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Au cœur de la commune rurale de Fatako, dans la préfecture de Tougué, s’élève une mosquée impressionnante, capable d’accueillir plus de 5 000 fidèles. Un édifice majestueux, planté à seulement deux cents mètres de la vieille mosquée de Fatako, qui, pourtant elle, n’attendait qu’une rénovation pour retrouver sa splendeur.
Cette nouvelle mosquée, construite par feu Elhadj Ousmane Baldé, alias « Sans Loi », devait être un symbole. Elle est devenue une interrogation.
Un projet monumental entouré de controverses
Dès son lancement, la construction du bâtiment avait suscité des tensions. Beaucoup dénonçaient sa proximité avec la mosquée historique, laissée à l’abandon malgré les besoins urgents de réhabilitation. L’inauguration, en mai 2016, avait même été boudée par plusieurs autorités administratives : un signe précoce du malaise que ce projet allait créer.
Cinq mille places… et pourtant presque vide
Neuf ans plus tard, le constat est amer. Depuis son ouverture, la mosquée n’a été remplie qu’à deux reprises :
le jour de son inauguration, puis en 2023, lors de l’inhumation de son propre bâtisseur, Elhadj Ousmane Baldé, originaire de la sous-préfecture de Fatako, préfecture de Tougué et figure connue du monde économique guinéen.
Même la prière du vendredi, traditionnellement la plus fréquentée, n’y rassemble pas plus de 500 fidèles. Les rangées vides s’étendent, silencieuses, comme un symbole d’un projet démesuré pour une localité trop peu peuplée.
Les vraies questions que Fatacko n’ose plus éluder
Cette mosquée géante n’a-t-elle pas été construite au mauvais endroit, au mauvais moment, pour de mauvaises raisons ?
Fallait-il bâtir un tel monument alors que plusieurs mosquées existaient déjà ?
N’aurait-il pas été plus utile — et plus sage — de rénover l’ancienne mosquée, ou de construire un édifice plus modeste, accompagné de foyers islamiques et d’infrastructures réellement adaptées aux besoins de la communauté ?
Et maintenant :
Qui prendra la responsabilité de son entretien ? Qui financera sa rénovation quand le temps l’aura davantage abîmée ?
Ces questions demeurent sans réponse, tandis que l’œuvre de « San Loi », héritage d’un homme ambitieux, se dégrade lentement au fil des jours.
Un héritage qui s’effrite
Elhadj Ousmane Baldé laisse derrière lui une mosquée imposante mais vieillissante, et surtout orpheline de fidèles et d’entretien.
Avec cette cadence où la construction de mosquées devient une véritable course, le Secrétariat général des Affaires religieuses ne devrait-il pas repenser ou redéfinir les critères encadrant l’édification des lieux de culte dans notre pays ? Surtout à un moment où les citoyens ont davantage besoin d’infrastructures sociales de base.
En attendant la réponses à ces nombreuses interrogations, Fatako se retrouve face à un géant de béton ou s’il le faut à « un fardeau » que personne ne semble prêt à porter.
Boubacar Garki Diallo, journaliste
L’article Fatako- Une grande mosquée, un vide béant : le pari manqué de « Sans Loi » ? (Par Boubacar Garki Diallo) est apparu en premier sur Mediaguinee.com.
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