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Kalabane Oumar est ex-international, ancien défenseur central du Syli national de Guinée, de l’étoile du Sahel (Tunisie), de l’AJ-Auxerre (France), et de plusieurs autres clubs en dehors de la Guinée.
Né le 8 avril 1981 à Conakry, il est fils de feu Eloi, et de Fatoumata Binta Diallo. Marié à 1 femme, Kalabane est père de 4 enfants, dont 2 filles.
Il a entamé ses études à l’école primaire de Dixinn, et celles secondaires au lycée, à Yimbaya.
Passionné de football, qui avait pris le dessus sur ses études, nous explique-t-il, Kalabane Oumar abandonnera les bancs de l’école au niveau du baccalauréat. Il consacrera le reste du temps à forger ses armes autour du cuir rond, ce qui le propulsera au haut niveau dans la pratique et fera de lui, un professionnel en la matière.
Guinéenews a rencontré cet ex-international guinéen, au centre technique El hadj Cherif Souleymane de Nongo.
Au micro de la rubrique « Que sont-ils devenus ? », Kalabane Oumar nous entretient sur sa venue au football, ses débuts dans les clubs guinéens et tout son parcours professionnel en Afrique, en Arabie et en Europe.
Défenseur central, recruté très jeune au sein du Syli national, pour trois (3) participations à son actif, à la coupe d’Afrique des nations, il nous raconte quelques souvenirs de cette compétition vécue et donne sa part d’analyse, sur la participation du Syli national aux J.O. 2024 de Paris. En fin d’entretien, Kalabane Oumar se penche et dénonce le manque d’engagement qui, dit-il, caractérise les joueurs, au sein du Syli national et appelle les dirigeants à la rigueur dans la gestion du football guinéen.
Lisez !
Guinéenews : ancien international guinéen, footballeur professionnel, comment êtes-vous venu à ce sport, qui vous a finalement hissé au haut niveau ?
Kalabane Oumar : c’est depuis mon enfance que j’ai commencé à aimer le football. Je suis né à Landréah, un quartier de Conakry, où le football est beaucoup aimé et pratiqué dans les rues, et aussi sur les plages, qui ceinturent le quartier. Je venais très souvent, observer nos aînés, jouer sur les terrains de proximité. J’étais toujours derrière le groupe de feu Mohamed Sylla « Socratès », lors de leurs entraînements et matchs. En ce temps, j’ai toujours joué aussi, au niveau des compétitions interscolaires et celles du quartier.
Guinéenews : aviez-vous une idole, un footballeur qui vous a impressionné dès vos débuts dans le football ?
Kalabane Oumar : c’est vrai, bien que très jeune, je m’intéressais beaucoup au football sur le plan national et international. J’ai voulu toujours ressembler au footballeur nigérian, « Taribo Wess », qui fut un grand défenseur. Il m’a beaucoup impressionné par sa vivacité, sa technique défensive et son sens de placement au niveau de la défense. C’est lui qui est réellement mon idole et je pense avoir suivi et copié beaucoup chez lui, en défense.
Guinéenews : à part les équipes scolaires et celles du quartier, relatez nous votre parcours ?
Kalabane Oumar : j’ai commencé à jouer à Conakry, dans le club des « Hirondelles de Bonfi » qui évoluait en ce moment au niveau de la ligue 2. Ensuite, j’ai joué au sein de la ligue 1 avec le club « Étoile de Guinée ». Sans oublier que j’ai appartenu à la sélection nationale des cadets, en compagnie de Pascal Feindouno, Souleymane Youla et autres.
Guinéenews : vous aviez quitté le pays pour scruter d’autres horizons. Peut-on savoir le pourquoi de votre départ, et quels furent vos différents parcours en dehors de la Guinée ?
Kalabane Oumar : l’unique raison qui explique mon départ pour l’extérieur était cette envie que j’avais, de devenir un professionnel. Dieu merci, mes vœux furent exaucés.
Pour mon parcours, mon premier point de chute fut la Tunisie, et précisément dans le club « Étoile du Sahel ». J’avais intégré, tout au début, le centre de formation de ce club et c’était en l’an 2000. J’ai évolué dans l’équipe réserve, les juniors, pendant un moment. Une année et quelque, après, j’ai été sélectionné en équipe première.
