Conakry : victime d’incendie, les menuisiers de Dabondy reprennent leurs activités avec peines

il y a 2 heures 21
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De nombreux compatriotes exercent le métier de menuiserie pour vivre décemment. Au quartier Dabondy 1, dans la commune de G’bessia, cette activité est pratiquée en masse et permet à beaucoup de pères de familles de tirer leur épingle du jeu dans une conjoncture où les priorités des gouvernants sont ailleurs. Victimes d’un violent incendie le 12 février 2025, ils ont repris leurs activités non sans peine. Dans un entretien accordé à des reporters de Guineematin.com, ces amoureux du bois ont exprimé leurs difficultés et interpellé les autorités sur leur situation peu enviable.

‎A Dabondy 1, se côtoient des menuisiers de tous âges. La fabrication de lits, d’armoires et de tiroirs constitue la principale activité des hommes qui composent ces ateliers de menuiserie.

Elhadj Mamadouba Yansané, qui a commencé ce métier en 1962, est aujourd’hui âgé de 82 ans. Bonnet sur la tête, lunettes aux yeux, il relate les difficultés liées à ce métier auquel il a consacré toute sa vie.

Elhadj Mamadouba Yansané, menuisier

« J’ai commencé ce boulot depuis 1962 et jusqu’à présent, je le pratique. Depuis 1962 jusqu’à aujourd’hui, je dirais Dieu merci. J’ai fait 9 ans d’apprentissage mais j’ai connu beaucoup de difficultés. Pendant que j’apprenais, j’ai perdu un de mes doigts… Ici, on a beaucoup de difficultés. Actuellement, nous essayons de nous entraider pour trouver des moyens afin que les uns et les autres puissent reprendre le boulot. Cet atelier a brûlé au mois de février dernier et cela a causé d’énormes souffrances. Les autorités nous ont permis de revenir sur les lieux avec l’accord du gouverneur de Conakry. Cependant, tous les matériaux que nous avions ont été consumés. Moi, par exemple, j’avais un atelier qui contenait 12 armoires composées de 4 compartiments et d’autres de 3 compartiments. Je ne connais même plus le nombre. Les lits, pareil. Ma table et tout ce que j’utilisais est parti en fumée. Là où nous sommes actuellement, nous avons pris des crédits pour pouvoir reprendre nos activités. Ce que je demande aux autorités, c’est de nous aider puisque nous sommes démunis. Nous n’avons pas de retraite : celui qui est fatigué sort du métier. Moi je suis né en 1942, mais jusqu’à présent, je me débrouille pour avoir la dépense. C’est une situation difficile. Que le gouvernement pense à nous », a-t-il expliqué.

Facinet Camara, menuisier

‎‎Facinet Camara, un autre menuisier, explique d’autres difficultés liées au métier. « Le travail est difficile, c’est un travail de main. Apprendre, c’est difficile, ce boulot est difficile, le pratiquer est difficile. Nous sommes dans une période où la coupe du bois est interdite. Cette période est destinée au reboisement, donc il n’y a pas de bois », déplore-t-il.

‎Poursuivant, cet amoureux du bois explique qu’ils enseignent ce métier à plusieurs jeunes dont certains sont parfois dans les vices. ‎« Si vous regardez ici, il y a beaucoup de jeunes. Certains, leurs parents les ont inscrits à l’école, mais ils n’ont pas réussi à étudier. Alors, ils les prennent et les envoient ici. Toi, le maître, c’est toi qui dois fournir des efforts pour maîtriser l’enfant et lui permettre de connaître le métier. Certains viennent avec tous les vices, ils sont nombreux ces apprenants ici. Mais nous, nous n’avons aucun soutien qui vient d’ailleurs. En plus, ce boulot, si tu n’as pas de fonds, tu ne peux pas travailler. Fabriquer un lit ou plus, il faut avoir de l’argent », a indiqué ce menuisier.

Yamoussa Camara, menuisier

‎‎Yamoussa Camara, assis à côté de son atelier, a aussi dénoncé la cherté du prix du bois. « Le bois aujourd’hui, si tu demandes le prix d’une planche, on peut te dire 100 000 ; 90 000 ; 80 000 ; ou 75 000 GNF. Quand vous allez couper avec la machine, ce sont des problèmes. Pour revendre, d’autres problèmes. Quel que soit le chemin que nous employons, c’est difficile pour nous. Avant de finir la fabrication d’un lit, par exemple, les dépenses peuvent aller jusqu’à 2 millions. On a beaucoup de difficultés, le matériel est très cher. Les enfants que nous avons ici, c’est compliqué puisqu’il faut les nourrir. Tu ne peux pas faire travailler quelqu’un du matin jusqu’au soir sans lui donner de quoi mettre sous la dent. Nous souffrons beaucoup puisque, quand vous calculez ces dépenses, c’est difficile. Si tu finis la fabrication du lit et que tu décides de le vendre à 4 millions, c’est compliqué. Le client qui vient, quand tu lui dis même 3 millions GNF, il ne peut pas acheter. Parfois, tu es obligé de le vendre moins cher que ça. Parce que les gens sont démunis. Nous travaillons dans la boue : si la pluie vient, l’espace se remplit d’eau. Mais, on est obligé, puisque c’est ici que nous travaillons pour notre subsistance. »

‎Ces menuisiers demandent tous à l’État de leur venir en aide. Ils demandent aussi la construction d’un grand hangar où ils pourraient exposer les meubles fabriqués afin d’attirer plus de clientèle et surtout de les protéger de la boue et de la moisissure.

Yayé Oumou Barry et Thierno Hamidou pour Guineematin.com

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