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Fils d’un ancien administrateur civil, ex-chef de canton de Tamba, village situé dans la Préfecture de Dinguiraye, Seydou Nourou Thiam est né à M’Bonet dans un petit village de Dinguiraye, samedi 14 octobre 1950. Il est guitariste, chanteur, auteur compositeur et producteur.
Scolarisé à Dinguiraye, entre 1956 -1957, Seydou Nourou Thiam, a effectué son cycle primaire dans sa ville natale, et a partagé le cycle secondaire entre Mopti (République du Mali), Dinguiraye et Mamou. Il poussera ses études du lycée à Mamou jusqu’en 11ème année, où il abandonnera le cursus scolaire au niveau du 1er bac, et au profit dit-il de l’aventure, puisque désolé du système de gouvernance d’alors. Il posera pour la première fois sa valise en avril 1971 à Bamako, puis Dakar. Les deux premières années furent très actives pour le jeune Seydou Nourou Thiam, car en décembre 1972, il était déjà entre le Togo et le Benin. Il fera beaucoup de tournées en Afrique de l’Ouest. Au début de son aventure, Seydou Nourou Thiam s’était fixé l’objectif de poursuivre ses études d’arts dramatiques. La musique avait finalement pris le dessus, et il s’est attelé à cela pour devenir plu tard ce célèbre grand chanteur, auteur, compositeur et producteur.
Rencontré à son domicile, situé dans le quartier Lambanyi dans la commune de Ratoma, l’artiste folk Song, s’est prêté aux questions de la rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?, du site d’informations Guinéenews Découvrez dans cette 1ère partie de cet entretien, le parcours de l’artiste, ses aventures, et rencontres avec d’autres grandes figures de la musique africaine…
Guinéenews : Issu de la lignée de ce que vous portez comme nom de famille THIAM, pourquoi votre choix s’est-il porté principalement sur la musique ?
Seydou Nourou Thiam : Je suis devenu musicien, sans m’en rendre compte. Tout petit dans mon village, j’avais à disposition un phonogramme, et j’ai grandi avec des disques, et je me suis retrouvé musicien sans l’apprendre. Je n’ai jamais fait une école de musique. Sans modestie et je le dis, j’ai été beaucoup couvé par mon père, qui était un complice à moi. Je suis le fils qui est né au moment où, il a été chef de canton, et il pense toujours, que j’ai été son fils porte-bonheur, d’où par ricochet, tout était destiné à moi. J’ai commencé à jouer à la guitare à Mopti, auprès de mon oncle maternel en 1964, qui était fonctionnaire, un artiste né, qui jouait de la guitare, du saxo, et qui écrivait beaucoup. Certainement, que c’est de lui est venu ce penchant pour la musique.
Guinéenews : Peut-on affirmer que c’est votre oncle maternel, qui fut le maitre à la guitare ?
Seydou Nourou Thiam : Non, je n’ai pas eu de maitre à la guitare. L’oncle jouait à la guitare de manière traditionnelle, et moi dès le début, j’ai eu une orientation singulière. C’est ce qui complique ma tâche, et vous savez c’est difficile d’être diffèrent. J’ai eu très tôt un style particulier, c’est-à-dire un cocktail de musiques du monde s’est retrouvé dans ma tête, et je suis devenu musicien sans m’en rendre compte.
Guinéenews : N’aviez-vous pas rencontré des difficultés à vos débuts au niveau de la famille ?
Seydou Nourou Thiam : Avec mes parents directs, je n’ai jamais eu de problèmes. C’est avec ceux d’à côté, que les étincelles jaillissaient à chaque occasion, car ils ne tarissaient pas de ragots à mon endroit. J’étais un ‘’vilain petit canard’’, car il fallait oser à cette époque, et j’étais très courageux au niveau des travaux champêtres, je pouvais faire tout ce que les autres faisaient, et pourquoi m’emballer, quand il s’agit de faire, ce que je sais mieux faire. Ainsi, j’ai opté pour ma musique.
Guinéenews : Parlez-nous de votre parcours musical ?