Guinéenews : dans cette équipe senior de « l’étoile du Sahel « , étiez-vous titulaire ou réserviste ?
Kalabane Oumar : j’ai commencé directement à jouer comme titulaire dans l’axe central de la défense. Jusqu’à mon départ de ce club, et pendant 4 ans, j’ai toujours été titulaire et rarement sur le banc. À cette époque, nous avions d’ailleurs remporté une coupe de la CAF avec « l’Étoile du Sahel ». Pendant que je jouais toujours en Tunisie, je fus prêté un moment à un club saoudien, du nom de « ETIFAC », pour une durée de 6 mois.
Guinéenews : c’est dire donc que le parcours à l’étranger ne s’arrêtera pas qu’en Tunisie. Vous pouvez nous situer sur la suite ?
Kalabane Oumar : Après la Tunisie, par le canal d’un agent recruteur tunisien, je suis parti faire un test pendant une semaine, en pleine saison, en France, à Auxerre. Le test fut concluant et j’ai été recruté par le sélectionneur français « Guy Roux ». J’ai évolué au poste de défenseur central, pendant 2 ans et demi à l’AJ-Auxerre. Avec ce club, j’ai livré plusieurs matchs au compte de la ligue européenne. Après la France, j’ai continué en Turquie en première division, dans le club « Maniza sports ». J’ai passé 4 ans de contrat avec ce club. J’ai même porté le brassard de capitaine de ce club. À Dubai, j’ai joué pendant deux ans, dans le club « Aldafra » et c’est de là que je suis parti à Azerbaïdjan en 2015, où j’ai mis un terme à mes contrats de footballeur. C’est là que ma carrière de footballeur a pris fin.
Guinéenews : revenons en Guinée. Pouvez-vous nous dire comment vous êtes arrivé au sein du Syli national ?
Kalabane Oumar : je me rappelle bien du moment. J’évoluais encore en Tunisie au sein de l’ » l’Étoile du Sahel « , juste après la consécration de ce club en coupe de la CAF. Je dirais certainement, que pendant cette finale, j’ai été suivi durant plusieurs autres matchs de club, par le sélectionneur guinéen d’alors, qui était Bernard Simondi. C’est lui qui m’a fait appel, pour jouer avec le groupe du Syli national de l’époque. Un magnifique groupe, qui était composé de joueurs, talentueux et engagés.
Guinéenews : tout nouveau au sein du groupe, et très jeune à l’époque, aviez-vous rencontré des difficultés d’insertion?
Kalabane Oumar : au début ce ne fut pas difficile, mais très impressionnant pour moi. Surtout du fait de venir évoluer pour la première fois, au sein d’une équipe, qui regorge de joueurs internationaux, que je ne voyais qu’à la télé, dans les grandes compétitions. J’avoue que l’émotion était au comble. Assez méfiant au début, progressivement, les grands m’ont bien accueilli et ont facilité mon intégration.
Guinéenews : quel fut votre premier match international, livré en compagnie du Syli de Guinée ?
Kalabane Oumar : mon premier match international livré avec le Syli de Guinée, c’était contre la sélection nationale du Burundi, en déplacement. J’étais jeune, j’avais 18 ans. Lors de ce match, j’avais évolué en défense, avec mes aînés, Morlaye Soumah « Colovati », feu Mohamed Sylla « Ofoé ». Dans cette sélection, il y avait Salam Sow le « Golden boy », Mendy, feu Ousmane N’Gom, Aboubacar Titi Camara et autres. Donc je suis venu pour la première fois, jouer avec mes grands. Nous avions fait un match nul, et j’ai joué les 80 minutes de la rencontre, avant d’être remplacé pour les 10 dernières minutes. Ma première sortie en équipe nationale, fut réconfortante pour moi.
Guinéenews : de 2002 à 2012, vous aviez évolué dans l’axe central du Syli, avec plusieurs défenseurs. Dites-nous, avec qui cet axe avait le mieux fonctionné ?
