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Les réalités socio-économiques du pays se manifestent avec acuité, transformant la rentrée scolaire en un véritable casse-tête. Les dépenses liées aux frais de scolarité, à l’achat des fournitures scolaires, des uniformes, et des manuels spécifiques constituent un fardeau pour les ménages, surtout ceux à revenus modestes. La rentrée scolaire est prévue dans quelques jours en Guinée. Les parents d’élèves s’affairent dans les papeteries et les boutiques pour acheter les fournitures scolaires. Mais cette année, les prix de plusieurs articles ont flambé. Les temps sont durs, avec des difficultés de tous ordres auxquelles sont confrontés les ménages guinéens. Difficultés liées aux problèmes de santé, de transport et même de survie quotidienne. Dans ce combat de tous les jours pour avoir une vie décente, survient la rentrée scolaire après trois mois de vacances. Et croulant sous les dépenses liées à la rentrée scolaire, les parents tentent par tous les moyens de limiter l’hémorragie.
Dernière ligne droite dans cet atelier de couture : ici une dizaine de tailleurs sont mobilisés pour confectionner des uniformes kaki pour les garçons, et des robes à petits carreaux bleus pour les filles. Mais le problème cette année, c’est que les parents achètent moins. Car le prix des uniformes a augmenté. Soryba C. est le responsable de l’atelier.
« Il n’y a pas trop de clients. Les prix ont été relevés, mais nous avons gardé intacts nos prix pour aider un peu les parents. »
Les rares clients devant les étals négocient patiemment. A l’image de Fanta, venue acheter un cartable pour sa fille. « Il faut dire que c’est un peu cher quand même. J’ai négocié de 150.000 à 200.000 francs guinéens. J’ai voulu prendre le sac à 155.000. Le vendeur a dit que ce n’était pas possible. J’ai été obligée d’accepter son prix. On est obligé de se sacrifier, afin de pouvoir acheter tout ce qu’il faut pour les enfants. »
Entre manuels scolaires, uniformes et scolarités, ils ne savent plus vraiment où donner de la tête. Les livres déjà utilisés constituent donc, pour certains parents, la bouée de sauvetage. ‘’Utiliser des livres qui ont déjà servi, est entré dans les habitudes’’, déclare ce parent d’élève qui révèle que même les plus riches achètent des manuels usagés, à la seule condition, bien évidemment, qu’ils soient en bon état.
‘’J’ai dépensé près d’un million de francs guinéens pour les manuels scolaires de mes deux enfants qui sont dans le secondaire’’ révèle Mme Kanté, une mère de famille. ‘’Je n’ai pas pu acheter de livres usagés, car leur école exige de nouvelles éditions cette année. Je n’ai pas non plus réussi à vendre les vieux manuels de mes enfants’’, déplore-t-elle.
Père de quatre enfants, M. Kpogomou, lui, n’a pas hésité à acheter de vieux livres proposés par des amis de ses enfants ou certains parents d’élèves dont les »rejetons » passent en classe supérieure. Côté scolarité, les choses sont encore moins évidentes. Car malgré les frais officiels imposés par le ministère de l’Education Nationale, la direction de l’établissement où sont scolarisés ses enfants, sort des frais ‘’imprévus’’. ‘’Et ce sont des frais à payer lors de l’inscription. Ce n’est pas normal’’ martèle-t-il, très énervé. Évidemment, cet état des choses n’est pas fait pour arranger les pères de familles nombreuses.
M. Lancéî Sangaré, lui, est en courroux face à l’augmentation de la scolarité dans l’établissement secondaire privé où sont inscrits ses deux filles et son garçon. ‘’ Les gens augmentent les frais de scolarité sans nous prévenir. Nous sommes mis devant le fait accompli mais nous sommes obligés de nous aligner puisque nous voulons que nos enfants aient une éducation de qualité. Parce que dans l’école où ils sont inscrits, pour être honnête, l’année scolaire se déroule généralement sans problème. Les enfants sont en sécurité et il n’y a jamais de grève. C’est un établissement sérieux, mais ce n’est pas une raison pour ruiner les parents que nous sommes’’, regrette M Sangaré.
Mme Kaba A. ne dit pas autre chose. ‘’Déjà, nous arrivions difficilement à boucler les années passées, voilà que les choses deviennent de plus en plus compliquées au fur et mesure que les enfants avancent… Assurer une bonne éducation à nos enfants est essentiel, mais il faut que le gouvernement décide d’une harmonisation des tarifs selon le standing des établissements scolaires privés. Il existe vraiment une véritable anarchie dans le secteur. Les choses sont réellement difficiles pour mon mari et moi, nous devons donc nous débrouiller pour y arriver ‘’ souligne-t-elle. A tous ces frais évoqués par les parents, il faut ajouter les frais de transport (motos-taxis, argent de poche…). Par souci d’économie donc, cette mère de famille est obligée de priver ses enfants de certaines activités ludiques comme aller à la piscine et autres. ‘’Cela me permet d’économiser de l’argent pour d’autres priorités’’ dit-elle.
Constat. Quelles que soient les dispositions prises par les parents d’élèves en vue de la rentrée scolaire, il y a toujours des situations et frais imprévus qui viennent augmenter les dépenses de façon vertigineuse alors même que leurs revenus ne connaissent malheureusement aucune hausse. Mais vu l’importance de l’école et surtout animés de la volonté de voir leurs enfants réussir, les parents se démènent tant bien que mal pour assurer leur scolarité. Très souvent au prix de mille sacrifices.
Le stress permanent
Cadre dans une entreprise de la place, A. Bangoura est père de quatre enfants dont deux issus de relations de sa jeunesse. Son statut social devrait le mettre à l’abri des soucis liés à la rentrée scolaire. Mais, il n’en est rien à en croire son épouse. La raison. En dehors de ses enfants, son époux doit s’occuper des enfants de cousins, de tantes et oncles qui ne peuvent pas le faire à cause d’un nombre élevé d’enfants à charge et des revenus peu adaptés à leur situation. Ces derniers, à la rentrée scolaire, se déchargent sur lui pour les manuels scolaires, les frais de scolarité.
Il est très souvent aussi sollicité pour régler les problèmes de santé, de mariage, etc. Pour ne pas être taxé par les membres de cette famille élargie de « méchant fils non serviable » et subir de ce fait, leurs foudres, Aboubacar est contraint de contribuer parfois au péril de la sécurité financière de sa famille nucléaire. Des cas similaires à celui d’Aboubacar sont légions dans le pays. Et les conséquences visibles et connues. Pour les parents, le stress est énorme.
Dans les banques, beaucoup ont pris des crédits scolaires qu’il faudra rembourser en faisant des sacrifices proportionnels au nombre d’enfants à charge. Des sacrifices d’autant plus douloureux que le salaire ne varie pas sur la base du nombre d’enfants. En dépit de ce tableau sombre, des solutions existent pour s’éviter des soucis et des accidents cardiovasculaires liés au stress permanent.