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Dans un contexte politique marqué par des tensions internes et des débats sur la gouvernance du Sénégal post-Macky Sall, notre rédaction s’est entretenue ce lundi 14 juillet, 2025, avec Maguette Mbodj, membre du mouvement national des cadres de PASTEF (Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) et ancien représentant du parti en Guinée. Malgré son retour au Sénégal en juillet 2024, il affirme resté « l’unificateur » du PASTEF en Guinée.
Mediaguinee: Vu tout ce qui se passe aujourd’hui chez vous au Sénégal, comment interprétez-vous la sortie récente de Ousmane Sonko contre la gouvernance du PASTEF ?
Maguette Mbodj : La gouvernance du PASTEF, il faudrait quand même que je vous dise un peu l’identité de ce parti. Le parti PASTEF, depuis les premières années de l’indépendance, les partis fondés par le Senghor, qui étaient des partis aussi de la gauche sénégalaise, de la gauche communiste et tout ça, il y avait des militants. Et après, ces partis-là, ce n’étaient plus des militants maintenant, c’étaient des partis avec des crédits. PASTEF maintenant, c’est le seul parti au Sénégal qui n’est pas un parti classique, mais qui est un parti qui a réellement des militants, parce que c’est des gens qui allaient de manière volontaire et qui contribuaient à la marche du parti. Ce qui leur donne une certaine liberté d’expression et de contestation au niveau du parti. Parce que dans le paysage politique sénégalais aujourd’hui, il n’y a plus d’opposition. La paix est à terre. Il y a juste quelques anciens du régime de Macky Sall, qui payent des chroniqueurs pour faire de la désinformation contre PASTEF. Et surtout, mais ce que vit Ousmane Sonko, ce sont ni des critiques, ni une liberté d’expression, c’est de la haine. De la haine par personne interposée. Alors, ce qui s’est passé, c’est que moi je me dis finalement que cette frange-là qui se dit, l’opposition, qui n’arrive pas à gober ce changement de régime, moi je suggère de se rassembler et de porter plainte contre. Si elle procure la réplique contre les 54% des Sénégalais qui ont voté pour ce nouveau gouvernement, c’est ce qu’il reste à faire. Mais maintenant, qu’est-ce qui se passe ? Ousmane Sonko et Diomaye. Et c’est le rêve de tous ces gens-là qui sont contre le programme du Sénégal. Mais ils perdent leur temps parce que ça n’arrivera pas. Maintenant, des contradictions. Il faut pointer du doigt tout ce qui ne marche pas. La gouvernance de Diomaye, mais c’est la gouvernance également du PASTEF. Ce qui est inhabituel, c’est qu’un Premier ministre puisse mettre sous la table ses inquiétudes, disons, son souci de mieux tenir la barre, de mettre en place les structures, en tout cas les réformes qui nous permettront de tenir nos engagements par rapport au groupe sénégalais. Il trouve qu’il y a un peu de défaillance. Il s’adresse au président de la République en lui disant qu’il y a un manque d’autorité dans ce pays et que la justice ne va pas au rythme qu’il fallait. Et qu’il y a quelque chose qu’on ne dit pas très souvent. Une administration qui est réfractaire à la révolution. Parce que ce qui s’est passé au Sénégal, c’est une révolution. Mais pour avoir une révolution, il faut avoir un appareil. On ne peut pas continuer avec une administration où il y a des gens qui sont réfractaires à la nouvelle gouvernance, à cette rupture qui a fait qu’on nous a élus. Ousmane Sonko, ce n’est pas un Premier ministre ordinaire. Avant, les Premiers ministres du Sénégal, c’étaient des figurants. Ousmane Sonko, c’est un Premier ministre fort et qui a donné maintenant un contenu fort à ce poste de Premier ministre. Vous savez, on ne peut pas oublier que c’est Ousmane Sonko qui a fait élire le président de la République, Diomaye. On ne peut pas oublier que c’est Ousmane Sonko qui a fait élire des députés. Avant même, que PASTEF ne soit au pouvoir, qui a fait élire des maires. Mais il ne faut pas oublier que Diomaye et Ousmane Sonko, c’est des compagnons de route inséparables. Et avec un soubassement affectif. Chacun d’entre eux a donné le nom de son fils à Diomaye, l’autre à Ousmane. Le président de la République a mieux fait. Son dernier-né, il a donné le nom de la maman d’Ousmane Sonko. Je ne pense pas que ce soit des êtres aussi fragiles ou alors aussi manquant de sincérité pour pouvoir se séparer.
