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Le procès d’Amadou Damaro Camara, Michel Kamano, Zenab Camara, dite Zée Pharrell, et Cheng Jiin Sueg, alias Kim, poursuivis pour des infractions financières graves, notamment de détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, corruption, prise illégale d’intérêts et complicité, a connu un tournant important ce mercredi 16 octobre 2024. L’affaire, qui traîne depuis avril 2022, est désormais en phase de plaidoiries et de réquisitions devant la Chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).
Lors de cette audience, Me Amadou Baben Camara, représentant de l’État, a plaidé pour que justice soit rendue en faveur de son client après des années “d’impunité” dans la gestion des fonds publics. « Ce procès est particulier, car les accusés ne sont pas des citoyens ordinaires, mais d’anciens législateurs qui devraient parfaitement maîtriser la loi », a-t-il déclaré. Il a vivement critiqué les justifications avancées par Michel Kamano, ancien 1er questeur, et Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale, concernant l’utilisation de 15 milliards de francs guinéens, affirmant que celles-ci ne sont pas conformes aux pièces produites dans le dossier.
Michel Kamano avait expliqué que ces 15 milliards avaient été alloués ainsi : 7,445 milliards pour le fonctionnement de l’Assemblée nationale, 1,8 milliard versé à M. Kim, 750 millions à l’EDG et 350 millions à la CEP, rappelle l’avocat de l’État guinéen. Cependant, Me Camara a souligné des incohérences majeures avec les relevés bancaires de la BCRG et les documents fournis par le contrôleur financier de l’Assemblée à l’époque. Il a affirmé que les versions des deux hommes étaient contradictoires et devaient être écartées par la Cour.
Selon lui, sur les 15 milliards, seuls 291 millions ont été correctement dépensés, le reste ayant été utilisé de manière irrégulière par les accusés.
Il a également souligné que le contrat entre Amadou Damaro Camara et Cheng Jiin Sueg, alias Kim, n’avait pas respecté les procédures légales. Il a donc invité le juge Yacouba Conté à retenir les deux dans les liens de culpabilité pour prise illégale d’intérêts et complicité.
L’avocat de l’État a demandé à la Cour de déclarer Amadou Damaro Camara et Michel Kamano coupables de détournement de fonds publics, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent et de prise illégale d’intérêts. En ce qui concerne Mme Zenab Camara, il a indiqué que, pour l’instant, l’État n’a aucune charge contre elle, car elle avait apporté des preuves solides pour se défendre.
Enfin, sur le plan civil, Me Amadou Baben Camara a réclamé que les deux principaux accusés versent à l’État la somme de 12 786 472 750 francs guinéens, en plus de 20 milliards de francs guinéens en dommages et intérêts pour le préjudice causé. Il a également demandé la confiscation des biens des prévenus pour garantir le recouvrement des sommes dues.
L’issue de ce procès, qui suscite beaucoup d’attention en Guinée, sera déterminante pour l’avenir des accusés et la lutte contre l’impunité dans la gestion des finances publiques.
Le parquet spécial a entamé ses réquisitions.
À suivre…
L’article Affaire Damaro : l’État réclame 20 milliards de francs guinéens en compensation est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.