Kalabane Oumar : à mon avis, cet axe central a toujours bien fonctionné avec tout ce monde. Il faut préciser que c’est avec Dian Bobo que j’ai évolué le plus longtemps à ce poste, que les autres. La paire Dian Bobo-Kalabane, a participé à plusieurs matchs éliminatoires, et à plusieurs coupes d’Afrique des Nations.
Guinéenews : à combien de coupes d’Afrique des nations, avez-vous participé, personnellement et en quelles années ?
Kalabane Oumar : j’ai participé à trois coupes d’Afrique des nations. Celles de 2006, 2008 et 2012. Je n’ai pas pu participer à celle de 2004 qui a lieu en Tunisie, où j’évoluais avec mon club, à cause d’une blessure. Sinon, j’étais déjà sélectionné.
Guinéenews : durant tout votre parcours, aviez-vous connu des moments de déception qui soient inoubliables ?
Kalabane Oumar : il est impossible pour un joueur, de faire tout ce parcours, sans enregistrer une déception, ou quelque chose, qui n’a pas marché. Le contraire existe aussi. Il y a toujours des moments inoubliables de joie. La plus grande déception qui me revient souvent, est le match du Syli en quarts de finale, perdu contre les lions du Sénégal, en coupe d’Afrique des nations 2006. J’étais là et c’est un match qu’on devrait gagner. Malheureusement, ils l’ont remporté sur le score de 3-2. Cette défaite a sérieusement joué sur moi. En cas de victoire ce jour, pour la première fois et pour toute l’équipe, ce serait historique de jouer une demi-finale d’une coupe d’Afrique des nations.
Guinéenews : contrairement à ce mauvais souvenir, quel est le meilleur que vous gardez jusque-là ?
Kalabane Oumar : il y a pleins de beaux souvenirs aussi sur le parcours. Un premier que je retiens est ma première sélection au sein du Syli national, contre le Burundi. C’était mon premier match international livré pour mon pays. Pour tout dire, ce coup d’essai, fut un coup de maître pour moi, puisque la continuité dans la sélection a été assurée. Le deuxième souvenir est le match d’ouverture de la CAN 2008, contre le Ghana, pays organisateur. Un penalty fut sifflé à l’entame du match, contre la Guinée, sur un de mes tacles pour bloquer un attaquant ghanéen. Le Ghana mène 1 à 0 et je suis à l’origine du penalty. Eh! Mon cœur commença à battre très fort. Je me suis dit que toute la Guinée était sur mon dos. Et quelques minutes après, corner pour la Guinée. Pascal Feindouno se charge de l’exécution, en rage, dans la surface de réparation ghanéenne. Par un puissant coup de tête, j’ai mis le ballon au fond des filets et c’est l’égalisation pour la Guinée ! Je n’ai jamais eu une telle joie, qui a traversé mon corps. Malgré la défaite du Syli ce jour, je me suis senti l’homme fort de la rencontre. C’est un souvenir inoubliable.
Guinéenews : le Syli de Guinée entre 2002 et 2012, a fortement impressionné et donné de l’espoir au public guinéen. Quelles étaient les principales forces de ces sélections d’alors ?
Kalabane Oumar : il faut oser le dire, nous avions eu des équipes, très soudées, pendant ces différentes époques. Nous étions
ensemble sur le terrain, et même en dehors. Il y avait des talents. L’union était primordiale et c’est ce qui favorisait la cohésion même dans le jeu. C’est l’engagement aussi qui couvrait tout cela. On jouait pour l’honneur, pas pour l’argent. Si je vous dis que parmi nous, d’aucuns payaient de leurs propres poches, les billets d’avion pour venir en sélection et sans être par la suite remboursés, vous ne pouvez pas le croire. Ce sont tous ces atouts qui ont donné de la force, à toutes ces sélections de l’époque.
Guinéenews : vous êtes encore jeune, apparemment, peut-on penser que vous avez raccroché plus tôt qu’il le faut ? Ou, y a-t-il d’autres raisons qui ont précipité votre retraite ?
