Conakry : la disparition suspecte de Karamo Keita ravive les soupçons contre un proche

il y a 5 heures 23
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La banlieue de Conakry est en deuil après la disparition tragique et mystérieuse de Karamo Keita, 24 ans. Son corps sans vie a été découvert le 29 août à Kaloum. La famille pointe du doigt son grand frère, considéré comme la dernière personne à avoir été en contact avec lui. Ce dernier est actuellement sous contrôle judiciaire.

À Simbayah École, dans la maison mortuaire, l’atmosphère est lourde de chagrin. Les proches dressent le portrait d’un jeune homme « brillant », discret et profondément humain. Pour Alimou Keita, l’aîné de la fratrie, cette fin tragique serait la conséquence d’une mauvaise fréquentation.

« Depuis notre arrivée dans ce quartier en 2013, ils ont pris contact. C’est ainsi qu’ils ont tissé un lien de petit à grand. Mais la famille n’avait pas apprécié ce rapprochement. Mon père, paix à son âme, non plus. Il avait tout fait pour les séparer », confie-t-il.

Le frère de poursuivre : « À un moment donné, il avait même dérobé le petit pour l’envoyer ailleurs, dans un endroit que lui seul connaissait. Grâce aux enquêtes, on l’a retrouvé à Boké. De retour à Conakry, ils sont allés à la gendarmerie avec mon père. Il a pris des engagements pour ne plus s’approcher de lui. Malheureusement, il n’a jamais respecté ses promesses. Moi-même, j’ai mené un énorme combat pour les séparer. Chaque fois que je les voyais dans la rue, je me jetais sur mon frère pour l’empêcher de s’approcher de lui. »

Alimou se souvient néanmoins d’une accalmie : « À cette époque, tout allait bien. Ils s’étaient éloignés. Mais ils se revoyaient discrètement. On en était informés et on menait nos propres enquêtes. Comme mon frère n’avait plus de problèmes à la maison, on s’était un peu rassurés. Jusqu’au décès de notre père, il n’y a pas eu de nouvel incident. »

La famille justifie cette distance imposée par la réputation de l’accusé : « Tout le monde connaît sa réputation dans le quartier. Moralement, il n’est pas bien dans sa tête, disons ça ainsi. Il a causé beaucoup de dégâts ici. Des insultes publiques, des disputes incessantes. Il consommait des stupéfiants. Sa réputation est exécrable », insiste Alimou.

Pour lui, Karamo avait tout pour réussir : « Il est diplômé en économie de l’Université Kofi Annan de Guinée. Il travaillait tout dernièrement. Il a toujours été brillant au primaire, au collège, au lycée. Il n’a jamais échoué. Même à l’université, il était bien encadré. Ses amis peuvent en témoigner. Nous étions fiers de lui, très fiers. Mais ce gars-là a voulu le dérober. »

La tante de la victime, Souadou Bah, vit elle aussi un choc immense. Elle se souvient de l’épisode de Boké, entre 2017 et 2018, lorsque Karamo avait 16 ans :

« Ils ont plaidé, il a pris un engagement. J’ai récupéré mon fils, nous sommes revenus ensemble à Conakry. Depuis, il a fini ses études et commencé à travailler. Dernièrement, il (Karamo, NDLR) l’a encore rencontré, il a voulu l’aider, il l’a mis au travail. Mais il a volé et s’est fait virer. Karamo a plaidé pour lui. Ensuite, il a disparu presque un mois. »

Ses recherches ont abouti à une découverte terrible : « On est allés à la Sûreté, à la DPJ, à la Sécurité sociale. Rien. J’ai cherché dans les commissariats, toujours rien. Je suis venue à l’hôpital, à l’urgence, on m’a dit qu’il n’y était pas. Même à la morgue d’Ignace Deen, on m’a assuré qu’il n’y avait rien. À Donka aussi, on m’a dit non. Vendredi, j’ai décidé de reprendre mes recherches. Je suis repassée à la morgue avec sa dernière photo. On m’a dit oui, le corps est là. Mais on m’a refusé l’accès la nuit. Samedi matin, je suis revenue, et j’ai trouvé mon enfant là. J’ai aussitôt prévenu la gendarmerie et son oncle. »

Souadou dénonce l’attitude du suspect : « Il a été arrêté, mais le pire, c’est qu’il venait même dans la famille. Il faisait semblant de chercher Karamo, comme s’il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé. Il venait avec ses affaires, son portable, sa moto. Il s’en allait comme si de rien n’était. C’est le lendemain que la gendarmerie est venue l’arrêter. »

Effondrée, elle conclut : « C’est dur, mais il a fait ce qu’il voulait. Je laisse la justice des hommes et celle de Dieu trancher. Dieu seul sait pourquoi. Il a pris mon enfant à un âge où on ne s’y attendait pas. Il l’a tué. »

La famille Keita dit désormais compter sur la justice pour que Karamo repose enfin en paix.

 Mayi Cissé

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