Quelle distinction peut-on établir entre Alpha et Doumbouya: le passage du sauveur à l’instigateur ? (Par Ibrahima CHERIF)

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Depuis l’arrivée du Général Mamady Doumbouya à la tête de notre pays, l’espoir renaît et les promesses résonnent comme une mélodie longtemps attendue par la population. Comme on dit, les douces sauces ne durent pas sur le riz. Au fil du temps, les promesses tenues deviennent touffues. C’est ainsi, les commentaires divergent concernant la situation actuelle de la Guinée c’est-à-dire elle demeure inchangée malgré certaines réformes entreprises par le CNRD. Il faut être malhonnête de ne pas souligner quelques fondements du développement engagés au cours de cette transition, mais un retour à l’ordre constitutionnel demeure incertain, car la direction du vent à suivre peine à se définir clairement (la boussole) comme prévue. Les Guinéens traversent une période très difficile, tant sur le plan social que sur le plan économique. Le ‘’peu’’ qui existait n’est plus au rendez-vous à Conakry comme à l’intérieur du pays. La population a pris une pause aux manifestions pour s’exprimer autrement à maintes reprises ses préoccupations ; sa voix semble rester inaudible (peut-être elle a peur des armes ou donner du temps aux pouvoirs publics, car si telle situation précaire se produisait dans un pouvoir civil ; la réaction serait différente évidemment). Vu que le pouvoir civil est plus démocratique que militaire, il serait important d’être méfiant dans les revendications politiques et sociales. Par conséquent, cette situation dégradante nous pousse à affirmer que quelque chose ne va pas. Il est urgent de comprendre les besoins de cette population avant qu’il ne soit trop tard. Un peuple souffrant en silence constitue un danger pour toute nation.

Alpha et Doumbouya ?

Pendant la gouvernance d’Alpha, il fut accusé de tous les maux, allant de la corruption à l’emprisonnement des acteurs politiques, en passant par la dégradation du tissu social, l’abus de pouvoir, un mandat de trop, la restriction des libertés fondamentales, ainsi que les crises institutionnelles et économiques. Malheureusement Après Alpha, nous observons maintenant la gouvernance de Doumbouya, qui semble reproduire ces mêmes comportements, voire plus : la liberté d’expression et de presse est menacée, les médias sont restreints, les manifestations sociales et politiques sont limitées, Internet est pratiquement coupé, et il y a un manque d’initiative pour les jeunes malgré le dépôt des dossiers répétitifs sans suite (servir 224 et les recrutements pour la fonction publique sans suite) et d’autres non cités. Cependant, si une grande partie de la population vous a applaudi, non pas parce que vous êtes le plus fort ou le plus beau, mais parce qu’elle aspire à une vie meilleure. Lorsqu’un peuple regrette son ancien dirigeant, cela signifie qu’il y a un problème avec le nouveau, ce qui est généralement le présage d’une difficulté imminente. Je vous donne un conseil, mon Général : écouter son peuple est le meilleur conseil au monde, car c’est lui qui peut valoriser et immortaliser vos actions. Les opportunistes arrivent lorsque tout va bien et disparaissent lorsque les temps se font durs. Il est vrai qu’Alpha avait ses défauts et ses qualités, mais il est temps de prendre conscience de la situation pour éviter le chaos à la Dadis.

Quel conseil idéal pouvons-nous donner au Général ?

C’est vrai, il connaît déjà ces conseils, mais juste un rappel. L’imam prêche à chaque occasion pour rappeler ses fidèles à leurs devoirs. Mon Général doit comprendre clairement qu’il n’a pas été élu ; il est simplement issu d’un putsch qui manque de légitimité et sa réussite dépend de ses citoyens. De plus, il doit respecter strictement ses engagements pris lors de la prise de pouvoir le 5 septembre 2021 en favorisant le dialogue avec la classe politique, ainsi qu’avec les acteurs nationaux et régionaux. Il doit rester à l’écoute des préoccupations de ses citoyens sans intermédiaire, éviter les discours et les décisions impopulaires et controversés, respecter les délais pour le retour à l’ordre constitutionnel et former un gouvernement en fonction des besoins et du mérite, non pas par le favoritisme et par des critères médiocres, car les vrais ne font pas trop de bruits.

La dissolution du gouvernement ne prouve-t-elle pas une mauvaise orientation de la transition ?

La dissolution du gouvernement vient confirmer la mauvaise direction prise par la transition. Ce gouvernement était devenu un ‘’séré’’ où chacun cherchait uniquement à tirer profit du pouvoir sans respecter la hiérarchie administrative. Certains ministres étaient plus enclins à se quereller qu’à servir une population affamée, tandis qu’ils menaient une vie quotidienne aisée. Le pays est paralysé, sans aucune perspective pour offrir le meilleur aux citoyens guinéens. Les discours sont creux, remplis de mensonges. La situation de la Guinée confirme les opinions de ceux qui soutiennent que les coups d’État militaires compliquent souvent plus les problèmes qu’ils ne les résolvent. Nous espérons que la nouvelle équipe gouvernementale permettra à la transition de retrouver le bon cap, pour le bien-être de notre cher pays.

Mon Général, écoutez votre population !

İbrahima CHERIF, Doctorant en Sciences Politiques, Administration Publique

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