Koundara, une localité stratégique vers le chemin d’une meilleure gouvernance locale (Par Oumar Thiam)

il y a 3 heures 21
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Située à l’extrême nord-ouest de la République de Guinée, la préfecture de Koundara est bien plus qu’un simple point géographique sur la carte nationale. C’est un carrefour stratégique, une porte d’entrée naturelle reliant la Guinée à deux pays frères : le Sénégal et la Guinée-Bissau.


Riche de sa diversité ethnique, culturelle et historique, la ville de Koundara, chef-lieu de la préfecture, abrite environ 27 246 habitants selon le recensement de 2014. Elle est traversée par deux axes majeurs — la route nationale n°5, reliant Bensané à la frontière sénégalaise sur 105 km, et la route nationale n°9, qui s’étend de Termessé à Kandikka sur près de 116 km.
Ces routes font de Koundara un point névralgique du commerce transfrontalier et des échanges commerciaux dans la sous-région.

Pourtant, malgré cette position géostratégique privilégiée, Koundara demeure paradoxalement l’une des préfectures dans la région de Boké où le développement local est en pas de caméléons et reste l’une des préfecture les moins dotées de la République de Guinée.

I. Un potentiel géographique et humain inexploité

Composée de six (6) sous-préfectures, la préfecture de Koundara regorge d’atouts géographiques et humains impressionnants.
Sa population, dynamique, courageuse et résiliente, vit principalement de l’agriculture vivrière, du commerce local et de l’élevage.
Son vaste territoire offre un espace agricole fertile, propice à la production céréalière et maraîchère, tandis que son cheptel important constitue une richesse considérable pour l’économie locale et nationale.

Mais ce potentiel reste sous-exploité, faute d’infrastructures adaptées, de routes rurales praticables, de mécanisation agricole et d’un accès suffisant à l’énergie et à l’eau.
À cela s’ajoute un climat particulièrement chaud et sec, qui rend la vie difficile et accentue la vulnérabilité socio-économique des populations, déjà confrontées à l’isolement administratif et à la pauvreté.

Contrairement aux autres préfectures de la région administrative de Boké, Koundara ne dispose d’aucune activité minière. Cette absence prive la localité d’une source majeure de revenus fiscaux et accentue les inégalités de développement avec ses voisines minières.

II. Une administration à bout de souffle

Malgré les efforts louables des autorités préfectorales actuelles l’administration préfectorale de Koundara est aujourd’hui épuisée,
Les bâtiments publics (Préfecture, Mairie, Maison des Jeunes, Stade, Cité administrative — sont dans un état de dégradation alarmant.

La Préfecture, symbole de l’État républicain, n’inspire pas aujourd’hui et manque de confort sources de motivation des cadres, tant ses locaux sont vétustes, tans les bureaux sous-équipés.
La Mairie, censée incarner la gouvernance de proximité, fonctionne dans des conditions difficiles d’un État moderne.
Quant à la Maison des Jeunes, elle est devenue un monument de désalation qui rappelle l’oubli d’une génération et l’absence de politiques publiques en faveur de la jeunesse.

Les services déconcentrés souffrent, faute de moyens logistiques, travaillent dans la précarité, sans outils modernes de gestion.
Le constat est clair : Koundara est administrée avec courage, efficacité et l’espoir dechanger, mais les conditions restent encore très difficiles.


III. Des ressources douanières importantes, mais sans impact local

Ironie cruelle du destin : Koundara occupe le troisième rang national en matière de recettes douanières, derrière le Port autonome de Conakry et l’Aéroport international Ahmed Sékou Touré.
Grâce à sa position frontalière, des centaines de camions franchissent chaque jour les postes de Sambailo, Youkounkoun et Sarékaly, générant des milliards de francs guinéens pour le Trésor public.

Mais cette richesse ne profite en rien à la population locale.
Aucune partie de ces recettes ne revient à la préfecture pour financer ses besoins urgents en infrastructures, en équipements ou en services sociaux de base.
Ainsi, la préfecture qui enrichit la nation demeure paradoxalement affaibli, marginalisée et sans moyens.

Ce déséquilibre fiscal illustre la nécessité d’une réforme du financement du développement local, où les collectivités contributrices bénéficieraient d’un retour équitable de leurs recettes.

IV. Une population résiliente face à la pauvreté et à la chaleur

La vie à Koundara est un combat quotidien.
Malgré les efforts considérables des autorités préfectorales qui multiplient leurs plaidoyer auprès des autorités centrales , le courant électrique, lorsqu’il existe, n’est disponible que de 20h à 1h du matin, et encore, à condition que le carburant soit disponible. Le manque de carburant sur plusieurs semaines, plongent la ville dans une obscurité étouffante.

Cette instabilité énergétique freine tout : le commerce, la conservation des produits agricoles, le fonctionnement des hôpitaux, la scolarité des enfants et la sécurité nocturne.
L’eau potable, quant à elle, reste un luxe rare dans de nombreux quartiers.
La chaleur accablante, la poussière, l’obscurité et la pauvreté forment un cocktail d’abandon qui n’entame pourtant pas le courage et la dignité du peuple de Koundara.

V. Des défis immenses, mais pas insurmontables

Les défis sont nombreux,et la voie vers le changement est tracée.
Pour sortir Koundara de son isolement et de sa misère, il faut :

  1. Octroyer à la préfecture une part des recettes douanières afin de financer ses projets de développement local.
  2. Reconstruire les infrastructures administratives et publiques, notamment la Préfecture, la Mairie, la Cité administrative, la Maison des Jeunes et le Stade.

  3. Améliorer la gouvernance locale par une meilleure planification et mise en œuvre des Plans de Développement Local (PDL) et Plans d’Investissement Annuel (PAI).

  4. Renforcer les capacités des administrateurs, élus et acteurs communautaires.

  5. Soutenir les activités socioéconomiques locales : agriculture, élevage, commerce transfrontalier, artisanat et écotourisme.

  6. Garantir un accès durable à l’électricité et à l’eau potable, conditions essentielles pour tout développement humain et productif.

VI. Appel à la solidarité nationale et à la responsabilité collective

Le développement de Koundara n’est pas une faveur : c’est un devoir national.
Il interpelle non seulement l’État central, mais aussi les ressortissants de Koundara, les ONG, les partenaires techniques et financiers, et tous les citoyens attachés à la justice territoriale.

Les fils et filles de Koundara, qu’ils soient en Guinée ou dans la diaspora, doivent s’unir, investir, soutenir les initiatives locales et accompagner les jeunes et les femmes vers l’autonomie.
Le Gouvernement, de son côté, doit reconnaître la contribution stratégique de Koundara et la placer au cœur de la politique de décentralisation et d’équité régionale.

Redonner espoir à une préfecture en souffrance est ke véritable vœu des autorités préfectorales actuelles.

Koundara n’est pas une préfecture sans avenir.
Elle est le reflet d’une Guinée périphérique, laborieuse, fière, et profondément attachée à la République.
Mais elle a besoin qu’on l’écoute, qu’on la soutienne, qu’on l’aide à transformer son potentiel en prospérité.

Koundara ne demande pas l’aumône, mais la reconnaissance.
La reconnaissance de sa position stratégique, de sa contribution économique, et du courage de son peuple.
Lui redonner espoir, c’est rendre justice à une région et à une préfecture oubliée et investir dans l’équilibre territorial de toute la Guinée.

Oumar Thiam, Juriste et Administrateur Civil

Koundara, 18 octobre 2025

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