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Le monde a célébré la journée mondiale de l’artisanat dans la journée d’hier, 10 juin 2024. En Guinée, la fédération nationale des artisans et le Ministère de la Culture, du tourisme et l’artisanat, par le biais de la direction nationale l’artisanat, ont organisé une cérémonie de célébration de ladite journée. Tenue au palais du peuple de Conakry, la cérémonie a regroupé du monde et permis aux acteurs du secteur d’exposer leurs productions mais aussi d’exprimer leurs difficultés, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Interrogé par notre reporter au palais du peuple, où se tient la cérémonie, Sékou Condé, Directeur national de l’artisanat, soutient que l’artisanat se porte bien.
« L’artisanat guinéen se porte à merveille. Comme vous le savez, c’est un secteur de l’économie nationale qui répond effectivement à tous les critères pour permettre à notre pays d’amorcer un véritable développement. C’est un secteur qui fournit 40% de la production manufacturière à une population à faible pouvoir d’achat et il est, juste après le secteur agricole, le deuxième secteur pourvoyeur d’emplois en milieu rural. Il est également un secteur qui occupe à peu près 42% des activités féminines en milieu urbain. C’est pourquoi, le gouvernement a décidé d’accorder une place de choix à l’artisanat en s’engageant à construire des villages artisanaux dans les différentes régions en vue de permettre aux artisans de trouver des espaces de création, de formation, de partage et d’exposition de leurs différentes œuvres sur toute l’étendue du territoire. Aujourd’hui, je suis en mesure de vous affirmer que le niveau d’exécution de ces villages artisanaux a dépassé le seuil de 40% dans les régions. Récemment, nous avons procédé à une nouvelle nomenclature nationale des activités artisanales pratiquées en République de Guinée. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il existe huit branches d’activité, quarante corps de métier et 327 métiers pratiqués dans notre pays actuellement, contrairement à la nomenclature d’il y a 20 ans qui faisait état de huit secteurs d’activités pour quatre-vingt-treize corps de métiers », a expliqué monsieur Condé.
Au sujet des artisans qui évoluent depuis toujours dans l’informel, le Directeur national de l’artisanat parle d’une stratégie nationale relative au secteur déjà élaborée.
« La stratégie nationale de l’artisanat que le partenaire technique et financier, nous a aidés à élaborer, est une politique nationale de développement et de formalisation de l’artisanat guinéen. Ce qui veut dire que nous allons œuvrer dans le sens de la formation de toutes les activités, liées aux métiers de l’artisanat. Et à l’annexe de cette stratégie, il y a une fiche de projets spécifiques consacrés à la formalisation des activités artisanales. Il existe déjà des structures qui commencent à se former, à se formaliser. Au niveau de notre direction, nous avons un répertoire où ces structures sont enregistrées. Nous allons les aider à se formaliser afin qu’ils disposent de tous les documents locaux leur permettant de bénéficier des appuis à la fois de l’Etat mais aussi des partenaires techniques et financiers. Actuellement, nous travaillons dans le but de procéder à un recensement exhaustif de tous les artisans de Guinée. Cela a un double avantage. D’abord, leur permettre d’être structurés et d’être accompagnés mais aussi de contribuer considérablement au produit national brut et au PIB », explique Sékou Condé.
Quant aux artisans rencontré au niveau du hall d’entrée du palais du peuple, assis devant leurs œuvres, le son de cloche n’est pas le même. Pour cette Togolaise qui évolue dans le métier de tricotage, certaines matières indispensables à son activité sont carrément introuvables en Guinée.
« J’évolue dans le tricot et le crochet. En grande partie, je me suis auto-formée. Certes, au collège, l’équivalent de la 8ème année ici, on avait une matière qu’on appelait Couture générale, où on apprenait à faire des chaussettes pour enfants et des petites choses à la main, qui était en elle-même une manière moins importante que les autres, et dont on était obligé de valider pour passer en classe supérieure. J’ai été initiée à cette activité. Je me rappelle que notre maîtresse disait que nous ne devions pas négliger la matière, qu’il se pourrait que certains parmi nous arrivent à pratiquer cela un jour. Mais honnêtement, à l’époque, je ne m’y intéressais pas tellement. Seulement, après mon mariage, j’ai eu des jumelles, c’est cela qui m’a poussée à me lancer dans le tricotage. Il fallait que je trouve des accoutrements identiques en termes de couleurs et tout pour elles. Mais ce n’est toujours pas évident de trouver cela dans les boutiques ou dans les marchés. Alors, dans l’attente de leur arrivée, je me suis replongée à cela. D’abord, c’était juste quelques petits articles pour mes filles et avec le temps, j’ai réalisé qu’il y en a qui apprécient et qui me demandent souvent. Ensuite, j’ai eu comme un déclic. Peut-être que si je commence à produire ça en grande quantité et à diversifier, cela pourrait constituer une source de revenus pour moi. L’idée est partie de là, et ça a évolué. Je suis partie de la base que j’avais acquise au collège pour tenter de me performer via des formations en ligne sur YouTube et sur d’autres plateformes. Ce qui m’a permis davantage de développer mes compétences au point de pouvoir former d’autres personnes aujourd’hui. Je suis à mes tout débuts, je crois que je suis à la troisième exposition ; mais avant la fin de ce mois, ma priorité, malgré toutes difficultés liées au problème des matières premières, est de formaliser mon entreprise. Ce n’est pas facile d’avoir les matières premières, surtout en Guinée. Des fois, on est obligé même de commander certains de l’étranger. On peut trouver certains fils, mais il y a carrément des accessoires qui n’existent pas en Guinée. Cela complique parfois le travail », a-t-elle expliqué.
Dans la même lancée, nous avons échangé avec un sculpteur de plus d’une vingtaine d’années d’expériences, Lancinet Kourouma, qui réalise des sculptures à base de bois. Cet artisan explique qu’en dehors de la difficulté liée aux matières premières, l’artisanat est une activité assez lucrative. « C’est rentable, très rentable. Même si actuellement une sorte de crise semble s’abattre sur toutes les activités. Mais, ça marche quand même, ça nous arrange. Maintenant, concernant les matières premières, c’est difficile. Pour réaliser nos œuvres, notre dextérité seule ne suffit pas, nous avons besoin du bois et parfois il est difficile de s’en procurer. Mais, Dieu merci, moi avec l’expérience, ce type de problème n’est pas fréquent à mon niveau », explique ce sculpteur.
Quant à Karifa Kourouma, bijoutier, également venu exposer des bijoux fabriqués de ses mains habiles, explique que son activité est héritée des parents. « Je suis né dans cela, mes parents me l’ont enseigné, et aujourd’hui je transmets ce savoir-faire à mes enfants. Même mes fils qui sont à l’université, après les cours, ils viennent à la bijouterie pour travailler. Je n’ai pas étudié, donc lorsqu’il y a des expositions internationales auxquelles je dois participer, ce sont eux qui vont me représenter. Donc, je veille à ce qu’ils apprennent ce métier. Déjà, j’ai participé à des expositions à Dubaï, à Dakar, en Sierra Leone et au Burkina Faso. J’ai commencé à participer à des foires au temps de feu président Lansana Conté… »
En attendant la finalisation des villages artisanaux et la création d’un centre national de l’artisanat à Conakry, l’Etat devrait octroyer certains marchés aux artisans locaux sur tous les domaines qui touchent à leurs compétences.
Issiagha Barry pour Guinéematin.com
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