Manque d’essence à Conakry : « c’est l’enfer que nous vivons ici, au port de pêche de Dixinn 3 »

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La fermeture des stations-services par le gouvernement guinéen suite à l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum continue d’impacter négativement sur divers secteurs d’activités de l’économie du pays. C’est le cas du port de pêche artisanale de Dixinn 3, dans la capitale guinéenne, où pêcheurs, mareyeuses et autres se plaignent de manque d’essence. Devant le ralentissement de leurs activités et surtout le manque à gagner, ils invitent le gouvernement à rouvrir les stations d’essence, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Salifou Camara, chef de port de Dixinn 3

Selon Salifou Camara, chef du port de pêche de Dixinn 3, les activités tournent au ralenti avec seulement 5 pirogues qui font des sorties par jour. « Ce que nous avons constaté aujourd’hui, parmi toutes les pirogues qui sont là, il n’y a que 5 qui sont parties. Il n’y a pas d’essence. Et pourtant, tous ceux qui vont dans la mer, c’est dans l’espoir de servir du poisson à la population. Cependant, nous demandons à ce que les autorités ouvrent la voie pour libérer les stations d’essence afin que les pêcheurs travaillent. Il faut savoir que ce sont les pêcheurs qui alimentent Conakry en matière de sauce. D’ici à Conakry jusqu’en Forêt, en passant par la Moyenne Guinée et la Haute Guinée, c’est nous. Donc, si nos pirogues sont accostées sans travail, cela devient un véritable problème. Si les pirogues ne travaillent pas, ça sera autre chose. Tu ne peux pas manger un repas fade aujourd’hui et continuer comme ça avec un goût sans la sauce. C’est impossible. On ne peut pas faire une sauce sans poisson. Habituellement, le port de Dixinn 3 était inondé de personnes et piroguiers à la recherche de poissons. Mais depuis l’incendie de du dépôt des carburants et l’interdiction de la vente d’essence, c’est l’enfer que nous vivons ici », a lancé Salifou Camara.

Mbemba Bangoura, pêcheur au port de Dixinn 3

De son côté M’Bemba Bangoura, pêcheur au port de Dixinn 3, dénonce la hausse des prix de l’essence sur le marché noir. « On a acheté un bidon de 20 litres d’essence à 380 000 GNF. Donc, une telle situation entraînera automatiquement la hausse des prix des poissons sur le marché. Et cela aura un impact négatif sur le marché. C’est pourquoi nous prions sagement les autorités d’accorder le privilège aux pêcheurs de poisson pour éviter la famine dans le pays en cette période de crise. Nous avons plus de 150 barques dans le port de Dixinn 3 qui pêchent uniquement des poissons de bonne qualité. Il y a aussi d’autres pirogues venues d’ailleurs qui font la pêche également. On n’a pas pu aller en mer faute d’essence. Les prix de poisson ont automatiquement grimpé par ce qu’il y a rareté des produits », a-t-il dit.

Bambé Bangoura, porte-parole des femmes mareyeuses du port de Dixinn 3

Même son de cloche chez Bambé Soumah, porte-parole des femmes mareyeuses du port de Dixinn 3. « Je suis vendeuse de poisson. Ce drame qui vient de se produire est devenu une affaire nationale. C’est un grand regret pour nous. Que Dieu accueille l’âme des disparus dans son paradis éternel ! Mais depuis cette tragédie, nous souffrons. Nous avons des difficultés suite au manque de carburant. Les pirogues ne vont pas dans la mer. Avant, je pouvais vendre 10 à 20 bols par jour, sans compter les gros poissons. A l’heure-là, ce sont les piroguiers qui s’associent pour envoyer une seule pirogue en mer pour chercher les poissons. Nous avons eu uniquement 4 bols de poisson aujourd’hui. Avec cela, les femmes mareyeuses auront de sérieuses difficultés. Par exemple, quand je revends un bol de poisson entre 50 000 et 70 000 GNF, rien ne va me rester. Même le prix de carburant du piroguier n’est pas sorti, à plus forte raison parler de gain. Pour se rendre au lieu de travail, c’est-à-dire au port, je paye 10 000 GNF alors qu’avant je payais 3 000 GNF. Je demande au gouvernement de revoir notre situation », a sollicité Bambé Soumah, porte-parole des femmes mareyeuses du port de Dixinn 3.

Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 628 516 796

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