Manque de pain à Conakry : « ce n’était pas une grève, mais une journée de deuil… »

Plusieurs quartiers de Conakry ont manqué de pain dans la journée d’hier, mardi 29 août 2023. Cette crise était due à un mouvement d’humeur des boulangers, en colère contre la lenteur de la procédure dans l’assassinat d’un des leurs, Alsény Baldé, par des hommes « en tenue ». Pour les protestataires, il n’y a aucune visibilité dans cette affaire alors que l’insécurité est encore de mise. Une situation qui a affecté de nombreux consommateurs, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Mady Camara, citoyen

Rencontré dans la commune de Ratoma, le citoyen Mady Camara est revenu sur le calvaire qu’il a vécu hier à la recherche du pain. « On a beaucoup souffert hier. J’ai sillonné le quartier de 09 heure à 10 heure, sans succès. Personne n’a déjeuné avec le café et du pain à la maison. Ce sont des croissants qu’on a mangés. Je ne sais vraiment pas ce qui s’est passé avec les boulangers et je ne sais pas ce qui les oppose à l’Etat. Mais on ne veut plus jamais ça. Le pain est indispensable dans notre vie, surtout dans la vie des guinéens. Si on ne déjeune pas avec du pain, on n’est pas du tout à l’aise… ».

Mamadou Oury Barry, boulanger

Pour les boulanger, l’insécurité ambiante est la raison de l’arrêt de leurs activités. Mamadou Oury Barry, un boulanger rencontré dans la commune de Ratoma, a apporté des précisions. « Hier mardi, le manque de pain était dû à l’assassinat du boulanger à Concasseur le 1^er août. On a fait des plaidoiries auprès des autorités pour qu’elles nous aident. Les autorités ont promis de faire une enquête pour mettre main sur les personnes qui l’ont tué. Mais depuis, on a vu aucun résultat. Le banditisme est devenu très récurent dans ce pays ; nous les boulangers, nous ne sommes pas du tout en sécurité. Ce jour-là, ils ont trouvé le petit boulanger assis à son lieu de travail, en train de manger. Il n’a rien fait de mal. Ils lui ont tiré dessus. Il est mort sur place. La grève était prévue juste pour hier et vous avez vu, malgré qu’on a grevé, ils ne nous ont rien dit encore et on a vu aucun résultat. On attend encore pour voir… À chaque fois qu’il y a des événements, les bérets rouges et les bandits viennent toujours nous attaquer. Ils viennent nous retirer de l’argent et des téléphones. L’Etat doit prendre des dispositions. On en a marre vraiment », a-t-il lancé.

Même son de cloche chez Diallo Mamadou Sanoussy, représentant des boulangers dans la commune de Ratoma. « On a cessé toute activité par rapport à l’assassinat du boulanger, tué à Concasseur. Quand le petit est décédé, il y a eu beaucoup de personnalités, le Ministre de la Sécurité est venu, même ceux de l’Artisanat et de la Pêche étaient là. Donc, on a fait des plaidoiries pour qu’ils nous aident à retrouver les malfrats qui ont tué le petit. Ils nous avaient dit de leur donner 10 jours. Les 10 jours sont passés, on a eu aucune réponse. Après, nous avons ajouté 12 jours. Mais depuis, on n’a pas eu de réponses. C’est pourquoi on a jugé nécessaire de faire une journée de deuil. D’ailleurs, ce n’est pas une grève mais une journée de deuil. Ça fait 7 boulangers qui sont tués. Pourtant, on ne jette pas de pierres ni rien. Nous, on cherche notre argent. Donc, l’Etat doit nous sécuriser », a-t-il lancé.

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tel : 621937298

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