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Comme l’ont été les grandes industries et les technologies nucléaires, la technologie numérique est aujourd’hui un moyen de domination, d’influence et d’intégration stratégique des pays. Les marchés financiers et l’économie mondiale ne sont pas que dépendants de l’industrie de la Tech, elle en est un pilier essentiel. Pour mieux ressortir l’aspect indispensable du numérique et des nouvelles technologies dans le monde de la géopolitique, et de la dominance politico-économique, les questions ci-après semblent être importantes à se poser :
Que sont les Etats Unis d’Amérique sans la Silicon Valley ?
Sans la société Huawei, la Chine tiendra-t-elle la manche face aux USA dans la guerre commerciale et technologique déclenchée entre les deux pays ?
L’Europe réussira-t-elle à se hisser devant les représentants du continent américain et asiatique, dans le positionnement géostratégique des puissances dans les fonds marins via l’industrie florissante de la fibre optique ?
Que devient l’Afrique dans la lutte d’influence axée sur les industries du Numérique et du développement rapide de l’Intelligence artificielle ?
LES GAFAM et les NATU et l’équilibre Socio-économique du Monde :
Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft pour GAFAM et Netflix, Airbnb, Tesla et Uber pour NATU, sont des groupes stratégiques du point de vue de l’économie d’échelle, qui rivalisent avec la Performance économique de plusieurs pays dans le monde. La preuve en est que la capitalisation boursière (6000 milliards $) des GAFAM à elle seule équivaut au 3ème PIB du monde qui est celui de l’Inde et est trois (3) fois supérieure au PIB de l’Afrique subsaharienne qui tourne autour de 2000 milliards de dollar USD $, avec une prévision du double du PIB actuel, soit 4 500 milliards $ à l’horizon 2040. Bien que difficile de comparer le PIB d’un pays ou d’une Zone économique à une capitalisation boursière qui est une accumulation de richesses dans le temps contrairement au PIB qui représente les revenus générés dans un pays ou une zone économique de façon annuelle. Cette comparaison théorique nous éclaire sur la puissance économique que deviennent ces industries du numérique et de l’information. Vous retiendrez que même après deux (2) décennies, l’Afrique subsaharienne sera dans l’incapacité de tenir face au poids économique des GAFAM.
Imaginez sous un autre angle, le poids des NATU qui connaissent une croissance à la vitesse de la lumière, et cela, à l’image d’un des membres de ce groupe stratégique ‘Tesla’.
Sur le plan social, il est simple d’identifier les inégalités sociales induites par ces géants du numérique à la fois entre États mais aussi entre citoyens du monde. De l’autre côté, ces mêmes entreprises, parfois en partenariat avec leurs États, mènent une guerre muette impitoyable dans l’occupation des fonds marins. Tous (GAFAM), en plus des géants européens (Orange, Alcatel…), de la Chine (Qifan-19, Hengtong.), du Middle East…sont dans une conquête géostratégique de liaison intercontinentale et d’occupation technologique des zones comme la Transatlantique, la Méditerranée, le Canal de Suez, pour ne citer que ceux-ci. Ces conquêtes ont d’autres visées autres que l’aspect économique, elles sont essentiellement menées pour l’accès et le contrôle mondial des données donc de l’information.
Cas USA vs Chine : depuis plus d’une décennie, l’administration américaine bloque ou fait capoter des projets d’Interconnection transatlantique qui ont vu l’intervention de sociétés chinoises, même si celles-ci sont en association avec des sociétés de droit américain comme Google et Facebook. Le premier des cas remonte en 2013 sous l’administration Obama qui a bloqué le projet d’Interconnexion sous-marin de New York à Londres via le câble à fibre optique. Le dernier est plus récent et concerne le PLCN (Pacific Light Cable Network), qui avait pour but de relier Los Angeles à Hong Kong et qui avait pour investisseurs et promoteurs (Google, Facebook et un partenaire chinois). Tous ces projets ont connu le refus d’autorisation des administrations américaines pour des raisons de sécurité nationale (espionnage des communications et domination technologique). Il est clair que les intérêts géopolitiques prévalent sur ceux économiques dans une guerre technologique !!!
Quelle place occupe l’Europe dans la géostratégie du Numérique ?
Le déséquilibre défavorable à l’Europe dans le transfert et l’exportation des solutions innovantes et numériques entre la zone Européenne et l’Amérique d’un côté et la Chine et l’Europe de l’autre côté, impose au continent européen une pression à la fois sur le besoin à la réglementation des activités liées aux géants étrangers sur son territoire (GAFAM, Tiktok, Meta, NATU…), et aussi sur ses politiques publiques axées sur le développement du numérique.
Par ailleurs, si l’Europe n’échappe pas à la suprématie des géants américains et chinois du numérique, il est important de signaler qu’elle n’est pas en marge de la conquête géostratégique des fonds marins. Plusieurs pays membres de l’Euro ont déjà déployé des câbles sous-marins et interconnecté l’Europe à plus d’un continent. La France via « Orange Marine », est incontestablement l’un des pays incontournables dans la géostratégie du numérique et de la conquête des fonds marins via la fibre optique. Cette société de droit français est dans le top 3 des principaux fabricants et maintenance de câbles sous-marins à fibre optique dans le monde avec 180 000 km déployés de câble 23 contre 78 000 km de câble 25 déployés par le Chinois HengTong par sa filiale HMN Tech24.
