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Ex- international guinéen, Kanfory Sylla est un joueur défenseur et demi-défensif, qui a évolué au sein du Syli national de Guinée, et de plusieurs autres clubs professionnels à l’étranger, notamment en Belgique, en Grèce, en Turquie, et en Tunisie. Pour 3 participations à la Coupe d’Afrique des nations (2004-2006-2008), Kanfory Sylla alias « Cafu », après sa retraite en 2015, s’est reconverti en entraîneur, et évolue présentement dans ce registre.
Reçu par Guineenews dans sa rubrique « Que sont-ils devenus ?« , l’ancien international guinéen, nous relate dans cet entretien, comment il est venu à ce sport. Il parle de son parcours en Guinée et de celui qu’il a vécu dans les clubs étrangers. Comment il a intégré le Syli national, sa sensation pour sa première sélection au compte du Syli, en match international, de son plus beau et pire souvenir, Kanfory Sylla nous en parle.
À la retraite depuis 2015, pour une reconversion en cours, Kanfory Sylla parle de ses débuts, son parcours en tant qu’entraineur, et par la même occasion, il plaide la cause des anciens footballeurs « déçus », dit-il, et fortement négligés dans la gestion du football guinéen.
Lisez l’interview !
Guineenews : Bonjour! Ancien international guinéen, footballeur professionnel, avant tout cela, pouvez-vous nous dire comment êtes-vous arrivé à dompter ce cuir rond ?
Kanfory Sylla : Bonjour et merci de me recevoir dans votre rubrique. Je vous dirais que le football est, si je peux me le permettre un don pour moi. Très jeune à l’école et dans le quartier, j’ai commencé à jouer au football. Avoir de l’élan pour ainsi avancer, c’est quand j’ai été repéré par l’entraîneur du club FFA . Je m’entraînais avec ce club, au niveau du terrain de l’école Sainte-Marie de Dixinn. À cette époque, j’avoue que j’étais le plus jeune parmi le groupe.
À vos débuts, dites-nous, quels sont les clubs dans lesquels vous avez évolué ?
Comme je viens de vous le dire, j’ai commencé par le club « FFA », je suis venu après dans « Etoiles de Guinée « . Et c’est à partir de ce club, que j’ai été repéré pour aller jouer en Belgique.
Avant la Belgique, comment avez-vous intégré le Syli national de Guinée ?
J’ai été sélectionné en premier lieu, au sein de l’équipe des cadets, qui avait pour entraîneurs, El hadj Cherif Souleymane et coach Lappé Bangoura. Au fait, j’ai suivi correctement l’échelon, en jouant pour toutes les catégories, avant d’être appelé à jouer en sélection A.
En quelle année avez-vous connu votre première sélection en équipe A, le Syli national de Guinée, et quelle fut votre première rencontre internationale livrée avec le Syli de Guinée ?
C’est en 2000, que j’ai été sélectionné en équipe nationale. Mon premier match international fut contre le Liberia à Conakry, au stade du 28 septembre.
Pour la première fois en sélection, qu’aviez-vous réellement ressenti, lors de ce premier match contre la sélection nationale du Liberia ?
Tout nouveau dans cette sélection, j’étais très content d’être aligné parmi les 11 premiers joueurs, devant commencer cette rencontre internationale de haut niveau. Vous conviendrez avec moi, que l’émotion ne pouvait qu’être au rendez-vous. Ce qui m’a surtout impressionné, c’est quand l’hymne national de mon pays a retentit. C’est une fierté pour tout homme de bénéficier, ou de vivre un tel bain d’honneur. Dans cette rencontre, je n’ai pu jouer qu’une seule mi-temps, à cause du coup que m’a asséné sur les côtes, un des attaquants libériens. Ce qui a occasionné mon remplacement en deuxième mi-temps. Ce premier match international reste gravé, et je m’en souviendrai pour toujours.
Sur le compteur de vos palmarès, peut-on savoir combien de coupes d’Afrique des nations comptabilisez-vous ?
J’ai joué 3 coupes d’Afrique des nations avec le Syli national de Guinée. Il y a eu celles de 2004, 2006 et 2008.
Parmi toutes ces 3 éditions, quelle est celle qui vous a le plus retenue l’attention ?
