Hommage unanime au “Général” Abdoulaye Sow : ‘’même malade, il tenait debout, c’était un excellent négociateur’’

Le décès d’Abdoulaye Sow, secrétaire général de l’USTG et de la FESABAG, figure majeure du syndicalisme guinéen, survenu ce matin à la clinique Ambroise-Paré, laisse derrière lui un vide que beaucoup jugent impossible à combler. Pour en savoir plus, notre rédaction s’est rendue ce mardi 2 décembre 2025 au domicile du défunt, à Nongo-Morykanteya. Là, dans une cour pleine à craquer, pleurs, sanglots et cris de détresse se mêlaient aux pas précipités de proches, d’amis et de camarades syndicalistes. Tous tentaient d’affronter l’inacceptable : la disparition soudaine du “Général” du syndicat.

Si la famille, bouleversée, n’a pu livrer de témoignage, ses compagnons de lutte ont, eux, pris la parole pour saluer un homme dont l’engagement n’a jamais faibli. Le “Général”, comme beaucoup l’appelaient, n’était pas seulement un syndicaliste aguerri : il était une voix, une force, une constance.

« Un combattant qui n’a jamais rien lâché »

Pour Alpha Mamadou Pathé Diallo, employé à la VISTAIGUI et camarade syndical au sein de la FESABAG, la perte est immense.

« C’était un combattant, un travailleur digne qui n’a jamais rien lâché. Il s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour améliorer les conditions des travailleurs, dans les banques comme dans tout le pays », confie-t-il, la voix étranglée.

Il se souvient encore de leur dernière réunion, quelques jours plus tôt, à l’Inspection du travail :

« Même malade, il tenait debout. C’était un excellent négociateur, un homme que l’Afrique elle-même reconnaissait. »

Le témoignage bouleversant de sa fidèle collaboratrice

Au siège de l’USTG comme partout dans le pays, la consternation domine. Mariama Dalanda Barry, secrétaire générale adjointe de la centrale syndicale et proche collaboratrice du défunt, peine à trouver ses mots :

« J’ai perdu un ami, un compagnon de lutte, un confident… Il avait confiance en moi et moi en lui. Nous avons traversé toutes les épreuves ensemble. »

Elle raconte leurs derniers échanges, entre le vendredi et le dimanche. Abdoulaye Sow disait simplement être fatigué, pensant à une variation de son diabète, maladie qu’il surveillait pourtant avec rigueur.

« Je voulais le voir en réanimation, mais Dieu en a décidé autrement », souffle-t-elle.

Pour elle, Abdoulaye Sow était un rassembleur. Sa disparition intervient alors que l’USTG venait de retrouver son unité après des années de division.

« Il était notre président. Il a permis à la centrale de redevenir une seule famille. »

Un défenseur acharné des travailleurs… et des entreprises

Pour Elhadj Oumar Bella Diallo, membre fondateur de l’USTG, le défunt était « un grand combattant », héritier naturel du docteur Ibrahima Fofana. Il rappelle avec force son implication dans les crises sociales les plus sensibles, notamment celle qui a récemment secoué Ecobank.

« Il a été emprisonné pour avoir défendu la survie de la banque, parce qu’il savait que derrière chaque travailleur, il y a au moins sept personnes à nourrir. »

Sow, explique-t-il, incarnait un syndicalisme de participation, soucieux non seulement des travailleurs mais aussi de la stabilité des entreprises :

« Partout où nous avons des affiliés, nous défendons aussi la société. Abdoulaye faisait vivre cette philosophie. »

Le vieil homme se remémore aussi les derniers instants : un appel le vendredi, un retard inhabituel après la prière, puis la terrible nouvelle.

« Tous les travailleurs de Guinée sont attristés. La Guinée a perdu un homme célèbre, un pilier, un repère. »

La chute d’un arbre : un tournant dans l’histoire syndicale

En un instant, la Guinée perd un homme qui aura consacré sa vie à ceux qu’il appelait « les sans-voix ». Des salles de négociations aux tribunes internationales, Abdoulaye Sow portait haut les préoccupations des travailleurs. Jusqu’à sa dernière bataille.

Ce mardi, à Nongo, les pleurs des femmes, le silence des hommes, les yeux baissés de ses camarades disaient tous la même chose : un arbre vient de tomber. Et avec lui, une part du mouvement syndical guinéen.

Le corps du “Général” Abdoulaye Sow a été transporté à la morgue de l’hôpital Sino-Guinéen. Et, au moment où nous quittions les lieux, aucune information relative à son enterrement n’avait encore été annoncée.

Christine Finda KAMANO

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