Quitter le pouvoir dignement en Afrique : un choix impossible pour beaucoup de dirigeants (Par Dr Ibrahima Chérif)

il y a 2 heures 13
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Dans les pays africains, et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, de nombreux chefs d’État sont confrontés à des obstacles lorsqu’il s’agit de se retirer du pouvoir avec honneuret dignité. İls sont animés par l’aspiration à conserver leur domination et leurs avantages, et craignant de perdre leur poids politique, ces chefs d’État exploitent régulièrement les fragilités des institutions ainsi que l’insuffisance des dispositifs de succession pour prolonger leur contrôle du pouvoir étatique. Comme il est souvent dit, celui qui est né carré ne peut pas mourir cercle : cette maxime reste une réalité dans la vie politique africaine. Nos dirigeants répètent les mêmes erreurs sans modifier leurs modes opératoires. Le monde évolue dans un système où l’Afrique peine à transformer son paysage politique. Le pouvoir y est perçu comme un miel que l’on doit continuer à sucer sans partage et sans alternance.

Nos dirigeants préfèrent l’humiliation pour quitter le pouvoir au lieu de partir dignement afin d’instaurer un climat politique stable. Comment peut-on accepter l’idée qu’un chef soit irremplaçable parmi des millions de citoyens ? Cette croyance, considérée comme une vérité dans nos pays, est pourtant absurde. En réalité, tout le monde est remplaçable. Les coups d’État doivent être considérés comme une humiliation pour l’image d’un pays, un peu comme un enfant né hors mariage. Cela reste possible parce que nos dirigeants n’arrivent pas à honorer leur serment. Tant que nos constitutions et nos lois ne seront pas strictement respectées par les dirigeants africains, et que la population ne les sanctionnera pas démocratiquement, le mal perdurera.

Tant que cette mentalité politique ne changera pas, il sera difficile de mettre fin aux crises politiques et institutionnelles. Les problèmes politiques sont connus, mais personne ne veut changer, chacun souhaitant que le système continue de fonctionner à son avantage. La comparaison entre le comportement avant le pouvoir et après l’avoir exercé est souvent catastrophique. Contrairement à ce que l’on observe dans de nombreux pays occidentaux, dans la plupart des pays africains, la sortie du pouvoir se transforme en humiliation et en déshonneur, au détriment de nos valeurs nationales. L’amour et le pouvoir ont cela en commun : lorsqu’il n’y a plus de saine complicité, mieux vaut le divorce que l’humiliation.

La problématique des coups d’État militaires, il faut comprendre qu’un coup d’État militaire est avant tout une crise, qui prend racine dans un contexte précis et connu. Tant que les causes qui motivent ces coups d’État ne sont pas traitées, résolues et évitées, ils continueront à se produire, peu importe le moment. Comme je le souligne dans mes déclarations, un pays qui a déjà connu un coup d’État militaire et qui n’a pas trouvé de solution aux causes profondes en connaîtra un autre.

Il est vrai que plusieurs facteurs motivent les coups d’État, mais il est possible de les regrouper ainsi : la faiblesse des institutions politiques et démocratiques, le manque de transparence dans les élections où l’élu n’est pas légitime aux yeux de tous, la fragilité du système judiciaire, la mauvaise gouvernance notamment les crises socio-économiques et politiques et la corruption généralisée. Et principalement lemanque de réponses aux problèmes fondamentaux de la population, le problème de l’éducation, le manque de patriotisme, le manque de volonté du pouvoir civil et le manque du civisme au sein de la population le problème dans l’armée principalement la politisation de celle-ci (la garde présidentielle ou l’élite militaire assoiffée de pouvoir) etl’ingérence des puissances occidentales. La solution réside dans l’inverse de ces facteurs précédemment énumérés.

Nos dirigeants se préoccupent souvent davantage de conserver le pouvoir que de répondre aux attentes citoyennes. L’insécurité, alimentée d’une part par le mauvais partage des ressources entre citoyens et régions, et d’autre part par les phénomènes liés au « coup d’État constitutionnel » comme le « mandat de trop », observé en Guinée avec Alpha Condé, au Gabon avec Ali Bongo, en Guinée-Bissau avec Embaló, et chez d’autres dirigeants, cela contribue également à créer un climat favorable aux coups d’État militaires, qui diffèrent des coups d’État classiques survenus après 1960 et 2000.

Dr Ibrahima CHERIF

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