Seydou Nourou Thiam : Tout a commencé à Mopti car, c’est là où, j’ai commencé mon apprentissage. Après Mopti, je suis revenu à Mamou, et c’est à Mamou que je suis monté pour la première fois sur scène, et c’était en 1969. Je jouais avec un ami d’enfance du nom de Dramé, qui faisait le solo, et qui travaille actuellement aux Grands Projets. C’est de Mamou, que je suis parti à l’aventure, avec un bref passage à Conakry et à Kankan.
Guinéenews : Aviez-vous évolué au sein d’un orchestre en Guinée ?
Seydou Nourou Thiam : Je n’ai jamais joué dans un orchestre, et je n’ai jamais été employé. J’ai toujours évolué en solo, et j’ai même vendu un moment ma récolte pour monter des orchestres, afin d’avoir des enregistrements, qui sont actuellement dans les tiroirs.
Guinéenews : Après Mamou, quelle fut la suite du parcours ?
Seydou Nourou Thiam : Pour la suite de mon parcours musical, j’ai posé mes valises à Bamako, où j’ai rencontré 2 Sénégalais, Ahmed Kaira N’Diaye et Pape Bèngue. J’ai intégré, et nous avions reconstitué un groupe dénommé les ‘’Damels de Dakar’’, et ce fut mon premier groupe musical. Nous avions fait une tournée à travers l’Afrique de l’Ouest, et c’est par manque de moyens, que le groupe s’est vu disloqué au niveau de Cotonou. J’ai fait un passage à Lomé chez des cousins boulangers, et je jouais dans les cabarets. De Lomé, je suis venu en Cote d’Ivoire, où, j’ai continué aussi à me produire dans les cabarets. Je me suis retourné au Benin, et à travers des relations que j’avais tissées avec des amis, nous avions monté le groupe dénommé ‘’Kolomachi’’. Avec ce groupe nous avions fait une tentative d’enregistrement, d’une musique expérimentale au Nigéria, qui n’est jamais sortie, pendant que la bande sonore existait. Après cette douloureuse expérience avec le groupe ‘’Kolomachi’’ au Benin, je suis revenu à Cotonou, et j’ai joué avec l’orchestre de la ‘’croix du Sud’’. Gégé Vickey, un expert-comptable, était le directeur de ce complexe hôtelier, et fut un célèbre chanteur béninois. C’était le premier chanteur africain, à avoir une pochette en couleur sur son disque 45 tours en France. Mais avant lui, on disposait tout bonnement les disques des africains dans des genres d’enveloppes, juste pour les emballer. Pour parler de G.G Vickey, je vous dirais que c’est à travers lui, que j’ai appris plein de trucs en matière d’arrangement, pendant que j’étais le plus rebelle parmi le groupe.
Guinéenews : Qu’est-ce qui pourrait expliquer votre caractère de rebelle dans ce milieu de musiciens ou dans la pratique musicale ?
Seydou Nourou Thiam : C’est-à-dire, je suis intellectuellement très paresseux. Musicalement, je ne peux pas faire le perroquet.
Guinéenews : qu’est-ce être perroquet en matière de musique ?
Seydou Nourou Thiam : C’est-à-dire que je ne peux pas répéter note par note une interprétation. Je prends la chanson, je garde la mélodie, mais je ne peux pas répéter intégralement ce que l’autre a joué. Du coup je deviens désobéissant, face à l’orientation des autres dans l’interprétation des chansons.
Guinéenews : Cela peut signifier que vous n’êtes pas un bon interprète ?
Seydou Nourou Thiam : Loin de tout cela, j’interprète, mais je m’approprie des œuvres. Quand je veux interpréter une œuvre, je me l’approprie, je mets le ‘’moi’’ dedans, ma touche particulière, sans pour autant déranger les harmonies, ni les mélodies ou quoi que ce soit. Seulement, il faudrait que j’apporte ma propre touche. Qu’une chanson soit française, américaine, congolaise, anglaise ou autres, si je ne peux pas mettre du Seydou Nourou Thiam dedans, me l’approprier, sachez d’office que je ne la ferais pas. C’est pour tout cela certainement, que les gens disent peut-être, que je suis compliqué. Retenez que je suis surtout diffèrent.
Guinéenews : Avec ce groupe la croix du sud au Benin, vous avez appris auprès de ce célèbre chanteur béninois Gégé Vickey, et quelle fut la suite de votre collaboration ou de votre parcours ?
