Recrudescence des coup d’Etat en Afrique : des citoyens de Conakry approuvent la démarche des militaires

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Les africains assistent à une recrudescence des coups d’Etat dans certains pays avec le renversement de chefs d’Etat en exercice par des groupes de militaires. Après l’Afrique de l’ouest, le virus a atteint le Gabon, en Afrique Centrale, où Ali Bongo Ondimba a été renversé ce mercredi, 30 août 2023, quelques heures après sa réélection contestée pour un 3ème mandat. Ce dernier putsch est apprécié par de nombreux citoyens de Conakry interrogés par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Abdoul Kader Kourouma, professeur d’Histoire au collège

Trouvé dans un café à Kipé, Abdoul Kader Kourouma, professeur d’Histoire, soutient la volonté des militaires à changer la donne. Pour lui, les coups d’Etat ne sont que la manifestation de la frustration du peuple africain. « Je soutiens les coups d’État aujourd’hui en Afrique. Parce que ces coups d’Etat ne sont pas fortuits, ce n’est que la manifestation des mécontentements des populations africaines vis-à-vis de l’atitude de nos dirigeants. Il y a très longtemps que beaucoup de pays de ce continent ont obtenu leur indépendance, mais si nous voyons la façon dont nous nous traînons dans la marche du monde, ça ne fait qu’interpeller les populations africaines à se révolter. En tout cas, si ces coups d’Etat peuvent apporter un changement de mentalité, vraiment ça nous met très à l’aise. En suivant les arguments placés par les putschistes dans les différents pays, on a l’impression que c’est à peu près les mêmes raisons. Aux militaires, je leur dirais une fois au pouvoir, qu’ils sachent que le coup d’État qu’ils ont fait et réussi, c’est les coups d’Etat qui sont soutenus par la majorité des populations. Donc, la meilleure chose à faire est de sortir ces populations de la pauvreté. Sinon, ils risquent de voir une autre facette de cette même population… ».

Moussa Bangoura, électricien de profession

Abondant dans le même ordre d’idées, Moussa Bangoura, électricien de profession, au-delà d’approuver ces coups de force des militaires, accuse les chefs d’État africains d’être à la solde des dirigeants occidentaux au détriment de leurs peuples qui souffrent le martyr. « Le coup d’État, personne ne le souhaite dans un pays normal ; mais en Afrique, on a un cas particulier. Avant d’accuser les putschistes, il faut d’abord se poser la question pourquoi les coups d’Etat. Pourquoi les coups d’Etat ? Parce que nos chefs d’État, démocratiquement élus, sont à la solde des blancs, surtout de la France. Parce que la démocratie, ce sont eux qui l’ont fabriquée. Lorsqu’un civil est élu dans un pays en Afrique, les occidentaux viennent mettre pression sur ce dernier en préservant leurs intérêts. Même si ce n’est pas bon pour la population, le président sera obligé d’accepter les conditions dictées par les occidentaux. Dès qu’il refuse leur offre, ils montent ses adversaires contre lui pour déstabiliser son régime. Malgré le fait qu’il y a le terrorisme qui bat son plein dans le Sahel, moi je pense que la cause principale, c’est ça. Et c’est parce que le peuple en a marre. Tant que ça va, tu ne verras pas le militaire, mais dès qu’il y a une partie de la population qui est frustrée, c’est là qu’il y a coup d’État. Pour moi, on peut bien faire la démocratie, mais à l’africaine. Mais tant qu’on va continuer à faire à l’européenne, on ne va pas avancer. Je souhaite qu’ils mettent des bases solides dans les différents pays avant de remettre le pouvoir à un civil patriote. Parce qu’en réalité, un militaire n’est pas fait pour le pouvoir politique… ».

Amadou Sangaré, ressortissant ivoirien vivant à Ratoma

Par contre, Amadou Sangaré, ressortissant ivoirien vivant à Ratoma, a un avis contraire à ses deux prédécesseurs. « Un président qui est venu par un coup d’État, qui n’a pas de mandat ; quelqu’un qui veut investir dans le pays sur deux ou trois ans, va se ressaisir. Mais si c’est avec un président élu démocratiquement, on peut se projeter sur deux ou trois ans pour investir. Donc, les investisseurs vont dire qu’on va attendre la fin de la transition. Entretemps, la population va souffrir. Tout le monde n’est pas fonctionnaire. Les gens qui ont des affaires avec des partenaires étrangers verront leurs projets ralentir. En tout cas globalement, le coup d’État n’est pas bon. Si Dieu peut aussi nous donner les bons dirigeants, je crois qu’on aurait pu éviter tout cela aussi… ».

Moustapha Souaré, entrepreneur

Pour Moustapha Souaré, les putschs sont nés de la frustration née du mauvais partage des richesses nationales. « Le coup d’État est synonyme d’injustice. C’est l’injustice qui engendre généralement les coups d’Etat en Afrique. Si le coup d’État devient recrudescent en Afrique, cela veut dire que c’est les peuples qui sont carrément frustrés. Normal ou pas normal, je pense qu’il faut relativiser cela. Ce n’est pas normal dans un pays qui fonctionne correctement. Mais c’est normal dans les pays où la population ne bénéficie pas de ses propres ressources. Dans certains de ces pays, plus de la moitié de la population ne peut pas gagner un dollar par jour. Alors que quand vous regardez le revers, c’est les pays où il y a plein de ressources. Ce sont toutes ces disparités qui peuvent provoquer des frustrations », estime Moustapha Souaré, entrepreneur.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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