C’est l’édition de 2008 en Égypte, et précisément le match de quarts de finale, disputé contre le Sénégal. Les sénégalais nous ont barré la route des demi-finales. Si ce palmarès de demi finaliste se concrétisait, ce serait un tout nouveau pour cette génération de joueurs, et même pour le pays. La Guinée, dans l’histoire de son football n’a connue qu’une seule fois une finale perdue en coupe d’Afrique des nations à Addis-Abeba en 1976, contre le Maroc. La rencontre contre le Sénégal fut une très grande déception dans le parcours du Syli, et pour nous les joueurs de cette époque.
Joueur professionnel, vous l’aviez été en Belgique, en Grèce, en Turquie et en Tunisie. Comment aviez-vous escaladé, pour vous retrouver enfin vers le haut niveau, et qu’est-ce qui vous a réellement poussé vers le professionnalisme ?
Tout a démarré, quand j’avais commencé à jouer dans l’équipe des cadets de Guinée. Nous étions en préparation pour un voyage au Portugal, quand j’ai décidé, malgré l’opposition de mes parents, de participer à un tournoi au niveau du quartier. Pendant ce tournoi, je fus blessé, et cette blessure va m’éloigner du terrain pendant près de 2 ans. J’ai perdu ma place en sélection des cadets, ainsi que le voyage au Portugal. Toutes ces années passées, finalement c’est par le canal de l’ex-Ministre des Sports, ancien professionnel de la boxe Lansana Béa Diallo, qui avait dépêché un agent recruteur belge, qui m’avait repéré lors d’un match amical. J’ai été retenu pour partir en Belgique.
Quel fut votre premier contrat et sa durée, signé en Belgique ?
En Belgique, j’ai signé mon premier contrat professionnel avec le club Charleroi, pour une durée de 5 ans.
De la Belgique, vous avez joué en Grèce, en Turquie et en Tunisie. Peut-on connaître les clubs et leurs catégories dans lesquels vous avez évolué dans ces différents pays ?
Après la Belgique, où j’ai évolué en ligue première avec le club Charleroi (2001-2004), j’ai ensuite signé en Grèce avec GS Kalithéa en 2ème division (2006-2007), puis en Turquie au sein de Sivaspor en 1ère division (2007-2009). En Afrique, j’ai joué en Tunisie dans le club EGS Gafsa, en 1ère division ( 2011-2012).
Pendant combien d’années avez-vous évolué en tant que professionnel, et aviez-vous remporté des titres pendant votre parcours ?
J’ai joué pendant 15 ans en professionnel, et malheureusement, je n’ai remporté aucun titre durant mon parcours. Mais avec le Sivaspor en Turquie, nous avions un moment occupé la 2ème place du championnat, et avions joué quelques matchs de barrages, et de qualification en ligue des champions.
Vous aviez été un moment capitaine du Syli national de Guinée. Pouvez-vous nous situer sur la période, et quels furent les critères, qui ont prévalu à votre choix ?
Vous savez, Kanfory Sylla était un joueur très engagé, et qui avait à tout instant la hargne de vaincre. J’ai toujours eu du caractère, et c’est Patrice Neveu, sélectionneur d’alors, qui avait porté son choix sur ma personne. C’était lors d’un match amical contre le Togo. J’étais très content, et surtout de la confiance placée en moi, pour être capitaine d’une équipe nationale. J’ai davantage redoublé de courage, et de rage de vaincre sur toutes les pelouses.
On peut connaître quelques matchs internationaux, que vous aviez livrés en tant que capitaine, et pour combien de temps avez-vous conservé ce brassard de capitaine ?
J’ai livré plusieurs matchs internationaux en tant que capitaine du Syli de Guinée. Je vous citerai les matchs contre les Éléphants de Côte d’Ivoire, le Togo et plusieurs autres pays. Pour le brassard, je vous rappelle, c’est Pascal Feindouno, qui portait le brassard, et que j’ai remplacé un moment, et je ne sais plus pour quel motif d’absence.
Certainement sur le parcours, vous avez vécu assez de souvenirs qui soient bons ou mauvais. Si l’on en extrait de part et d’autre, rappelez-nous de quelques uns ?
J’ai déjà répondu à la première question, concernant le plus beau souvenir. Il s’agit de ma première sélection en équipe A, avec le Syli de Guinée. C’est le plus beau souvenir.
Et le plus mauvais qui ronge encore?
