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L’organisation internationale de défense des droits humains Amnesty International vient de publier une étude sur les conditions de travail de certains employés de la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas (SOGUIPAH).
Intitulé « Des salaires à en pleurer : atteintes aux droits des travailleurs liées aux activités de la SOGUIPAH en Guinée », le rapport révèle que les ouvriers des plantations et de l’usine de la société, située à Diécké, dans la région de Nzérékoré, sont rémunérés bien en dessous du salaire minimum légal et ne disposent d’aucun équipement de protection adéquat.
Des salaires inférieurs au minimum légal
Selon le rapport, plusieurs travailleurs interrogés ont affirmé percevoir un salaire inférieur au SMIG fixé à 550 000 francs guinéens (environ 55 euros) par mois.
Les fiches de paie de 30 personnes, datant de 2022 à 2025 et consultées par Amnesty International, montrent que 29 d’entre elles recevaient un salaire de base inférieur à ce seuil.
En septembre 2025, le salaire de base le plus bas versé par la SOGUIPAH, sur 24 fiches de paie examinées, s’élevait à 69 783 francs guinéens (environ 7 euros) pour 170 heures de travail mensuel, selon Fabien Ofner, chargé de recherche à Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest.
« Nous avons pu consulter des dizaines de bulletins de salaire prouvant que le salaire minimum n’est pas appliqué. Dans certains cas, le salaire de base mensuel est inférieur à 100 000 francs guinéens pour 170 heures de travail », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 23 octobre 2025.
Amnesty souligne qu’avec de tels revenus, il est impossible pour les travailleurs de mener une vie décente, c’est-à-dire se loger, se nourrir et scolariser leurs enfants convenablement.
Manque de transparence et abus contractuels
L’organisation dénonce également un manque de transparence dans les relations contractuelles entre la société et les planteurs familiaux.
Ces derniers, qui ne sont pas salariés de la SOGUIPAH, sont contraints de vendre leur production d’hévéa et de noix de palme à la société à un prix inférieur à celui du marché.
« Ce lien contractuel est encadré par des conventions signées depuis les années 1990, mais ni les représentants des plantations familiales ni les syndicats n’ont accès à ces documents. Nous avons-nous-mêmes demandé ces textes aux autorités, sans réponse », a précisé Fabien Ofner.
Conditions de travail dangereuses
L’étude signale des risques élevés pour la santé et la sécurité des travailleurs.
Beaucoup d’entre eux sont exposés à des produits chimiques potentiellement dangereux, à des blessures causées par des outils tranchants ou à des machines sans protection suffisante.
« Nous avons rencontré des saigneurs et des saigneuses d’hévéa travaillant sans gants, sans lunettes ni bottes de sécurité. Certains sont régulièrement victimes d’accidents », explique le chercheur d’Amnesty.
Des terres confisquées et des familles appauvries
Le rapport pointe la confiscation des terres de nombreuses familles par l’État au profit de la SOGUIPAH, sans compensation juste ni équitable.
Ces populations dépendent désormais de monocultures peu rémunératrices, développées au détriment des cultures vivrières.
« La SOGUIPAH a tout pris. Il n’y a plus de terres à cultiver, donc nous sommes obligés de travailler pour la société », témoigne une femme citée dans le rapport.
Les recommandations d’Amnesty International
Amnesty International appelle les autorités guinéennes à veiller au respect des droits des travailleurs et à ouvrir des enquêtes sur les abus généralisés observés, notamment concernant le droit à un travail décent.
L’organisation rappelle que, en tant qu’entreprise publique, la SOGUIPAH est tenue de respecter les normes internationales du travail et que l’État guinéen a l’obligation de protéger les travailleurs.
Hadja Kadé BARRY