Les clients auront-ils leurs habits avant la fête de fin de Ramadan ? Ce qu’en disent des tailleurs de Conakry

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À quelques heures de la fête de l’Aïd-el-Fitr, marquant la fin du mois de ramadan, les ateliers de couture de Conakry ne désemplissent pas. Entre les tailleurs qui se plaignent du manque d’électricité, de l’achat du carburant et des clients qui viennent chercher les habits de fête, l’atmosphère est électrique dans les ateliers. Tel est le constat sur place par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Devant chaque atelier, il y a un groupe électrogène qui alimente les machines à coudre. Les gérantes des ateliers de couture sont bousculées par les clients et clientes par des appels téléphoniques ou par la présence physique. Certains clients, assis à l’intérieur des ateliers, ne semblent pas prêts à rentrer à leur domicile sans leurs habits de fête.

Mme Diouaïratou Diallo, cliente

C’est le cas de Diouaïratou Diallo, rencontrée dans un atelier de couture à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma. « Je suis une cliente d’ici. J’ai envoyé mes habits à coudre depuis quelques jours. Ça fait la troisième semaine, je crois. Il m’avait promis de venir récupérer dans une semaine après l’envoi. Je me suis dite, comme c’est les tailleurs, il ne faut pas venir parce que toujours il donne des faux programmes. Donc, je ne suis pas venue mais la semaine qui a suivi, j’étais venue. Et malheureusement, ce n’était pas encore prêt. Il m’a donnée encore rendez-vous de venir aujourd’hui. Heureusement qu’il était est en train de finaliser le tout. J’ai attendu et puis j’ai reçu. Heureusement que j’ai réussi à avoir avant la fête. Il me dit que le retard s’explique par le manque d’électricité et il y a beaucoup de choses à faire », affirme-t-elle.

Alhassane Diallo, tailleur

Alassane Diallo, tailleur de son état, a dû refouler les commandes pour ne pas perdre la confiance des clients. « Notre gros souci, c’est le manque du courant électrique. On n’arrive pas à travailler la journée. On profite de la nuit pour travailler un peu. Malgré cela, il y a beaucoup de coupures. C’est ce qui fait que cette année nous n’avons pas osé prendre beaucoup de clients pour ne pas perdre la confiance qui existe entre nous. Aussi, malgré qu’on utilise le carburant pour alimenter les groupes électrogènes, nous ne pouvons pas augmenter le prix à nos clients. Si on augmente, ils vont dire qu’on les taxe à cause de la fête. Nous avons des prix fixes pour tous nos anciens clients. Donc, on ne peut pas augmenter le prix. Si on augmente à cause du carburant, cela va nous fatiguer et aussi nos clients. C’est ce qui fait que cette année, nous avons réduit le nombre d’habits à coudre côté broderies. Si Dieu le veut, tous mes clients et clientes auront leurs habits avec la fête », a-t-il déclaré.

Aïssatou Barry

Par contre, maîtresse Aïssatou Barry, qui fait la couture pour hommes et dames, dit avoir été obligée d’augmenter le prix du travail pour s’en sortir. « Nous souffrons beaucoup à cause du délestage. Nous utilisons le moteur pour travailler afin de respecter les dates données aux clients. Nous sommes obligés de répercuter cela sur le prix des clients… ».

Ousmane Diallo, tailleur

De son côté, Ousmane Diallo se plaint du manque d’électricité et se défend du retard occasionné. « Nous utilisons le groupe pour travailler à cause du manque de courant. Les prix qu’on nous propose ne sont pas bons. Quelqu’un te paie 50 000 ou 100 000 GNF, quand tu enlèves le prix du carburant et des matériels pour coudre, à la fin, tu n’as absolument rien avec toi. Et surtout tu ne dors pas. On ne peut pas compter sur EDG. On est obligé d’acheter du carburant pour travailler et avoir un peu. Le client ne connaît pas s’il y a le courant ou pas. Tout ce qu’ils savent, tu leur as donné un délai, s’ils ne récupèrent pas, ils te créent de problèmes. Pour ne pas mentir, cette fête, même s’il y avait le courant 24h sur 24, si tu as beaucoup de travail à faire, tout le monde ne peut pas recevoir son habit. Les personnes qui ont 2 ou 3 complets à coudre, tu leur expliques bien pour qu’ils comprennent. Tu couds un ou deux, le dernier, tu leur demandes de venir après la fête. Par contre, celui qui a envoyé un seul complet, on est obligé de finir pour ce dernier avant la fête. Tout cela se fait grâce à la compréhension mutuelle entre les clients et nous car ce sont eux les patrons. Si on ne travaille pas pour eux, on ne peut pas payer la place que nous avons prise. Nous demandons que l’État aide la population à avoir de l’électricité, surtout nous les tailleurs », plaide Ousmane Diallo.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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