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L’Institut de Recherche Environnementale de Bossou a récemment lancé une vaste campagne de recensement des chimpanzés des monts Nimba, en collaboration avec des chercheurs américains, suisses et guinéens. L’objectif est de déterminer le nombre précis de chimpanzés présents dans la région ainsi que d’analyser le génome de ces primates pour comprendre l’origine des différents groupes vivant dans le massif du Nimba.
Afin d’éclairer nos lecteurs sur la recherche génétique portant sur les chimpanzés des monts Nimba, nous avons interrogé le jeune primatologue Gbady Prospère Soumaoro. Il convient de rappeler que l’Institut de Recherche Environnementale (IRE) se consacre principalement à l’étude des primates.
« Nous menons plusieurs recherches parallèles, mais la primatologie reste notre priorité. Dans ce cadre, nous avons un groupe de stagiaires et de cadres sur le terrain. L’objectif est d’obtenir une estimation précise du nombre de chimpanzés vivant dans les monts Nimba. Nous avons appris une méthode de comptage des chimpanzés que nous appliquons ensemble. Les membres de l’équipe contribuent non seulement à analyser les images, mais ils peuvent aussi faire des remarques sur les chimpanzés, ce qui permet d’éviter toute confusion entre les individus. Cela nous donne une vision plus claire à chaque rencontre avec les chimpanzés. Par ailleurs, des caméras-trappes ont été installées à divers endroits. Lors de l’examen des vidéos, si un même chimpanzé apparaît dans une nouvelle séquence, nous pouvons immédiatement savoir qu’il a déjà été observé. D’un point de vue morphologique, nous nous concentrons sur les caractéristiques distinctives telles que les oreilles, le nez, la bouche et la tête, ainsi que sur les éventuelles particularités de ces parties. »
M. Soumaoro souligne l’importance de s’établir sur place pour obtenir des résultats fiables. « Il est nécessaire de camper sur le terrain. Actuellement, nous avons trois camps. Cinq dans la forêt de Serengbara, le premier camp au nord de la montagne, un autre au sommet, et le troisième à l’ouest. Nous faisons cela parce qu’il y a une grande distance à parcourir à partir des camps. Nous avons aussi ouvert des sentiers à l’aide de machettes pour y placer les caméras, et nous suivons ces sentiers pour repérer les traces des chimpanzés et d’autres animaux. Nous avons déjà obtenu des résultats préliminaires. Le premier rapport a été publié : nous avons recensé 16 chimpanzés et 13 autres espèces animales dans la région. Cela signifie qu’en poursuivant l’étude, nous pourrons obtenir des données plus précises. D’ici la fin décembre ou début janvier, nous aurons probablement des chiffres plus exacts, bien que les chimpanzés se déplacent beaucoup. »
Concernant la collaboration avec les chercheurs américains et suisses, il précise : « La plupart d’entre eux sont des étudiants qui viennent ici dans le cadre de partenariats entre leurs institutions et l’IREB (Institut de Recherche Environnementale de Bossou). Ils nous apportent un soutien considérable en fournissant du matériel de recherche. »
« Nous avons plus de cent caméras-trappes, ce qui nous permet d’obtenir des résultats fiables. Au début, les chimpanzés de Nimba fuyaient à notre vue, mais aujourd’hui, nous pouvons nous approcher à 8 ou 10 mètres d’eux. Ils comprennent désormais que notre présence n’est pas une menace. D’ici deux ans, nous espérons pouvoir établir un contact direct avec eux. »
M. Soumaoro ajoute : « Nous avons des informations sur les chimpanzés des monts Nimba, mais elles ne sont pas aussi détaillées que celles sur les chimpanzés de Bossou. En ce moment, des études génétiques sont en cours pour identifier le nombre de familles de chimpanzés dans la région. Le massif du Nimba est très vaste, et les chimpanzés présents proviennent de diverses origines. Certains viennent de Bossou, d’autres de Côte d’Ivoire ou du Liberia. Nous avons également identifié des groupes mixtes, constitués d’individus venus de Côte d’Ivoire, du Liberia et de Guinée, formant un nouveau groupe sur les flancs des montagnes. »