Réduction des financements de l’aide publique au développement en 2025: une crise déjà amorcée (Par A. Diallo)

il y a 3 heures 19
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Dans le secteur de l’aide publique au développement (APD), les perspectives pour 2025 s’annoncent particulièrement préoccupantes. Avec le retour effectif de Donald J. Trump à la Maison-Blanche, conjugué à des crises géopolitiques en Europe et au conflit en Ukraine, une réduction drastique des financements pour les projets de développement et l’aide humanitaire est désormais une réalité imminente.

L’impact des politiques de Donald Trump sur l’aide au développement Le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) a déjà montré les effets de sa politique isolationniste « America First » sur l’aide publique au développement.

Sous son administration, plusieurs coupes budgétaires ont été opérées, affectant directement les contributions des États-Unis, l’un des principaux donateurs mondiaux.

Parmi les mesures les plus marquantes :

1. Réduction des budgets d’aide internationale : En 2018, Donald Trump a proposé une réduction de 30 % des budgets du Département d’État et de l’USAID, les deux principales entités en charge de l’APD. Plusieurs agences onusiennes, comme l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM), ont vu leurs financements américains considérablement réduits.

2. Retrait des accords multilatéraux : Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et le désengagement de certains traités internationaux ont démontré un désintérêt manifeste pour les engagements multilatéraux, y compris ceux liés au développement durable.

3. Conditionnalité de l’aide : L’administration Trump a conditionné l’octroi de l’aide à des critères stricts, notamment des alignements politiques ou des engagements sur des priorités américaines. Cela a eu pour effet de détourner les financements des pays les plus vulnérables au profit de partenaires stratégiques.

4. Réduction des contributions aux ONG internationales : Plusieurs ONG opérant dans des contextes humanitaires critiques ont vu leurs subventions coupées, avec des impacts directs sur les services fournis dans des zones de crise. Avec son retour en 2025, il est hautement probable que cette politique se poursuive, voire s’intensifie, dans un contexte où les priorités nationales américaines sont axées sur la lutte contre l’inflation, la sécurité intérieure, et la compétition économique avec la Chine.

Un contexte international aggravé par des crises multiples

En parallèle, les crises politiques en Europe et la guerre en Ukraine continuent de détourner des ressources significatives des programmes de développement vers des enjeux locaux et régionaux. L’Allemagne et la France, traditionnellement parmi les principaux donateurs, redéfinissent leurs priorités budgétaires face à des contextes politiques instables et des crises économiques intérieures. Un besoin urgent de réinvention dans le secteur Face à cette nouvelle donne, il devient impératif pour les acteurs du développement de s’adapter :

1. Diversification des sources de financement : Les bailleurs privés et les partenariats public-privé doivent être davantage mobilisés. La philanthropie internationale, bien qu’insuffisante pour compenser les pertes publiques, représente une piste à explorer.

2. Optimisation des ressources locales : Les pays bénéficiaires doivent renforcer leurs capacités de mobilisation interne, notamment via une meilleure gestion des ressources publiques, des réformes fiscales et une lutte accrue contre la corruption.

3. Exploitation des apports de la diaspora : Les transferts de fonds des diasporas africaines, par exemple, dépassent les montants de l’aide publique internationale. Ces flux financiers peuvent être orientés vers des investissements structurants via des mécanismes d’incitation.

Un avenir basé sur l’autonomie Avec des financements internationaux en chute libre, chaque pays doit désormais repenser son modèle de développement pour s’appuyer davantage sur ses propres ressources et ses partenariats locaux.

Cette crise, bien qu’inquiétante, offre une opportunité historique de construire des systèmes plus résilients et autonomes. Le secteur de l’aide publique au développement, tel qu’il existe aujourd’hui, entre dans une phase critique de transition. Ceux qui sauront anticiper et innover auront la capacité de s’adapter à ce nouvel environnement, tandis que les autres risquent d’en subir les conséquences de manière dramatique.

Algassimou Poredaka Diallo

Expert en Développement

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