Le marché des câbles sous-marins à fibres optiques s’élève à 4, 16 milliards de dollars USD en 2024 avec une prévision de 7,20 milliards de dollars USD en 2029. Alors qu’elle détenait une part de marché considérable voir dominante sur le marché des Câbles sous-marins, La Société ASN (Alcatel Submarine Network), fabricant et installateur, et autrefois fleuron de la France s’est fait racheter par la Société finlandaise Nokia lors du rachat de l’Alcatel-Lucent en 2015. Une erreur stratégique commise par l’administration française, selon Ophélie Coelho, Chercheuse en Géopolitique du Numérique et autrice du livre « Géopolitique du Numérique-L ’impérialisme à pas de géants », à l’époque. Cette erreur stratégique vient d’être rattrapée après plus d’une décennie, car l’Etat français via son Ministre des Finances vient de signer un acte de rachat de 80% dudit fleuron (ASN) à la société finlandaise Nokia en ce mois de Novembre de l’an 2024.
Il est évident que l’Europe via ses Entreprises, représente une partie importante dans le part de marché de ce secteur stratégique.
Que devient l’Afrique dans la lutte d’influence géopolitique avec pour outil le Numérique ?
Entre 2015 et 2018, la contribution de l’économie numérique évaluée à travers celle de l’internet au PIB du continent, était estimée à 1,1%, relativement très faible par rapport à la moyenne mondiale. A la même période, une prévision de 5,2 % de contribution de l’économie numérique au PIB du Continent africain est estimée pour 2025, soit 180 milliards USD. Cette prévision est-elle-atteinte à quelques mois de l’an 2025 ? Difficile de répondre !
Mais pour mieux comprendre la place de l’Afrique dans le concert de l’influence numérique, il est important de faire une rétrospection des atouts et faibles et la capacité du continent à développer un secteur numérique structuré et bénéfique à son économie et par ricochet à sa puissance sur l’échiquier géopolitique.
Les volets inducteurs d’un développement numérique sont : le savoir, les infrastructures, les investissements, l’attractivité du pays et ainsi que la capacité d’auto développement et d’intégration. Malgré que des efforts considérables soient consentis pour la création d’un global Market africain par le billet du numérique, l’absence d’infrastructures d’interconnexion et de large bande sur le continent et la faiblesse des politiques publiques axées sur numérique des pays africains, ne facilitent pas la matérialisation de ces efforts en des acquis.
La problématique d’auto développement numérique du Continent : aucune innovation n’est possible sans le développement du capital humain et du savoir. Malgré que certains pays soient présentés comme prometteurs en innovation numérique et technologique comme l’Afrique du Sud, les Iles Maurice, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal et le Rwanda…l’Afrique dans sa globalité souffre d’une carence chronique en recherche et développement en la matière. La preuve en est que la part du secteur de l’éducation dans la programmation budgétaire de la plupart des pays africains, reste faible. L’éducation est relayée après la défense, la santé et même des infrastructures dans certains pays. Combien de Centres de recherche et de développement en innovation existent-ils en Afrique ?
Tant que l’Afrique ne priorise pas l’éducation qui se doit être axée sur les défis mondiaux de l’innovation et de la créativité technologique, sa capacité d’auto développement dans le secteur numérique restera faible. L’Afrique restera donc consommatrice de la production en innovation des autres et donc sous domination de ceux qui en sont ses principaux fournisseurs.
Instabilités Politiques et absence d’Infrastructures, les principales barrières à l’entrée massive des Géants du Numérique sur le marché Africain : dans le contexte africain où l’auto développement par la créativité numérique interne s’annonce complexe, la croissance économique avec une contribution conséquente du numérique ne saurait-être possible que par le billet des investissements directs et de l’entrée des géants mondiaux du numérique sur le marché africain. Ces investissements et entrées des géants sont conditionnés par deux exigences : la stabilité politique (gage de la garantie et de la sécurisation des investissements) et la disponibilité d’infrastructures essentielles (Routes, électricités, Méga Centres de données…), pour une meilleure atteinte des profits économiques et de la création de la valeur qui sont l’objectif primaire de tout investissement.
Avec ces différentes barrières et insuffisances énumérées, l’Afrique continue à subir l’influence des puissances détentrices à la fois de l’information (données) et des technologies innovantes à l’image de l’Intelligence artificielle.
Au-delà de tout ça, le continent africain subit les dommages collatéraux d’une guerre géopolitique muette comme celle de la guerre commerciale et technologique entre les USA et la Chine.
KABA MAMADI
Spécialiste des Télécommunications & du développement Numérique
Auteur du livre :
« Les Freins du développement Numérique en Guinée et ma Vision »
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