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Par Balla Moussa Konaté, spécialiste en sécurité routière
Face à l’inquiétante régularité des accidents de la route dans notre pays, avec un modus operandi qui s’assimile métaphoriquement à une fauve qui prend sa sieste après avoir rempli son ventre, puis de reprendre à tuer dès qu’elle a encore faim.
Rémontons le temps dans l’historique de l’insécurité routière dans notre pays, pour reconnaître et regretter ce qui précède. D’ailleurs, cette métaphore s’étaye davantage avec les récents et successifs accidents de circulation survenus du début au 12 du mois d’avril 2024 en cours. J’ai choisi deux localités seulement:
Sur la RN1 Coyah – Mamou:
︎ 15 morts et une dizaine de blessés dans quatre cas différents d’accidents de la route. Les 3 derniers morts de ce lot sont des jeunes garçons sur la même moto;
À Conakry, pour la seule journée du 12 avril 2024:
︎ Quartier ENTA nord, le vendredi 12 avril 2024 sur la transversale qui sépare les 2×2 voies Kissosso – Tombolia à Sonfonia – gare, après la grande prière de Jumma, un camion remorque avec container à bord et à vive allure, avait fini sa course par heurter violemment le mur de clôture de la nouvelle mosquée Mohamed 5 après avoir sauté les caniveaux et arraché un palmier sur son chemin;
︎ Le même 12 avril 2024 à Kobaya, un garçon a été écrasé par les pneus d’un camion benne. La victime roulait sur une bicyclette avant de finir sa course sous les roues de ce camion en circulation.
Généralement à chaque fois que les accidents de la route sévissent à flot dans notre pays, nos réactions sont beaucoup plus assimilables à nous remuer que de nous bouger efficacement contre ce mal au régime insatiable.
Les causes principales de ces accidents atypiques dans notre pays sont:
● Le déficit criard dans notre prise de conscience nationale contre l'insécurité routière; ● Malgré les bilans macabres de plus en plus lourds, nous répétons constamment les mêmes causes qui finissent par réproduire les mêmes effets négatifs souvent sur les mêmes routes;︎ Nos conducteurs de taxi et de camions sont majoritairement issus de l’informel et ne font pas de séances de perfectionnement;
︎ L’indicipline sous plusieurs formes, y compris la banalisation de l’usage de nos infrastructures routières deviennent de plus en plus courantes surtout dans nos grandes villes;
︎ Des passagers en particulier à bord des taxis, des minibus et des bus ne veillent pas généralement sur leur propre sécurité pendant les voyages.
Les citations ci-dessus axées expressement sur les conducteurs des engins roulants ne sont pas exhaustives.
Le cas particulier de la route Coyah – Mamou.
La situation actuelle du tronçon Coyah – Mamou avec ces nombreux problèmes techniques non encore totalement corrigés, sont des facteurs aggravants de l’insécurité routiére sur cet axe.
Les principales poches accidentogènes sur le tronçon Coyah – Mamou sont:
1) D'une manière générale, ce tronçon de route doit être déclaré << chantier en cours d'exécution >>. On voit clairement d'ailleurs que les signalisations horizontales (bandes blanches) et les signalisations verticales (panneaux) permanentes ne sont pas encore placées sur ce parcours; 2) Les travaux sporadiques, y compris sur des ponts le long du trajet ne sont pas suffisamment signalés, surtout pour la nuit; 3) La densité du trafic actuel, notamment des poids lourds, rend plusieurs parties de cette route très accidentogènes comme dans les petits virages et les multiples sinuosités qu'elle contient; 4) Avec les faiblesses signalées au point 3, les mauvais conduceurs du type pressé et inexpérimenté sont constamment à la base de plusieurs accidents de la circulation sur ce tronçon de route. Les mauvais dépassements sont en effet les infractions les plus fréquentes, avec l'excès de vitesse comme facteur aggravant.En vue de réagir efficacement et durablement contre ce fléau majeur, avant tout, il nous faut de la prise de conscience collective et individuelle devant nous conduire à un irréversible sursaut national dans notre pays. Ceux-ci doivent précéder les nombreuses mesures importantes et incontournables à prendre pour que nos routes ne nous fassent plus peur dans leur usage. En d’autres termes, sortons définitivement de la chaîne alimentaire des accidents de circulation et surtout d’en d’être les mets préférés.
Ensemble, engageons-nous pour cette atteinte.
(Par Balla Moussa Konaté, spécialiste en sécurité routière)