Kalabane Oumar : vous avez eu, une bonne analyse sur cette question. Franchement, j’ai vite raccroché, et cela indépendamment de ma volonté. C’est une question de santé. Ce sont les multiples blessures que j’ai eu par deux fois, sur les ligaments croisés. Finalement, je ne pouvais plus et il fallait forcément et malgré moi, quitter le terrain. C’est en Azerbaïdjan, que j’ai raccroché en 2015. C’était vraiment prématuré, la fin de ma carrière.
Guinéenews : vous êtes toujours footballeur dans l’âme. Après votre retraite, qu’avez-vous entrepris pour la suite. Peut-on s’attendre à un futur Ancellotti sur les bancs guinéens?
Kalabane Oumar : ne me demandez pas si je veux être entraîneur. Je n’ai pas aimé ce métier et je ne veux pas du tout le devenir. Pour votre information, j’ai suivi en Turquie, une formation en « Team management « . Pendant le règne du CONOR, pour la gestion du football, je fus nommé team manager de la sélection nationale A, féminine, de la Guinée. Depuis l’arrivée de la nouvelle équipe, à la tête de la fédération guinéenne de football, je ne suis plus opérationnel.
Guinéenews : à la retraite, vous n’êtes pas au compte de la fonction publique et non plus, bénéficiaire des indemnités octroyées aux anciennes gloires. Peut-on savoir, d’où proviennent vos sources de revenus ?
Kalabane Oumar : après le football, je me suis fait beaucoup de relations à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Je fais des affaires entre Conakry, la France, la Tunisie, la Turquie. Ça va, et je m’en sors plutôt bien, Dieu merci.
Guinéenews : après plusieurs années dans le football et pour la plus grande partie du temps, vous avez évolué au titre de professionnel. Qu’est-ce que ce football, vous a réellement apporté ?
Kalabane Oumar : le football m’a tout apporté. J’ai fondé une famille. Je me suis marié et j’ai eu des enfants.
Guinéenews : de l’argent, vous en avez eu aussi ?
Kalabane Oumar : de l’argent, j’en ai eu, en fonction de l’époque pendant laquelle j’ai été professionnel et que j’ai signé des contrats. Ce n’est pas comme aujourd’hui où les montants des contrats sont plus lourds. Dieu merci, et comme je vous l’ai dit à l’entame, le football m’a tout donné, comme la notoriété qui n’est pas à négliger. Je pense avoir géré le peu que j’ai gagné. Cela me permet de gérer sans aucun problème ma petite famille. Je remercie Dieu et mes parents.
Guinéenews : en tant qu’ancien international, footballeur professionnel, quelle analyse faites-vous de la participation du Syli national, aux JO 2024 de Paris ?
Kalabane Oumar : franchement c’est une participation, qui ne fait pas honneur au football guinéen. Trois matchs, trois défaites, c’est un résultat qui est en dessous de la valeur nette du football guinéen. C’est catastrophique, et décevant. Le public sportif guinéen ne mérite pas une telle récompense. À mon humble avis, je situe cette responsabilité au niveau de ce changement effectué au sein de l’équipe et de son staff technique. Il fallait laisser la première équipe continuer, sous la direction de Morlaye Cissé. Je ne comprends pas, ce qui a motivé et soutenu ce changement. Je ne rentrerai pas dans les détails techniques ou autres, tout le monde a vu l’équipe évoluer. Nous n’avons que nos yeux pour pleurer. Nous n’avons à nous en prendre qu’à nous-mêmes et surtout à tirer les leçons du passé.
Guinéenews : votre dernier message ?
Kalabane Oumar : merci pour votre invitation et j’espère avoir pu vous satisfaire. Quant au football guinéen, il est temps maintenant de revenir sur la scène africaine et pourquoi pas, internationale. Nous avons de bons footballeurs, et je crois que c’est l’engagement qui fait défaut. Il faut mouiller le maillot, mettre au-devant l’intérêt national. Les dirigeants doivent continuer à soutenir la compétence, face au favoritisme ou au copinage, la reconnaissance, au détriment de l’ingratitude. Il faut donner de la place aux anciens, ils le méritent et ont leur mot à placer, dans la gestion du football guinéen. À bientôt et merci encore à vous.
Guinéenews : c’est à nous de vous remercier.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.