C’est également répondu sans le préciser, il s’agit de la rencontre perdue, contre le Sénégal en quarts de finale de la coupe d’Afrique des nations 2008.
Quand avez-vous pris votre retraite, et quelles sont les principales raisons qui vous ont fait quitter les pelouses, est-ce l’état de santé, l’âge, ou quoi d’autres ?
Ni l’un, ni l’autre, je pouvais continuer si c’était l’âge, et ils voulaient bien me retenir. J’étais en parfaite santé aussi, seulement que c’était devenu très difficile, l’environnement dans lequel, le Syli national évoluait. Il faut oser le dire, le comportement du staff technique, la gestion en général était très mauvaise. Le manque de respect envers les joueurs était notoire, le problème de payement des primes se posait de façon récurrente, le logement ou l’hébergement au niveau des hôtels pendant les voyages posaient d’énormes problèmes. Toutes ces multiples difficultés, m’ont poussé à réfléchir, et à quitter définitivement la sélection nationale de Guinée. Officiellement, j’ai pris ma retraite, précisément le 15 juillet 2015.
Nous avons appris que vous n’êtes pas complètement à la retraite. Reconverti, en tant qu’entraineur de football, vous continuez à servir le football guinéen. Comment vous avez viré vers cet autre métier ?
Après ma retraite avec le Syli de Guinée, et le football professionnel, je suis revenu à Conakry, où j’ai longuement échangé avec mon ami Souleymane Camara « Abédi », qui était le président du club « Etoiles de Guinée ». C’est au stade de Coleah, lors d’un de mes passages, qu’il concrétisa ses vœux, en me choisissant comme entraîneur de ce club. C’est là où tout a commencé.
Aviez-vous suivi des formations, avant d’exercer cette fonction d’entraîneur ?
Bien sûr, j’ai suivi cette formation en France, et je suis titulaire d’une licence A.
Parlez-nous de votre parcours d’entraîneur ?
J’ai commencé avec « Étoiles de Guinée », et ce club évoluait en ligue 2, championnat dans lequel, je fus désigné meilleur sélectionneur. Je me suis séparé des « Étoiles de Guinée « , pour reprendre ensuite le « FC de Coleah », qui n’avait que 5 matchs à jouer, avant la fin du championnat. J’ai donc terminé la saison avec ce club. Je suis revenu ensuite, reprendre le club ‘Santoba FC ».
Aux nouvelles, vous n’êtes plus avec le club « FC Santoba », et peut-on savoir les raisons de votre départ de ce club ?
Tout se passait bien, quand je suis arrivé dans ce club. Le club avait déjà 20 points dans le championnat. C’est lors d’un déplacement de l’équipe sur Kamsar, que j’ai eu une altercation avec le Directeur sportif du club. Je ne rentrerai pas dans tous ces détails, et finalement arrivé à Conakry, une séparation à l’amiable a été envisagée. Tant mieux, le reste s’est bien passé.
Vous êtes présentement sans emploi, et bien entendu pour de nombreux observateurs, Kanfory Sylla « Cafu », est un homme difficile, et vous le concèdez ?
Je le concède. De par ma rigueur, mon penchant pour la discipline, dans la pratique du sport, l’impartialité dans mes choix de tel ou de tel joueur à tel poste, je concède ce point de vue, et je l’assume. Les joueurs qui se prennent la tête, puisqu’ils sont bons ou meilleurs, sont tout de suite ramenés à l’ordre, et je ne vais jamais par mille chemins. Et si c’est à travers toutes ces attitudes ou comportements, que l’on me juge ainsi, je serais encore toujours difficile.
Alors, avez-vous une offre sur la table, et pouvez-vous nous la déballer pour en savoir plus ?
(Rires) Top secret, et on en reparlera à temps opportun.
Si possibilité et occasion se présentaient, comptez-vous un jour, monnayer vos expériences en dehors de la Guinée ?
On verra, sinon je préfère tout d’abord aiguiser et prouver mes capacités et expériences en première ligue dans mon pays. Quant à la suite, elle se dessinera progressivement.
Les anciens internationaux, y compris vous, réclamez des places de choix, au sein des équipes nationales guinéennes de football, de toutes catégories confondues. Il est avéré que tous n’ont pas la formation requise, qu’en pensez-vous ?
