Transition en Guinée : « rien de tout ce qui a été dit le 5 septembre n’a été respecté » (Interview Fodé Baldé)

il y a 7 mois 149
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L’Union des Forces Républicaines (UFR), dirigé par l’ancien premier ministre Sidya Touré, dresse un bilan plutôt négatif des deux années du CNRD à la tête du pays.

Dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction au lendemain de ce deuxième anniversaire de l’avènement du CNRD au pouvoir, le chargé de communication de la formation politique, a dénoncé le non-respect des engagements pris, donnant lieu à une crise de confiance.

Fodé Baldé soupçonne Colonel Mamadi Doumbouya de vouloir confisquer le pouvoir. Il met ainsi en avant le refus d’œuvrer au retour à l’ordre constitutionnel.

Lisez !

Mosaiqueguinee : Quel bilan pour cette transition ?

Fodé Baldé :A ce stade, il est plus commode de parler de bilan de la conduite. On fera le bilan de la transition après les échéances électorales. Toutefois, pour apprécier la conduite de cette transition, il est bon d’apprécier les actions posées à l’aune des engagements pris le 5 septembre 2021.

Sur cette base, force est de constater que rien de tout ce qui a été dit le 5 septembre qui avait d’ailleurs suscité l’enthousiasme et l’espoir au sein des populations, n’a été respecté.

C’est pour cette raison que l’on entend dire que cette transition s’est dévoyée de sa vocation originelle, le retour à l’ordre constitutionnel.

Ainsi, des doutes ont émergé et ont pris des dimensions de crise de confiance. Aujourd’hui cette crise de confiance est perceptible d’une part entre les gouvernés et les gouvernants et, d’autre part entre l’Etat et les entreprises privées.

Cette crise de confiance s’est récemment matérialisée dans le mémorandum élaboré par les acteurs sociaux et politiques qui ont pris part au cadre de dialogue inter-guinéen que nous avons rejeté. Car, par expérience, nous savions que ce cadre n’était pas le plus indiqué pour accoucher des solutions devant faciliter le retour à l’ordre constitutionnel. Et les faits nous donnent raison.

Un fait non des moindres sous le CNRD, c’est la désacralisation du droit de propriété privée. Notre leader, le Président Sidya TOURE en est une victime alors que l’affaire est toujours pendante devant la justice.

Au moment où je vous parle notre Secrétaire Exécutif, Hon Saikou Yaya BARRY continue de se soigner de la maladie qu’il a contractée en prison.

A cela, il faut ajouter toutes les violations récurrentes et surtout assumées des lois réhabilitées, des droits de l’homme et le contraint à l’exil des leaders politiques et sociaux.

A deux (2) ans de la conduite de la transition, le CNRD a contraint en exil tous les leaders politiques et sociaux sérieux et représentants du pays. A deux (2) ans, le CNRD n’a produit aucun gage pour rassurer les guinéens. Il est clair que l’échec noté à ce stade de la conduite de la transition résulte de la non ouverture du cadre de dialogue inclusif et fécond sollicité par les forces vives de Guinée. C’est le seul cadre sous la présidence de la CEDEAO capable de rectifier cette transition. Les faits ont prouvé que tout cadre en dehors de celui-ci ne servira à rien.

Que pensez-vous de la célébration de l’an 2 du CNRD, alors que le plus important n’est pas encore fait ?

Je me pose la question de savoir qu’est ce qui est célébré ? Est-ce le coup d’État ou la conduite de la transition ? Nous sommes tous d’accord que le coup d’État n’est pas à célébrer alors on serait tenté de croire que c’est la conduite de la transition que certains sont en train de célébrer.

À ce niveau, il faut se poser la question de savoir les actions posées conduisant au retour à l’ordre constitutionnel. Étant donné que le retour à l’ordre se matérialise par des élections inclusives, transparentes et crédibles. Et pour aller à une élection, il faut une constitution, un code électoral, un fichier électoral, un opérateur technique, un organe de gestion. Voilà des points essentiels pour lesquels nous avons, à l’époque, constitué des équipes de travail qui ont déjà épuisé ces points. Mais hélas !

On constate très malheureusement que rien de tout ce qui est cité ci-haut n’est disponible. Donc, on veut célébrer des gens qui n’ont pas réussi à réaliser une seule action pour le retour à l’ordre constitutionnel. Voilà où réside toute la démagogie.

Mais, vous n’allez quand même pas peindre en noir tout le bilan ! Des infrastructures ont été réalisées et un budget pour le retour à l’ordre constitutionnel aussi élaboré ?

Sur la question des routes, la seule réponse à laquelle nous, citoyens guinéens, avons eu droit s’est révélée incomplète. On ne peut pas nous jeter à la figure que plus 2 milles km routes ont été réalisées sans nous citer quelques endroits précis où on peut répertorier ses kilométrages. Mieux, cette sortie du PM m’amène à m’interroger sur la façon dont les marchés ont été octroyés, les montants alloués et la qualité des infrastructures qu’on nous présente. Voilà des questions auxquelles on attend encore des réponses même si, encore une fois, cela n’est pas la vocation d’une transition.

Pour ce qui est du budget pour le retour à l’ordre constitutionnel. Des experts ont estimé que le montant est élevé et que les canaux de financement n’ont pas été suffisamment mûris. Mais le pire, c’est l’incompréhension qui prévaut entre le PM et le MATD quant au montant déjà mobilisé par le gouvernement.

Ce qui reste clair, le cadre de dialogue auquel nous aspirons pourrait aider à reconsidérer tout ça pour le bonheur des guinéens, le retour à l’ordre constitutionnel.

Interview réalisée par Alhassane Fofana

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