Labé : la maison coloniale du dernier chef de canton de Sannoun, un joyau historique à valoriser

Dans la sous-préfecture de Tountouroun, à 7 kilomètres de la commune urbaine de Labé, la maison coloniale construite en 1932 pour le dernier chef de canton de Sannoun demeure un véritable patrimoine historique et culturel. Bien entretenu par ses descendants, ce monument méconnu du grand public, suscite aujourd’hui un appel pressant à son inscription dans le circuit touristique du Fouta Djallon, a constaté sur place Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

Elhadj Alpha Oumar Sow, fonctionnaire à la retraite et porte-parole de la famille de feu Elhadj Sannoun, a rappelé l’origine de cette bâtisse.

« Cette maison est ancienne. Elle date de l’époque coloniale et appartenait au chef de canton de Sannoun. C’était le dernier chef de canton jusqu’en 1956, mais il l’avait fait construire bien avant, en 1932. En réalité, c’est un Portugais du nom de Monsieur Lopez qui, en signe d’amitié, a bâti cette demeure pour notre défunt père. C’est ce que nous avons appris, car à l’époque nous n’étions pas encore nés. La construction a été achevée vers 1954 », a-t-il expliqué.

Elhadj Alpha Oumar Sow, ingénieur en Génie rural, très expérimenté, a insisté sur l’importance historique et symbolique de cette maison. « Dieu m’a donné la chance de parcourir le pays et de visiter de nombreux sites d’anciens chefs de canton ou de rois. Mais, une maison de ce genre n’est pas donnée à tout le monde. Elle reflète la grandeur et la vision de feu Elhadj Mamadou Oury Sow. En plus d’avoir marqué son époque, il a contribué à la construction de la première école primaire de Tountouroun et à la modernisation de la mosquée, dont il avait ramené le plan après son pèlerinage à la Mecque. Cela montre son attachement aux affaires sociales et religieuses », a-t-il témoigné.

Poursuivant, Elhadj Alpha Oumar Sow a dévoilé l’originalité architecturale de l’édifice. « Quand on observe la maison, on est impressionné par son salon, ses terrasses, ses chambres et même ses magasins de stockage. C’est étonnant qu’une telle maison ait pu être construite à cette époque et qu’elle tienne encore debout aujourd’hui. Grâce aux efforts conjugués des fils, petits-fils et descendants, elle continue d’être entretenue. Je pense qu’elle mérite d’être inscrite dans les archives et même présentée dans les musées, car elle représente un véritable site touristique », a-t-il ajouté.

En outre, Elhadj Alpha Oumar Sow a rappelé son utilité sociale dans la vie communautaire. « Aujourd’hui, cette maison reste un lieu de rassemblement. La famille Modiyabhé s’y retrouve régulièrement lors des fêtes ou des cérémonies pour prier pour les défunts et pour tous les fils et filles de Labé, de Guinée et d’ailleurs. De plus, les grandes réunions s’y tiennent et les hôtes de marque y sont accueillis, car c’est un lieu chargé d’histoire ».

Pour sa part, Pathé Foula Sow, gardien de la maison et proche du chef de canton, a partagé ses souvenirs.

Pathé Foula Sow, gardien de la maison du dernier chef de canton de Sannou

« Je me souviens d’Elhadj Alpha Mamadou Oury Tountouroun Sow. Il était très généreux et humble. J’ai été son gardien dès mon enfance. J’ai même effectué des missions avec lui, dont trois voyages en avion jusqu’à Kamsar. C’était un sage d’une notoriété incomparable. Depuis sa disparition, je vis toujours ici, veillant à l’entretien et à la surveillance de la maison, tout en restant très lié à la famille », a fait savoir Pathé Foula Sow.

La maison, vieille de près d’un siècle, continue également de servir de centre d’accueil. Madame Aïssatou Diallo, porte-parole des femmes venues de Matakaou, témoigne.

Aïssatou Diallo, porte-parole des femmes venues de Matakaw

« Nous sommes ici dans la concession du dernier chef de canton de Sannoun. Nous travaillons dans les champs pour subvenir à nos besoins et évitons la débauche ou le vol. En dehors de cela, nous effectuons de petits travaux domestiques. Nous avons été très bien accueillies et logées dans cette maison familiale centenaire. Les descendants de cette famille perpétuent l’hospitalité d’antan, et nous en sommes très satisfaites », a-t-elle affirmé.

De retour de Tountouroun (Labé), Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 628 51 67 96

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