Une très belle question. C’est bien vrai ce que vous affirmez, il est nécessaire d’avoir une formation avant de prétendre obtenir quoi que ce soit comme poste dans ce domaine. Dans les normes, disons qu’il est préférable d’avoir les anciens joueurs comme dirigeants sportifs. Aujourd’hui, ils sont rares parmi les anciens joueurs, qui font partie du staff technique, et ce n’est pas normal. Prenons comme exemple la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Liberia, et dans plusieurs autres pays, ce sont les anciens internationaux, qui sont à la tête, pour diriger le football, tant dans sa pratique, qu’au niveau de l’administration.
Vous reconnaissez quand même, que bon nombre d’entre-vous, n’ont pas le niveau adapté ?
Je suis d’accord avec vous, et sauf que ce volet formation doit être initié, et appuyé par la fédération, et le ministère de tutelle, afin d’assurer les renforcements de capacité, la mise à niveau, et pourquoi pas la formation proprement dite de ces anciens joueurs. Personnellement, je suis en train d’évoluer au sein de la ligue 2, et qu’à cela ne tienne, j’ai encore besoin d’autres formations. Les autorités doivent assister les anciens internationaux dans tous les domaines.
Plusieurs années passées dans le football, qu’est-ce que cette pratique vous a-t-il apporté ?
Le football m’a apporté pleins de choses. Nous avions fait plaisir, et en retour, nous avions été acclamés, de la notoriété, nous en avions eu dans notre pays et ailleurs. Nous avions eu le minimum, qui permet à plusieurs d’entre nous, de faire face aux problèmes de leurs différentes familles. La seule chose regrettable est ce manque de reconnaissance envers nous. Toutes ces autorités qui se sont succédé dans ce pays, n’ont pas trouvé encore, la véritable solution à nos problèmes. Nous sommes tous déçus, et demandons l’appui de l’ensemble des autorités du pays.
Peut-on connaître vos actuelles sources de revenus ?
Je préfère ne pas répondre à cette question.
Pouvez-vous nous faire le parallèle entre le Syli de Guinée, auquel vous aviez appartenu, et celui de François Kamano, et de Serhou Guirassy ?
Notre époque fut celle de la concurrence loyale. Chacun voulait être en sélection, pour venir défendre le drapeau national. Cette concurrence poussait chacun à jouer avec le cœur, avec détermination. Il y avait de très bons joueurs à tous les postes, donc le collectif était de taille, et irréprochable à tout point de vue. Aujourd’hui, je ne vois pas très bien cet engagement. Il y a certes de bons joueurs, mais la détermination n’est pas suffisante. Le problème d’argent, de primes est devenu récurrent au sein de la sélection. Ce sont des situations d’avant matchs démotivantes, et qui mettent en mal, dirigeants et sportifs. L’ambiance n’est pas toujours saine, et il y a des petits problèmes internes, des pratiques à bannir entre joueurs. Il faut prouver qu’on est capable sur le terrain, sans pour autant nuire à son prochain. En somme, l’engagement, la persévérance, et le patriotisme doivent être les mots clés pour chacun. Il faut mouiller le maillot à fond.
Quels conseils avez-vous à prodiguer à tous ces jeunes footballeurs, désireux d’atteindre le haut niveau ?
Je commencerai à dire aux jeunes, de s’intéresser tout d’abord aux études. Il faut avoir des bases au niveau des études, s’il le faut, lier les études à la pratique du football. Nous avions connu beaucoup d’amis, qui ont échoué dans leurs carrières, à cause du choix d’option dans la signature des contrats professionnels. Ils se sont fait berner, disons même exploités durant leurs carrières. Pourtant, ils étaient de très bon joueurs, mais hélas ce côté études, a joué beaucoup sur eux. Le football est synonyme de talent, ils en ont suffisamment les jeunes joueurs. Malheureusement, la discipline dans le comportement, et dans le travail fait défaut. Nombreux s’adonnent aux vices, et aux nuisibles plaisirs du moment. Ces jeunes sont fréquents dans les boîtes de nuit, et au niveau des chichas lounges, et autres débits de boissons. J’insiste là- dessus, les études sont d’une importance capitale dans la pratique du football. C’est à l’école, qu’on acquiert l’éducation, qui est la base fondamentale de toutes activités sportives. Pour la conquête du haut niveau, il s’agit de prendre les études au sérieux, avoir un niveau intellectuel tant soit peu, travailler honnêtement et courageusement. Le secret est surtout au bout de l’effort.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews