Lutte contre l’insécurité à Conakry : les parquets d’instance évoquent leurs difficultés et font des propositions au procureur général

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La lutte contre l’insécurité et la criminalité nécessite la mise en œuvre d’une politique pénale claire. Malheureusement, en Guinée, les parquets d’instance sont confrontés à d’énormes difficultés dans leur mission.

Au cours d’une rencontre d’échanges autour de la problématique liée à ces phénomènes à Conakry, les parquetiers d’instance de la zone du grand Conakry on eu à énumérer leurs problèmes. Ils ont également identifié des pistes de solutions dans cette lutte contre la criminalité.

Parmi ces difficultés, le substitut du procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn, Elhadj Sidiki Camara a entre autres égrené la faiblesse des moyens logistiques, l’insuffisance des salles d’audience ainsi que le manque de professionnalisme de certains officiers de police judiciaire.

« La première difficulté, c’est la faiblesse des moyens logistiques, c’est une grande difficulté que toutes les juridictions connaissent. La deuxième, c’est l’insuffisance des salles d’audience. Dans toutes les juridictions, nous n’avons qu’une seule salle d’audience. Et lorsqu’on a plusieurs détenus qu’il faut juger ces seules salles ne pourront pas suffire. Au niveau des OPJ, habituellement on voyait souvent les fiches à compléter qui accompagnaient les procès-verbaux mais actuellement, les procès-verbaux que nous signons ne sont pas accompagnés de fiches à compléter. Nous remarquons aussi, au niveau des organes de police judiciaire, le dépassement du délai de garde à vue. Ça nous crée toutes les difficultés parce que tout le travail effectué par l’OPJ est défendu par le procureur de la république à l’audience. Lorsque ces failles sont constatées, ça nous crée assez de problème, parce que les avocats sont toujours prêts à exercer les voies de recours notamment devant la chambre de contrôle de l’instruction pour faire annuler tout le travail abattu par l’OPJ. Aussi nous sommes confrontés parfois à la mauvaise structuration des procès-verbaux. On a assez d’OPJ qui ont reçu de très bonnes formations mais il arrive des fois où nous recevons des procès-verbaux qui sont déstructurés et quand c’est le cas ça nous crée des problèmes. Aussi, nous sommes confrontés à l’absence d’un système automatique d’information de procureur de la république. Le procureur de la république est le directeur des enquêtes, il va s’en dire que toute infraction commise dans la cité, la première autorité qu’il faut informer c’est le procureur de la République parce que c’est lui qui va donner des directives », a-t-il énuméré au nom de ses collègues.

En revanche, il a formulé un certain nombre de demandes pour leur permettre de contribuer efficacement à cette lutte. Parmi ces doléances, il a sollicité la mise à disposition des moyens de locomotion adéquat. Soit une ou plusieurs fourgonnettes dans chaque juridiction.

Aux OPJ, Elhadj Sidiki Camara, leur a demandé de corriger toutes les tarés.

« Il faut bien ficeler les procès-verbaux, le travail du parquetier ne peut reposer que sur ce qui a été fait par l’OPJ et le procès-verbal c’est la fondation d’une procédure pénale. Aussi, nous allons demander à ces OPJ de joindre souvent des procès-verbaux d’interpellation. Parce qu’il arrive des fois qu’on conduise plusieurs délinquants qui ont été interpellés à des lieux différents. Si on n’a pas de procès-verbaux d’interpellation il va être difficile de soutenir l’infraction qu’on appelle l’association de malfaiteurs. Aussi, nous allons leur demander de joindre les fiches à compléter. C’est une pratique intéressante, parce que lorsque la fiche à compléter accompagne le procès-verbal, chaque fois que l’audience prend fin nous allons prendre cette fiche à compléter les retourner aux OPJ pour qu’ils sachent la suite qui a été réservée aux différents procès-verbaux et aux délinquants qui ont été conduits devant nous. Nous leur demandons également de respecter scrupuleusement les délais de procédure et surtout les délais de garde à vue. Si les délais ne sont pas respectées ça nous crée assez de difficultés. Aussi, nous leur demandons d’être à l’affût des bandits. Les bandits ne se fatiguent pas de commettre le banditisme, c’est ça leur travail et ils ont toutes les stratégies. Donc on ne doit pas dormir tant que la population ne dort pas tranquillement ». 

Le substitut du procureur de la République près le tribunal de Dixinn a demandé au procureur général d’initier des rencontres avec les représentants du barreau.

« Lorsque les avocats sont généralement constitués dans une procédure où ils n’ont pas suffisamment d’intérêts, ils ne viennent pas. Et nous, nous sommes obligé de renvoyer la procédure », a-t-il relevé.

Il a par ailleurs exhorté Madame la gouverneure à donner des instructions fermes aux différents responsables locaux pour une meilleure collaboration de la population.

Alhassane Fofana

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