient presque chaque mois, ce serait un soulagement pour nous », a-t-il déploré.
Même frustration chez Tidiane Diallo, conducteur de taxi-moto : « Depuis hier nuit, je cherche de l’essence. Ce matin, j’ai fait plusieurs stations et plusieurs quartiers sans succès. Ici, à la station de Dixinn, ça fait plus de 30 minutes que j’attends. Ce temps-là, j’aurais pu faire 3 ou 4 courses. Sans carburant, nos revenus baissent et les frais de transport augmentent. Si les autorités pouvaient débloquer le carburant à temps, cela nous aiderait énormément », a-t-il lancé.
Les stations-service pointent un retard de livraison
À la station de Belle-Vue, Alseny Camara, pompiste, affirme ne pas comprendre les raisons du manque d’approvisionnement : « Cette situation nous inquiète. Les stations passent leurs commandes dans les délais, mais les livraisons n’arrivent pas à temps. Nous n’avons aucune explication. Nous, pompistes, nous servons dès que nous recevons le carburant. Mais quand il n’y a rien, nous ne pouvons rien faire », a-t-il dit.
Une gérante de station à Dixinn Oasis, interrogée sous anonymat, partage le même constat : « Nous déposons nos commandes à l’agence principale de Coleah. Eux-mêmes lancent ensuite la commande. Mais les livraisons prennent souvent du retard, et cela ne dépend pas de nous. »
Les chauffeurs de citernes écartent toute responsabilité
Pour Sékou Traoré, du Syndicat des chauffeurs de citernes, cette crise n’a aucun lien avec la grève menée le mois dernier par leur corporation : « Cette situation ne nous concerne pas. Elle n’a rien à voir avec nos revendications. Il se peut simplement que le bateau retarde. Depuis l’incendie du dépôt principal de Coronthie, il n’y a pas de véritable alternative. Peut-être que ce manque d’infrastructures continue de créer les problèmes. Nos revendications portaient uniquement sur l’augmentation des salaires, et cela a été réglé », nous a-t-il confié.
Le gouvernement accuse un manque d’anticipation
Du côté des autorités, le discours est tout différent. Contacté par notre rédaction, un responsable de la Société nationale des pétroles (SONAP) dément toute rupture de stock.
« Il n’y a pas de pénurie au niveau national. Le problème vient essentiellement d’un manque de planification dans certaines stations. Beaucoup attendent que leur stock soit totalement épuisé pour passer commande. Or, l’approvisionnement suit une procédure stricte et ne peut se faire du jour au lendemain », explique-t-il.
Selon lui, les stations touchées « ont, pour la plupart, passé leurs commandes seulement hier », ce qui rend inévitable un retard. « Nous recommandons depuis longtemps aux gérants d’anticiper, mais certains ne suivent pas ces directives », ajoute-t-il.
Un pays marqué par les séquelles de Coronthie
Depuis l’explosion du principal dépôt pétrolier de Coronthie le 18 décembre 2023, la Guinée peine à retrouver une stabilité dans la distribution des produits pétroliers. Les perturbations sont devenues fréquentes et provoquent presque chaque mois une paralysie partielle de l’économie nationale.
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