Bah Oury, l’ombre du radeau de la Méduse (Par Tibou Kamara)

il y a 2 heures 11
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« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ».

Cette citation attribuée à Voltaire, devrait être une prière que chaque Guinéen, tout dirigeant, devrait adresser au Très-Haut. Dans notre société, chacun est souvent son propre ennemi et bourreau. Les partenaires et collaborateurs que l’on choisit de bonne foi scient parfois la branche sur laquelle l’on est assis. C’est peut-être ce qui explique que le Palais s’emploie à neutraliser des alliés douteux et des soutiens hypocrites, confiant à certains des fonctions honorifiques, et éloignant d’autres des premiers rôles. Bah Oury collectionne les titres, mais chacun sait qu’il n’a ni poids ni influence. Alors, pour donner le sentiment qu’il compte et existe, surtout pour garantir une survie aussi précaire qu’un bulletin météo, il fait feu de tout bois et se morfond dans le pari risqué de se comporter, dans le débat public, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Au demeurant, toute personne raisonnable et conséquente, à la place de Bah Oury dans ce mauvais rôle qui relève du reniement et d’une méprise historique mortifère, se ferait discrète et peu loquace. Mais lui, qui semble vouloir tout sacrifier pour une cause périlleuse, est sans cesse porté à briser tous les codes, franchir toutes les limites et défier la mémoire collective ainsi que la morale publique. Ce politique usé et désabusé, qui brille dans le verbiage faute d’avoir pu s’illustrer dans les urnes, espère faire carrière dans sa fonction de Premier ministre de circonstance en excellant dans les outrages et les outrances.
Il ne recule plus devant rien, voudrait marcher sur tout le pays afin de continuer à jouir des dorures et ors des palais. Conserver l’unique trophée d’un parcours pauvre et d’une vie remplie de vides est désormais la seule raison d’être de cet acteur crépusculaire.

Bah Oury fait comme s’il était seul au monde, comme un homme sans tâches ni remords, aux mains propres et à la conscience immaculée. Aussi se permet-il de déclarer que « ceux qui ont contribué au 3e mandat d’Alpha Condé se sont politiquement suicidés ». Pourtant, l’homme qu’il pourfend lui a accordé la grâce après sa condamnation dans une affaire criminelle où il était impliqué jusqu’au cou, entraînant dans ses malheurs de nombreux innocents. Il lui avait aussi apporté protection et aide lorsqu’il traversait le désert, rêvait de prendre l’UFDG à Cellou Dalein Diallo, sa bête noire. Les compagnons et soutiens du professeur Alpha Condé, demeurés à ses côtés jusqu’au bout sans défaillir, ont pour beaucoup offert à Bah Oury gîte, couvert et enveloppes.
Qu’il ne se presse pas, le moment d’en dire plus approche, et il en donne lui-même l’occasion en suscitant des révélations.

En attendant, le Premier ministre, que l’on dit très angoissé à l’idée d’être renvoyé et agacé de cohabiter avec des personnalités qui lui font de l’ombre et susceptibles de le remplacer, voit la paille dans l’œil des lieutenants fidèles d’Alpha Condé, mais refuse ne serait-ce que d’entrevoir la poutre dans le sien et dans celui de ses compères. Si ceux qui ont soutenu le troisième mandat se sont politiquement suicidés, lui, dans sa posture plus que suicidaire, avec ses prises de position fascistes et incendiaires, s’est enterré vivant et s’offre en agneau du sacrifice dans une entreprise controversée et sans issue. Le nouveau « Choguel Maiga guinéen », comme son idole malienne, se brûlera lui-même les ailes, creuse sa tombe, et peut déjà être assuré que lorsque l’heure de la disgrâce viendra, personne ne le pleurera et le pays n’en mourra pas. Au contraire, il sera aussitôt oublié.

Bah Oury aura tout perdu. Certains pourraient parler de justice divine, car aucun crime ne reste impuni. On ne peut, au nom d’un idéal, causer la mort violente de centaines de personnes, provoquer la disparition d’autres, le viol de femmes, bref, occasionner des drames humains irréparables, puis s’engager sur des chemins interdits pour assouvir une ambition égoïste, préserver des avantages, défendre des intérêts personnels.

Bah Oury, avant de parler, devrait revisiter son passé, se rappeler ses propos et déclarations antérieures pour éviter de s’exposer systématiquement à l’indignation et à la colère populaires. S’il ne peut s’imposer la retenue, étant donnée son amnésie, qu’il s’efforce au moins d’avoir de la pudeur, car il est devenu insupportable à l’opinion et à toutes les bonnes consciences.

Comme le dit l’adage : « Quand Dieu veut perdre quelqu’un, il le rend fou. »

Tibou Kamara

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