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« Je supplie le parquet, vraiment cette fois-ci je le supplie humainement de ne pas s’opposer à ma demande. Ce n’est pas parce que les textes disent que quand quelqu’un est malade il faut le libérer. Non ! C’est une doléance humanitaire que j’adresse à la Cour. Je vous demande humainement de ne pas me laisser avoir un handicap qu’on peut éviter « , a imploré ainsi l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro CAMARA, au cours de l’audience de ce lundi 25 mars.
Damaro a indiqué au tribunal qu’il est malade et hospitalisé depuis 15 mois. “Cet appareil que vous voyez avec moi, je suis obligé de le mettre sur mon pied au moins 5 minutes toutes les 3 heures pour ne pas prendre le risque de me blesser parce je ne sens plus rien. J’avoue que ça allait mieux en décembre 2023. Mais depuis deux semaines, ça a repris de manière inquiétante et les médecins me disent que si je continue à me stresser, je risque de perdre mes orteils au mieux. Ils (les médecins) appellent cela la neuropathie périphérique. J’ai fait 7 demandes de liberté provisoire et on m’a accordé 5 fois [mais qui n’ont jamais été exécutées]. Je crois que je me suis soumis à cette justice de bonne foi. J’ai été interrogé sur mon lit d’hôpital par la Cour ( la composition ) qui vous a précédée. J’ai cru qu’ils étaient pressés. Et depuis juillet 2023, nous sommes sur ce procès me concernant. Je voudrais solliciter très humblement, qu’il vous plaise de m’accorder une liberté provisoire, sous contrôle judiciaire pour que ce changement de milieu puisse me mettre hors risques de perdre mon pied. Sachant qu’aucun de vous ne voudrait me voir mutilé car apparemment on est loin encore de la fin du procès. Je suis convaincu que je ne représente pas une menace ni pour la société, ni pour l’État ”, a plaidé Amadou Damaro Camara qui a demandé à parler alors que l’audience de ce lundi était consacrée à la déposition de son co-accusé Kim.
En réplique, le parquet a estimé que la demande de Damaro n’est pas appuyée sur un certificat médical récent. Et, la pathologie dont il souffre n’est pas liée à son incarcération. « La défense a tendance à nous faire croire que les pathologies dont souffrent monsieur Camara sont dues à son état d’incarcéré. C’est loin de celà, il faut qu’on vous dise la vérité. Je ne sais pas comment ils articulent leur demande, mais les dispositions sur lesquelles il s’appuient, vous pouvez les analyser du début à la fin pour voir si la maladie est une cause de liberté (…) Depuis un bon moment, il est au niveau d’un centre hospitalier. Les rapports dont on parle datent de plus d’un an. Donc, ce que je suggère monsieur le président, c’est de prescrire un examen médical pour son état actuel. En fonction de ça, vous pourriez en toute indépendance prendre une décision. Je suis au regret de vous dire que la maladie n’est pas une cause de liberté « , a dit le procureur spécial Aly Touré.
Après cette réplique du procureur, la Cour a mis la demande de Damaro en délibéré et renvoyé l’affaire au 22 avril 2024 pour la suite des débats.