L’épouse de l’ex-ministre Ibrahima Kourouma alerte : «qu’on ne tue pas mon mari en prison»

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Détenu à la maison centrale de Conakry depuis plus de 2 ans, après un mandat de dépôt décerné par la Cour des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), l’ancien ministre Ibrahima Kourouma attend toujours qu’on lui ouvre un jour les portes de la prison pour rejoindre sa famille.
Son épouse Aïssatou Diané qui s’impatiente avec ses enfants de le voir rentrer à la maison a, dans une interview, expliqué la misère morale que vit sa famille depuis le 06 avril 2022.
« Il y a toute sa famille qui est en prison et ils n’ont pas de vie. Ses enfants souffrent, sa maman, malade, se trouve aussi dans la souffrance », informe Madame Kourouma. 
Selon Aïssatou Diané, c’est la déception qui les anime aujourd’hui. « On est vraiment déçus de la justice guinéenne, il faut le dire. Mais on est particulièrement déçus de la Cour suprême. Pourquoi ? Parce que moi, je suis profane en la matière Je ne suis pas de droit, donc je ne connais pas. Mais ce que je ne peux pas comprendre, dès lors que l’instance, qui est la CRIEF, a demandé la mise en liberté de mon mari, que la Cour suprême refuse de donner la liberté à mon mari, Ça, je ne peux pas comprendre. Pourquoi ? Parce que c’est la CRIEF qui l’a amené en prison. Sept juges au niveau de la CRIEF, un premier juge, a donné, a demandé à ce qu’il soit remis en liberté. Sept juges ont siégé ensuite, qui est l’instance supérieure de cette première chambre-là, a confirmé l’ordonnance. Qu’on vienne à la Cour suprême aujourd’hui, qu’on me dise que la Cour suprême, qu’on me dise qu’il y a une mauvaise interprétation de la loi, après un an d’attente. La chose pour laquelle on est en train de suivre ici, c’est la mise en liberté. Le fait que le mandat de détention est caduc et n’a pas été renouvelé. Pour 16 mois. La Cour suprême en a ajouté 12 autres mois. On est où la? Qu’est ce qui se passe ? Je vais être court, je ne peux pas comprendre, quand je suis venue à la Cour suprême, Aly Touré (procureur spécial de la Crief, ndlr) c’est son travail, c’est normal, qui, pour une décision dont il n’est pas d’accord, qu’il se pourvoit en cassation, il est partie à ce procès. Quand il n’est pas d’accord avec quelque chose, c’est normal qu’il fasse appel. Mais, ce qui n’est pas normal, c’est que la Cour suprême, qui est l’instance supérieure, ne soit pas capable de dire le droit », explique cette femme visiblement déçue.
Aujourd’hui, raconte t-elle, la famille Diané ne sollicite qu’il seule chose c’est la liberté de son époux.
«On demande que le droit soit dit. Je suis profane en la matière. Quand le procureur général de la Cour suprême, qui est le représentant d’Aly, confirme que non, mon mari doit être en liberté, que le juge dise qu’il y a eu une mauvaise interprétation, mon frère, mettez-vous à ma place., qu’est ce que je suis censée comprendre ? Et pour clôturer le débat, on nous fait comprendre que c’est une enveloppe politique. Je refuse de croire que c’est une enveloppe politique. Parce que ce n’est pas la politique qui l’a amené là-bas», lance Mme Kourouma.
Poursuivant madame Aïssatou Diané ne trouve pas à redire que la justice demande des comptes à ceux ont géré la chose publique mais « qu’on le fasse dans les règles de l’art », dit-elle. « À un moment donné, c’est normal que l’État demande à un commis de l’État de faire le point sur sa gestion. Et si l’État n’est pas d’accord avec sa manière de gérer, il peut intenter un procès contre lui, tout ça, c’est normal. Mais ce qui n’est pas normal, c’est lorsque l’on viole la loi par rapport à un citoyen qui, aujourd’hui, n’a pas de force pour se défendre. Il n’a pas de force pour se défendre. Et qu’on veuille torturer quelqu’un sous l’enveloppe politique, je refuse, ce n’est pas la politique qui l’a amené là-bas ».
