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Actuel neuvième de la Ligue 2 (4J), Karfamoriah Fc est un club de 2ème division guinéenne qui tient son nom de la sous-préfecture de Karfamoriah, située à quelques 6km du chef-lieu de la région administrative de Kankan. Comme depuis cinq ans, l’ambition cette année encore de cet habitué de la Ligue 2 professionnelle, est de se faire une place au soleil, c’est-à-dire se hisser à la division supérieure.
Dirigé depuis 2017 par l’ancien ministre des affaires étrangères Ibrahima Kalil Kaba qui considère son apport comme une sorte d’appui au club de son village, Karfamoriah Fc dispose aujourd’hui de ressources nécessaires pour atteindre cet objectif qui reste le même pour tous les autres clubs de Ligue 2. D’ailleurs, depuis quelques années, beaucoup de joueurs formés au sein de ce club de la petite commune rurale de Karifamoriah font le beau jeu de plusieurs clubs de Ligue 1 aujourd’hui.
Amateur de football depuis l’enfance
« Je suis un amateur de football avant de devenir homme politique. Pour tout jeune né vers les années 70, les exploits du Hafia n’ont laissé personne indifférent. Quand je suis revenu au pays aussi en 2012, c’était l’une de mes activités favorites. Il y a cinq ans, les jeunes du village (sous-préfecture de Karfamoriah, ndlr) qui avaient créé le club sont venus me voir, parce le club était parvenu à se hisser en National 2, pour les accompagner pour pouvoir accéder aux échelons supérieurs du football. C’est comme ça qu’on a traversé le championnat de National 2 pour accéder en National 1 en 2017. Au début de notre collaboration, l’apport était plutôt une sorte d’appui qu’on apportait à l’équipe du village. Mais quand ils sont arrivés en National 1, ils ont demandé formellement que le club soit repris. J’ai insisté à ce que le pourcentage de 49% demeure avec la commune de Karfamoriah. Avec des ressortissants du village et d’autres amis, nous formons le bureau exécutif du club qui est actuellement en Ligue 2 professionnelle. (…). Après la reprise du club, on a procédé à une sorte de restructuration du club, avec l’ouverture des comptes et autres. D’année en année, on a commencé à prendre des entraîneurs d’un certain acabit. Nous sommes heureux aujourd’hui d’avoir un des rares entraîneurs en Ligue 2, qui a une licence B CAF et qui se trouve être une légende du football de Kankan, en la personne de Monsieur Faraban Camara qui fut gardien de Milo, de l’ASK et autres. (…). Les progrès majeurs aujourd’hui, je crois que c’est l’accession à la Ligue 2 professionnelle. N’oubliez pas que nous sommes une sous-préfecture très proche de Kankan mais dépourvue d’activités économiques extraordinaires comme nos frères de Kamsar et Boké. Le club vit, en grande partie, des contributions des ressortissants de la sous-préfecture établis à Conakry ou ailleurs. Il y a aussi le fait que depuis 5 ans, nous sommes en Ligue 2 et nous y résistons tant bien que mal aux pressions de clubs beaucoup plus anciens. Nous avons aussi près d’une dizaine de nos anciens joueurs qui font les beaux jeux des clubs en Ligue 1 aujourd’hui …», a expliqué d’entrée l’ancien ministre affectueusement appelé Lilou.
Le Club avance mais les difficultés pourraient stopper l’élan
Bien que ses dirigeants soient animés de l’ambition de bien faire, depuis cinq ans, Karfamoriah Fc, comme tous les autres clubs en provenance de l’intérieur du pays, fait face à un certain nombre de difficultés qui freinent sa progression. Ces difficultés sont liées, entre autres, à l’environnement juridique et sanitaire des joueurs, au déséquilibre en matière de représentativité des clubs du football sur le territoire national. À ces difficultés, ajoute le président de Karifamoriah, celle liée à l’hébergement des joueurs de clubs qui ont pour lieux de résidence, l’intérieur du pays.
