Kouroussa : le personnel hospitalier vent debout contre le retour du Dr Demba Mara

L’hôpital préfectoral de Kouroussa traverse une période de forte tension. Ce lundi, médecins, infirmiers et agents administratifs sont descendus massivement dans les rues pour exprimer leur opposition ferme à un éventuel retour du Dr Demba Mara, ancien directeur de l’établissement.

Une mobilisation sans précédent

Brandissant des pancartes et scandant des slogans sans équivoque — « L’hôpital préfectoral de Kouroussa dit non à Demba Mara », « Nous ne voulons plus de lui ni de sa collaboration », « Nous ne voulons plus d’un docteur qui détourne »

les manifestants ont parcouru plusieurs points stratégiques de la ville, notamment la préfecture, la DPS, la commune urbaine et le vestibule de l’hôpital.

Mme Nantenin Condé, agente au service maternité, témoigne de la détresse du personnel :

« Cela fait plus de deux ans que nous travaillons dans la souffrance. Certains ont même reçu des menaces, nous disant que si nous manifestions, le Dr Demba Mara serait réinstallé de force, avec des représailles à la clé. Nous voulons travailler avec quelqu’un qui respecte le personnel et instaure la paix. Nous ne voulons plus travailler avec lui. »

Gestion contestée et climat délétère

Dr Béa, chargé de l’hygiène hospitalière, décrit une situation sociale devenue explosive :

« Depuis près de deux ans, jamais le personnel ne s’était mobilisé. Cette fois, c’est la première. Oui, il a introduit la digitalisation et relancé la construction de l’hôpital, mais cela ne compense pas les abus. »

Selon lui, le climat social sous la direction du Dr Mara était profondément délétère :

« Il y a eu des injures publiques envers le personnel. En réunion, il a tenu des propos comme : “quand je parle, on ferme la gueule”, devant des pères et mères de famille. Il a divisé le personnel et créé une injustice sociale profonde. »

Soupçons de détournement et mauvaise gestion

Les griefs portent également sur des soupçons de malversations financières :

« Il affirmait qu’aucune subvention n’avait été reçue, alors que les rapports annuels montrent le contraire. Huit agents contractuels ont été poussés à la démission, six mutés, huit titulaires ont demandé leur mutation, et 30 à 40 stagiaires ont quitté l’hôpital à cause de la pression et de la mauvaise gestion. »

Dr Béa évoque une gestion opaque des ressources :

« Les recettes issues de la digitalisation, les fonds de Santé Intégrée et les subventions ne sont pas clairement tracées. Nous ne savons pas où ces ressources ont été orientées. »

Il ajoute : « Nous avons découvert des cas de détournement concernant des ambulances et des groupes électrogènes. Les magasins de l’hôpital ont été vidés durant sa gestion. Une inspection indépendante pourrait éclairer l’opinion sur ce qui s’est réellement passé pendant ces deux années. »

Une dette abyssale

Sur le plan financier, les conséquences sont lourdes : « Après son départ, nous avons découvert des factures impayées de partenaires pharmaceutiques. Des produits auraient été commandés et payés, mais jamais livrés. À ce jour, la dette connue dépasse 600 millions de francs guinéens. »

Le personnel en alerte

À Kouroussa, le personnel de l’hôpital préfectoral se dit déterminé à ne plus revivre les mêmes dérives. Cette mobilisation collective traduit une volonté claire : exercer dans un environnement de travail respectueux, transparent et sécurisé. Dans ce contexte, un éventuel retour du Dr Demba Mara apparaît fortement compromis, sauf intervention des autorités compétentes visant à rétablir la confiance et faire toute la lumière sur la gestion passée.

Karifa Doumbouya, correspondant à Kankan
612 51 22 79

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