Discours à relents grégaires qui menacent dangereusement la paix sociale et l’unité nationale en Guinée (Tribune de Sayon Mara)

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Quand on voit culbuter, dans son propre pays, des germes qui ont consumé, réduit en cendres des pays entiers sous d’autres cieux, on est littéralement obligé de se demander, de s’arrêter, pour passer au peigne fin, sans ambages, l’étiologie de ces idées divisionnistes et obscurantistes telles que, tel est autochtone, tel ne l’est pas ; telle portion de terre appartient à l’ancêtre de tel, telle autre à l’ancêtre de tel autre, qui sont légion en Guinée. Curieusement, un groupe de guinéens se réclamant d’une association croit avoir le titre foncier de la Guinée.

Le bon sens, la morale ont claqué la porte de ce pays et ont foutu le camp. Nombre parmi les sages censés être des apôtres et prêcheurs de la paix, sont devenus des pyromanes, des incitateurs à la violence et à la haine. Depuis un certain temps, nous assistons, en toute impunité, à la floraison flagrante, insistante et répétée de discours de haine à relent ethnique, des propos divisionnistes et intolérables des membres d’une association qui se font passer pour les défenseurs et gardiens des valeurs d’une communauté.

Pilotée et planifiée par des fonctionnaires à la retraite, pour la plupart, et des sages qui n’ont rien apporté à leurs communautés pendant qu’ils avaient la possibilité, cette association s’arcboute contre l’ethnie pour se faire une place au soleil. L’instrumentalisation ethnique, le seul fonds de commerce de ses personnes sans foi ni loi.

Plutôt que de promouvoir l’unité nationale entre les Guinéens, ces adeptes du divisionnisme inculquent notamment aux jeunes des idées belliqueuses et se livrent à des actes qui ne sont aucunement de nature à renforcer les fibres sociales, à garantir la paix dans notre pays. Ils montent les populations les unes contre les autres.

Le repli identitaire, la division entretenus par ces adeptes déclarés et sans réserve d’une doctrine ethno-régionale, leur souhait ardent de nous envoyer au charbon ne font l’ombre d’aucun doute dorénavant. La seule chose qui manque des ingrédients aujourd’hui pour que nous nous retrouvions dans une situation de « si on savait », est l’élément déclencheur.

En effet, les problèmes agraires et les débats portant sur les origines des personnes ont toujours été les dénominateurs communs des problèmes ou conflits en Afrique. Partout où les peuples se sont entre-déchirés à travers le monde, les idées sont d’abord conçues dans les esprits puis, se transportent dans les discours, avant de devenir des actes. Malheureusement, au moment où de telles idées se formalisent, personne n’en parle. C’est quand ça atteint des proportions inquiétantes et incontrôlables que les gens se rendent compte de la gravité de la situation.
Il faut éviter d’ouvrir la boite à pandore, au risque de nous retrouver dans des violences intercommunautaires dont personne ne pourrait maitriser l’issue. Partout où un guinéen se retrouve à travers le pays, il est chez lui et ne doit aucunement être inquiété du fait de son appartenance ethnique ou régionale.
Aimer son ethnie, n’est pas du tout un mal en soi. Évidemment, chérir son ethnie est tout à fait normal. C’est même humain. Cependant, l’aimer ou la considérer comme étant la norme universelle, est dangereux. Son instrumentalisation est aussi dangereuse. Aussi, aimer sa culture n’est pas du tout une menace pour l’unité nationale. Par contre, vivre sa propre culture comme si elle était la norme universelle, et de la brandir comme un cadre de référence permettant de juger d’autres cultures, pratiques, comportements, croyances, sans considérations pour les normes qui ont cours dans d’autres cultures, est dangereux.

Nos diversités linguistiques et culturelles ne doivent en aucune manière être des problèmes à notre société. D’ailleurs, l’écrivain Amadou Hampaté Bâ ne nous enseignait-il pas que : « La beauté d’un tapis tient à la diversité de ses couleurs ?»

En substance, les autorités doivent prendre leur bâton de pèlerin contre toutes ces associations à relent communautaire, ces intellectuels égarés en route qui, à travers la falsification de notre vécu commun ou sous l’étiquette de la promotion d’une culture ou d’un alphabet, incitent les gens à la violence, au rejet des autres et à l’affrontement. Elles doivent impitoyablement sévir pendant qu’il est encore temps contre ces pyromanes, ces forces du mal, pour préserver l’unité nationale, le vivre ensemble et la concorde nationale.

Sayon MARA, Juriste

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