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Depuis un certain temps, la Guinée est confrontée à une insécurité grandissante. Chaque jour que Dieu fait, des cas d’assassinat, d’enlèvement et de braquage, sont enregistrés dans le pays.
Le kidnapping, le plus récent est celui exercé sur un opérateur économique à Koloma, qui reste sans nouvelles, malgré l’alerte lancée par des conducteurs de taxis motos. Deux parmi eux, ont d’ailleurs été fauchés par balles lors de l’opération, effectuée le 19 novembre 2024.
La situation devient de plus en plus inquiétante, pour l’ensemble des guinéens, notamment ceux qui vivent dans le pays, a fait remarquer Aliou Bah, lors de l’assemblée générale hebdomadaire de son parti, ce samedi 23 novembre 2024.
« Quand l’Etat qui a le rôle et la responsabilité de garantir la sécurité des citoyens, qui vivent sur le territoire national, qu’ils soient guinéens ou pas, est incapable de jouer correctement ce rôle et de répondre aux préoccupations de ceux qui vivent en Guinée, il y a de quoi s’inquiéter. D’abord, c’est un mauvais indicateur par rapport au pays, qui devient de plus en plus infréquentable par le fait de cette insécurité. Ces cas de kidnappings sont à déplorer. Ceux qui en sont responsables qu’ils comprennent que ça n’a pas d’avenir, et ça ne va pas intimider les gens », a-t-il martelé d’entrée.
« Deuxièmement, le mode opératoire, lui-même, qui est le fait des kidnappings, chose que nous avons l’habitude d’entendre ailleurs, dans certains pays, où le niveau de désordre est très élevé, mais en Guinée ça semble devenir maintenant la règle. Tellement que cela est intégré dans l’ordinaire de nos compatriotes, ça passe inaperçu par rapport à certaines victimes. C’est très dangereux ! Le cas le plus récent, c’est celui d’un opérateur économique, monsieur Diallo Alhassane. Je profite de l’occasion pour adresser toute la solidarité du parti à sa famille, et pour davantage exhorter les autorités guinéennes, non seulement de diligenter toutes les dispositions nécessaires pour qu’il soit retrouvé, et que la justice puisse faire son travail », poursuit Aliou Bah, qui peine à digérer le silence du gouvernement face à la disparition forcée des leaders du Front National pour la Défense de la Constitution.
« Nous avons rappelé et nous ne cesserons jamais de le rappeler. Nos compagnons de lutte, activistes de la société civile (Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Bilo Bah), nous sommes toujours sans nouvelles d’eux depuis le 9 juillet. Et, les autorités qui ont la charge de la sécurité de tout le monde, refusent même de faire une communication pour nous élucider », peste-t-il.
Le président du MoDeL déplore ensuite, le retour des habitudes jugées dégradantes des régimes qui se sont succédé en Guinée.
« Le premier régime s’est illustré par ça. Nous avons des familles qui n’ont pas fait encore leur deuil, parce qu’un soir ou une journée, le père de famille a été kidnappé, porté disparu, amené je ne sais où. Et, jusqu’à date, il y a des enfants et des petits enfants, qui n’ont jamais fait le deuil de leurs parents. Le deuxième régime a fait de même, le troisième également. Pendant les transitions, la Guinée c’est une triste répétition de l’histoire par le fait de la violence d’Etat, l’injustice, la criminalité et du traumatisme. Je ne sais pas pourquoi nos dirigeants ne tirent pas des enseignements, pour se dire que ceci ne peut pas être à l’avantage du pays ou à leur avantage, eux-mêmes. Le péché et la malédiction finiront toujours par sévir. Il y a des dirigeants de ce pays, qui ont été puissants, dont la parole faisait même trembler les radios, mais par la suite, ils sont devenus rien du tout et même leurs enfants sont devenus rien du tout par le fait que des innocents aient été victimes de leurs mauvais actes. Nous continuons d’enregistrer et nous regrettons que nos concitoyens soient kidnappés en pleine journée ou le soir, portés disparus dans l’indifférence totale de l’Etat guinéen », déplore le leader du MoDel.
Les menaces pour faire taire les voix dissonantes n’en finissent pas, révèle le jeune leader, qui ne semble point ébranlé.
« En Guinée, tout le monde est aujourd’hui en sursis, à l’exception du cercle qui nous gouverne, parce qu’eux se protègent entre eux et protègent leurs familles et leurs amis. Tout le monde est inquiet pour ceux qui critiquent, comme si la critique était un crime. On reçoit tous les jours des messages. Il y a des menaces déguisées, quelque fois ouvertes, des messages qu’on fait passer par des personnes. Qu’ils soient rassurés que ça ne nous fait ni chaud ni froid ! Ça ne nous fera peur en rien ! On ne nous a pas présentés la Guinée, nous sommes des fils de ce pays. Nous aimons ce pays et nous avons choisi de vivre dans ce pays et de contribuer à son développement, pour que ses populations puissent en bénéficier. Tout pouvoir est éphémère ! Seul le pouvoir de Dieu est éternel ! Nous ne nous inclinerons jamais devant un humain, comme nous ! Il n’y a que Dieu pour qui on peut se prosterner », insiste Aliou Bah.
Au-delà de l’indifférence du gouvernement, en ce qui concerne les disparitions forcées, Aliou Bah se montre gêné par le comportement de certains magistrats, qui avaient avoué travailler sous pression, durant le régime d’Alpha Condé.
« Lorsque le précédent régime est tombé, il y a eu une rencontre au cours de laquelle, certains magistrats avaient témoigné pour dire combien de fois ils étaient gênés, parce qu’ils étaient sous influence, pour prendre certaines décisions. On avait pensé que ceci aurait été une leçon, pour ne pas que ça se répète. Aujourd’hui, nous sommes au regret de constater que la justice se porte encore plus mal. Ce n’est pas cela qu’on nous a promis. Lorsque dans un pays, la justice ne fonctionne pas bien, il n’y a rien d’autre qui puisse bien fonctionner », a-t-il rappelé.
Pour le président du MoDeL, il ne peut y avoir de paix et de stabilité dans un pays, où l’impunité est garantie.
Il invite donc les magistrats à travailler pour retrouver leur intégrité, en respectant leur serment et en faisant respecter les dispositions réglementaires du pays.
Hadja Kadé Barry