« Les difficultés majeures sont liées, je dirais, à l’environnement juridique et sanitaire des joueurs. C’est vrai, en temps normal nous sommes en Ligue 2 professionnelle, mais il ne faut pas oublier que ce sont des jeunes gens qui jouent. Donc la première inquiétude que nous avons à tout moment, ce sont des questions liées à la santé des joueurs qui jouent pour nous ; le manque d’assurance lié aux activités sportives. Ceci est une inquiétude majeure que nous avons partagée avec les responsables de la Ligue guinéenne de football professionnel qui se sont engagées à ce que les assurances soient exigées maintenant pour tous les joueurs et les staffs, peut-être dans le cadre même d’une convention collective. La deuxième difficulté, c’est une sorte de déséquilibre en matière de représentativité des clubs du football sur le territoire national. Vous n’êtes pas sans savoir la grande majorité des clubs de la Ligue professionnelle, en particulier la Ligue 2, résident soit à Conakry ou dans la Guinée-maritime, cela inclut Boké et Kindia. Nous sommes la seule équipe de la Ligue 2 qui ne soit pas dans ce rayon. En matière de déplacement, la charge est beaucoup plus lourde pour nous qui quittons à Kankan qu’une équipe qui vit à Conakry. Cette année par exemple, il n’y a que 4 équipes de l’intérieur du pays en Ligue 2. Ces dernières années, nous avons vu jusqu’où ces difficultés amènent des équipes qui sont aussi loin que nous. Ces difficultés ont un effet pervers sur la représentativité au niveau national (…) parce qu’ils ne peuvent pas supporter les frais de déplacement. C’est très difficile d’entretenir un club qui réside à l’intérieur du pays. À termes, si cette question n’est pas regardée de près, on risque de se retrouver avec, essentiellement un championnat de Conakry. On a de grandes régions de foot, mais qui ne sont malheureusement pas représentées dans les Ligues de football aujourd’hui. On a aucune équipe de la région administrative de N’Zérékoré dans le championnat de division 1 ou 2, aucune de Faranah, de Mamou, etc. Cela est un problème réel qu’il va falloir régler parce qu’il y a beaucoup de talents dans ces régions. L’autre difficulté pour une équipe qui se déplace comme nous, c’est la possibilité d’avoir un endroit acceptable qui puisse accueillir tous nos membres. On se déplace à près de 40 et la question d’hébergement est toujours une difficulté. Les hôtels sont prohibitifs et il n’y a pas de structures publiques qui le permette. Vous me donnez l’opportunité de demander aux responsables de la Fédération, de voir dans quelle mesure certaines des salles du Centre technique de Nongö peuvent être aménagées pour pouvoir accueillir les équipes qui viennent de l’intérieur, le temps de leurs matchs », a-t-il lancé.
Objectif cette année
« L’objectif, chaque année, est de monter en Ligue 1, ce sont les réalités du terrain qui décident le contraire. On est confronté à des situations qui sont quand même communes à presque tous les clubs. Cette année par exemple, nous avons perd beaucoup de nos joueurs dans le cadre de l’immigration clandestine. Ce sont des phénomènes de société auxquels il faut faire face. Nous sommes un club de Ligue 2, nous avons une politique sportive qui ne veut pas qu’on empêche nos talents d’aller dans les échelons supérieurs. (…). Le fait que le National se joue actuellement qu’en play off ne permet pas que la vie sportive soit animée. Avoir des championnats de façon intégrale permettrait que de Yomou à Koundara, qu’on puisse avoir des activités footballistiques dans ces zones. Ça fait des années qu’on n’arrive pas à organiser la Coupe nationale, il y a quand même des challenges pour s’assurer que le football soit pratiqué sur le plan national. Le football ne peut pas demeurer une affaire de ceux qui ont la chance de vivre à Conakry, puisque c’est vers cela qu’on va maintenant. Le football est une affaire de tous, il est pratiqué partout, même si les infrastructures ne sont pas les mêmes partout. Il faut que des efforts soient faits et par les pouvoirs publics, et par la Fédération, aussi par les sponsors. Il ne faut pas oublier que la Ligue 2 n’a pas de sponsor depuis pratiquement 2 ans », a-t-il ajouté.
Les autorités et mécènes invités à s’intéresser au football
Pour sa part, le Secrétaire général Lancinet 1 Touré a tenu à féliciter ses joueurs pour l’exploit opéré en ce début de championnat, en obtenant 5 sur 12 possibles en 4 matchs joués à l’extérieur. Selon ce cadre, « ce résultat est un bel exploit, quand on connaît l’environnement difficile de la Ligue 2 guinéenne et les matchs à l’extérieur ». Ensuite, il a invité le gouvernement guinéen et les mécènes, à « s’intéresser davantage au football car, selon lui, le jeune Guinéen aime le football mais n’a pas souvent les infrastructures adéquates ou l’environnement adéquat pour la pratique de ce sport roi ».
« En termes de talent, on n’a rien à envier aux autres pays de la sous-région. Il y a des talents naturels ici qui peuvent apporter beaucoup de choses au pays si les infrastructures adéquates sont mises à leur disposition », a-t-il conclu.
MohamedNana Bangoura