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Le débat sur le retour des œuvres d’art africaines au continent a refait surface ce jeudi 9 octobre 2025, lors d’une rencontre consacrée aux industries culturelles et créatives, organisée au Centre culturel franco-guinéen (CCFG). L’ambassadeur de France en Guinée, Luc Briard, a consacré une partie de son intervention à cette question sensible, évoquant à la fois les avancées et les défis qui subsistent dans le processus de restitution du patrimoine africain.
Le diplomate a reconnu sans détour l’ampleur du déséquilibre patrimonial hérité de l’histoire coloniale : “Aujourd’hui, une grande partie du patrimoine africain est hors d’Afrique. Il est en France, il est en Allemagne, il est un peu partout dans le monde, sauf en Afrique.”
Selon lui, cette situation impose désormais une réflexion en profondeur sur la restitution intellectuelle et matérielle du patrimoine africain, à travers les mots, les langues et les récits des peuples du continent. “La France est l’ancienne puissance colonisatrice. Elle est aussi, parfois, malmenée dans les discours panafricains et souverainistes, un peu partout dans la sous-région. Et pourtant, le président de la République, depuis 8 ans qu’il est au destin de mon pays, a profondément renouvelé le partenariat entre l’Afrique et la France.”
Pour illustrer cette transformation, Luc Briard a cité l’exemple du Bénin, où la restitution des trésors royaux d’Abomey a ouvert une nouvelle phase de coopération culturelle entre les deux pays :
“Au début, la relation entre le Président Talon et le Président Macron n’était pas un mot fixe. Et puis est venue la question de la resymbolisation des termes de l’échange en rendant le patrimoine béninois au béninois. […] Aujourd’hui, c’est un exemple majeur de retour de ce patrimoine africain et de comment les jeunesses africaines se saisissent dans leurs récits et dans leur création de ce patrimoine et de cette mémoire.”
En Guinée, cette dynamique se matérialise à travers le projet de réhabilitation du musée national et la mise en place d’un musée virtuel, deux initiatives portées par le ministère de la Culture et ses partenaires techniques français. Le diplomate s’est dit satisfait de la coopération en cours : “On est très fiers à travers ces deux exemples du musée virtuel et du musée réel en dur, de cette réhabilitation, d’avoir très concrètement quelque chose qui, dans les deux ans à venir, va totalement repenser le rapport des Guinéennes et des Guinéens à leur propre patrimoine.”
Luc Briard a également salué l’ouverture récente d’un master consacré aux enjeux patrimoniaux à l’Université Sonfonia, fruit d’un partenariat entre les autorités guinéennes et le Centre international de recherche et de documentation (CIRD) : “Je suis très content qu’au même moment, avec l’impulsion très importante des autorités guinéennes et du ministre, que ce master à l’université Sonfonia autour de ces enjeux patrimoniaux voie le jour.”
Le rapatriement des œuvres d’art africaines, rappelons-le, vise à restituer aux pays d’origine les biens culturels saisis ou pillés pendant la colonisation. Si des progrès notables ont été réalisés – notamment avec le retour d’œuvres au Bénin et au Nigeria –, le processus demeure complexe. Des obstacles juridiques, budgétaires et techniques persistent, obligeant les États et institutions à explorer d’autres formes de coopération : restitutions temporaires, prêts, musées virtuels ou collaborations scientifiques.
Pour l’ambassadeur de France, ces initiatives constituent autant de voies possibles vers une reconstruction symbolique et partagée de la mémoire africaine.
L’article Luc Briard relance le débat sur le patrimoine africain : “Il est partout, sauf en Afrique” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.