Malgré la longue détention de l’ancien ministre de la ville et de l’aménagement du territoire en prison, son épouse refuse de croire que c’est Mamadi Doumbouya qui  le maintient là-bas.
« Je refuse de le croire, parce que Mamadi n’a aucun intérêt aujourd’hui à ce qu’un citoyen lambda, parce qu’il est devenu un citoyen lambda reste privé de liberté. Aujourd’hui, il est devenu un citoyen lambda. Il n’est pas de l’armée, il n’a pas d’arme, il n’a jamais été dans l’armée. Il a été un simple ministre de l’éducation, un simple ministre de l’urbanisme. Donc, Mamadi, aujourd’hui, le général ne peut pas dire qu’il va détenir mon mari simplement parce qu’il y a un problème, je refuse de croire à cela. Il a dit que la justice était sa boussole. Par conséquent, que la Cour suprême soit responsable et dise la vérité. Je ne peux pas comprendre que Sept juges aient demandé la mise en liberté et qu’ils ne soient pas capables d’interpréter une loi. Ça, je ne peux pas comprendre, messieurs . Même ma voix, vous pouvez deviner déjà comment je me sens. Aujourd’hui, je suis profondément affectée », a-t-elle indiquée. 
Plus loin, l’épouse de l’ancien ministre de l’éducation nationale d’interpeller le président de la transition et son ministre de la justice en ces termes :  «Aujourd’hui, je fais appel au ministre de la Justice, qui est le garde des sceaux, également chargé des droits de l’homme, je l’interpelle. J’interpelle le président pour lui dire que les gens utilisent son nom pour faire du mal aux gens. Le président n’est pas un homme de droit mais il se fait entourer par des hommes de droit pour qu’on lui dise ce qui est faisable et ce qui n’est pas faisable. Nous, famille, quand tu mets un père de famille en prison, il n’est pas seul en prison. Il y a toute sa famille qui est en prison. On ne travaille pas aujourd’hui. On ne fait rien. On n’a pas de vie. Les enfants souffrent, Sa maman souffre. Sa maman est malade Et on continue de le garder. Ce n’est pas la CRIEF, C’est la Cour suprême. Voilà mon cri du cœur. Au président, je lui demande de libérer mon mari. Il est temps qu’il libère mon mari. Il est temps qu’il intervienne. Il est temps qu’il se penche sur le dossier de mon mari pour le libérer. Il est temps que le ministre de la justice et des droits de l’homme se penche sur le dossier de mon mari. Il ne faut pas qu’on tue mon mari en prison. Il n’est plus si jeune, il est malade aussi »..
Comme pour clore, madame Diané Kourouma est revenue sur les aventures de son mari lorsqu’il était aux affaires sous le défunt régime.
«Tout ce qu’il a fait, tout le monde l’a vu à l’oeuvre ici. Il est bien vrai qu’à un moment donné, aucune oeuvre humaine n’est parfaite. Il a eu peut-être à poser des actes qui ne sont pas corrects. Mais il a eu aussi à poser des actes véritablement qui ont fait avancer là où il était. Il a au moins au ministère de l’éducation, il en a fait des progrès, il a construit le siège. Il a donné les résultats des examens à moins d’une semaine. Je dis bien en moins d’une semaine. Ce qu’on nous attendait avant pendant des mois avant d’avoir les résultats. Il a récupéré les domaines de l’État. L’État n’avait aucun titre foncier. C’est lui qui a pu faire ça pour l’État. C’est lui qui se mettait sous la pluie ici pour permettre aux gens de ne pas avoir des inondations. Il faut que les gens reconnaissent à un moment donné les bienfaits de quelqu’un. On ne demande pas qu’il ait un traitement particulier ou un traitement de faveur. C’est normal qu’on lui demande des comptes mais en lui demandant des comptes qu’on ne lui fasse pas du mal, qu’on ne fasse pas l’injustice. Je demande au président de se pencher sur le cas de mon mari », a-t-elle plaidé. 
Mamadou Yaya Barry 

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