Seydou Nourou Thiam : Dans ce groupe il y avait de très bons musiciens. Les frères Yani, des sénégalais nés au Benin, il y avait le pianiste, qui est le grand frère de Angélique Kidjo, qui elle-même, a fait ses premiers pas avec nous. C’est un groupe qui ne jouait que des interprétations, du copyright. Finalement, nous avions décidé d’aborder les créations. A l’époque, c’est l’Afro-music qui commençait à planer, avec les Féla Ronson Anikulapo Kuti, Manu Dibango, et autres. C’est le début de ma carrière dite de recherches musicales, et en compagnie du grand batteur béninois du nom de Savuan Daniélo, nous avions monté un groupe dénommé ‘’ Africaunion’’ qui signifie simplement, union de la musique africaine. Le batteur de nationalité béninoise aussi compétent, nous a abandonné en cours de route, puisqu’il n’a pas voulu continuer l’aventure avec nous. Dieu soit loué, j’ai eu un des amis de mon ancien groupe (Damels de Dakar) qui m’a fait remplacer ce batteur par un autre. Nous étions sur le chemin de Lagos, et forcement arrivés, nous avions noyés tout notre répertoire au profit de celui de ces nouveaux artistes. Nous avions été amputés, au moment où, la recherche était notre objectif. Nous nous sommes retrouvés à l’hivernage, ne comprenant pas la langue, et combien de gaillards sur le dos ? Le batteur qui était nigérian, nous présente à Fêla, et nous avions compris, que c’était le seul salut pour nous aventuriers de Lagos dans cette situation. Nous venons chez lui, il nous audite, et réellement cette audition fut très corsée, pour la simple raison, que je n’avais pas cessé mon caractère de rebelle. Un titre ‘’rock’’ joué en début d’audition, avait irrité le grand Féla Ronson, qui avait horreur de cette occidentalisation de la musique africaine en générale. Ma réaction qu’il accepta, lui fit transmise, et nous avions continué avec son pardon, en interprétant un rythme, qui avoisine celui qu’il préfère. Il nous acclama, et accepta notre collaboration.
Guinéenews : Une aubaine dirons-nous à la rencontre avec ce grand musicien Féla Ronson. En aviez-vous profité malgré votre caractère de régulière désobéissance ?
Seydou Nourou Thiam : J’avoue que ce monsieur (Féla), n’a nullement dérangé son business, en nous accordant sur ses tickets de spectacles, 1 demi-naira (monnaie nigériane) de plus. C’était une façon de nous aider. Il annonce au ‘’Daily times’’, dans toutes les presses nigérianes, qu’il présente en spectacle, un groupe qui vient des pays francophones. Le spectacle fini, il décompta en comptabilisant, toutes ses promesses de demi-naira, sur chaque ticket, qu’il offrira au groupe ‘’Africaunion’’. Tenez-vous bien, tous cela s’était passé en 1977, année à laquelle, Féla était à la crête de sa gloire. De ma vie d’artiste, et depuis ce jour, je n’ai pas reçu un cachet similaire. Avec ce cachet, j’ai pu payer 6 mois de loyer pour le groupe, trouver l’habillement pour tout le monde, et économiser 3 mois de popote pour le groupe. Pour une 1 heure de spectacle, c’est Féla qui a pu battre ce record de cachet dans mon parcours de musicien. Je signale ici, que c’est en ce temps, que je fus assez productif. Des tournées partout, dans la capitale et à l’intérieur du Nigéria, avec le groupe, qu’ils ont appelés ECOWAS BAND à Lagos. Je le répète encore, c’est ma partie du parcours la plus productive, qui fut au Nigéria. A l’intérieur du pays, j’ai chanté guinéen, et le public me répondait sans savoir de quoi, il s’agissait. C’est au Nigéria, que j’ai fait mon premier disque, qui a été élaboré durant 3 ans, avant que le producteur ne prenne le produit, et c’était l’époque de l’analogique. Plu tard, les différends ont commencé à voir le jour au sein du groupe. Des petites jalousies ont commencé, nous n’étions pas du même pays, il n’y avait pas une promotion stable, alors j’ai pris mon disque comme étant un diplôme, et je suis rentré en Guinée en 1979.
Entretien réalisé par LY Abdoulpour Guinéenews