Pénurie persistante d’essence à Kankan : l’érudit El Cheick Souleymane Sidibé pointe du doigt le gouverneur…

La pénurie d’essence qui paralyse Kankan depuis plusieurs semaines ne cesse d’alimenter la colère et les critiques. Ce week-end, en marge de son prêche hebdomadaire à son domicile du quartier Aviation, l’érudit El Cheick Souleymane Sidibé a brisé le silence et épinglé les autorités locales, désignant le gouverneur, le préfet et le maire comme principaux responsables de la crise.

« Ce que je vais vous dire sur la crise d’essence, la maladie n’est pas à Conakry, c’est à Kankan ici. Je jure, la crise qui frappe la Haute-Guinée n’est pas causée par le président Doumbouya, ni par la ministre de l’Administration. Le premier responsable, c’est le gouverneur, le deuxième c’est le préfet, le troisième, le maire. Si vous ne soignez pas cette maladie, Dieu s’en chargera, inchallah », a lancé le religieux devant ses fidèles.

Selon lui, cette pénurie ne reflète pas un problème national, mais plutôt une mauvaise gestion et des pratiques peu transparentes au niveau des autorités locales.

« Il n’y a pas de crise d’essence à Conakry. Mais quand tu approches de Kankan, c’est là que tu vois la crise. Gouverneur, prends tes responsabilités, car la maladie est chez toi ! Si la situation perdure, c’est à cause de vous trois : gouverneur, préfet et maire. Si vous ne trouvez pas la solution, d’autres la trouveront », a-t-il martelé.

El Cheick Souleymane Sidibé n’a pas seulement pointé les responsables politiques. Il a également dénoncé les conséquences dramatiques de cette crise sur la population, en particulier sur les femmes enceintes :

« Aujourd’hui, à Kankan, si une femme enceinte commence le travail, c’est un calvaire. À cause de cette pénurie, elles peuvent passer plusieurs heures avant de rejoindre l’hôpital, ce qui conduit parfois à des drames. »

Par ailleurs, l’érudit a accusé certains agents des forces de l’ordre de se livrer à la corruption dans la distribution du carburant.

« Les policiers et les gendarmes, au lieu de veiller à la régularité dans les stations, se livrent à la corruption. Ils prennent de l’argent des trafiquants pour les laisser passer. Quand ils perçoivent 400 000 francs, ils ferment les yeux. Voilà pourquoi la population souffre, pendant qu’on accuse injustement le président », a-t-il dénoncé.

Enfin, il a rejeté les arguments liant la pénurie en Haute-Guinée à la situation au Mali :

« Il y a de l’essence à Conakry, au port ! Pourquoi dire que c’est à cause du Mali ? Assimi est président là-bas et Mamadi ici. Kankan seul peut salir toute la Guinée », a-t-il ironisé.

Cette sortie vigoureuse intervient alors que la tension sociale monte à Kankan, avec de longues files d’attente devant les rares stations encore ouvertes et un litre d’essence se négociant jusqu’à 30 000 francs guinéens sur le marché noir.

Karifa Doumbouya, correspondant à Kankan

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