Mediaguine : Par rapport à ces sorties-là, beaucoup disent qu’il s’en est pris généralement au président Diomaye Faye. Est-ce que vous partagez le même avis que ces personnes ?
Maguette Mbodj : Il s’en est pas pris au président Diomaye Faye, ce n’est pas vrai. Il a tout simplement dit que le président Diomaye Faye doit prendre ses responsabilités sur certains aspects de la gouvernance politique du Sénégal. Il en a tous les pouvoirs, mais parce que le Premier ministre aussi doit être protégé. Parce que qu’est-ce qui se passe ? Vous vous rendez compte, depuis que le PASTEF est au pouvoir, à longueur de journée, on a vu sur les plateaux des gens vulgaires qui l’insultent, qui lui attribuent tous les noms d’oiseaux, n’est-ce pas ? Dans sa vie privée, son intimité familiale. Ça, ce n’est pas de la démocratie, ce n’est pas de la liberté d’expression. La liberté d’expression, ce n’est pas la liberté de calomnier quelqu’un, ce n’est pas la liberté de dénigrement, ce n’est pas la liberté de déverser sa haine. Ça, ce n’est plus de la politique. Et encore, ce que vous voyez défiler sur les plateaux, mais ils sont payés. Celui qu’on vient de voir, le dernier qu’on a encore repris, Badra Gandia, vous avez entendu parler de ce mec, mais on s’est rendu compte qu’il recevait de l’argent, comme tout le monde le savait, c’est-à-dire qu’il fait tout faire pour déstabiliser ce régime. Il faut tout faire pour semer le doute dans l’esprit des Sénégalais. Et ça n’a pas marché jusqu’à présent. Ils l’ont fait avant la présidentielle, ils l’ont fait avant les législatives, et le résultat, 130 députés sur 165.
Mediaguinee : Donc selon vous, quand Sonko parle de manque d’autorité, il fait alors allusion à qui ?
Maguette Mbodj : Mais il fait allusion en premier lieu au président de la République, tout à fait normal. Pourquoi en Afrique on n’est pas habitué, comme en Europe, à ce que, ce soit un ministre, soit un Premier ministre, pourquoi pas, mais qui est chef de parti. Parce que là, c’est le président du parti qui parle. Parce que c’est le parti qui a porté ce pouvoir. Donc c’est le président du parti qui parlait, qui mettait ça sur la table devant les militants du parti, mais devant les Sénégalais. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas séparer les militants du PASTEF, c’est les Sénégalais dans l’ensemble, ce n’est pas possible. Et les Sénégalais l’ont tellement bien compris. Maintenant, les échos que vous avez, c’est le rêve de l’opposition et ils n’ont qu’un seul rêve, séparer ce duo. C’est vrai. Mais les Sénégalais sont conscients d’une chose, c’est que nous n’avons pas intérêt à ce que ce duo-là se sépare. Et on ne le laissera pas faire. Et c’est ça le problème. Tout ce qu’ils racontent dans les télés, les journaux, certains journaux, franchement, ils n’ont aucun impact sur la vision des Sénégalais. Vous seriez à Dakar, vous l’auriez senti. Au contraire, les gens les tournent en dérision. Parce que, bon, ils devraient plutôt raser les murs, que faire un acte de repentance.
Mediaguine: Parlant de ce duo, est-ce que vous n’avez pas peur ? Parce que nous savons tous que par le passé, deux têtes de l’exécutif sénégalais, notamment Senghor et Mamadou Dia, ont eu presque la même configuration, mais ça s’est mal terminé. Vous n’avez pas peur que ce scénario revienne encore ?
Maguette Mbodj : Le contexte politique n’est pas le même. En 1960, à l’indépendance, le Sénégal avait un régime parlementaire où le Premier ministre a des pouvoirs constitutionnels que le chef de l’État n’a pas. Est-ce que vous comprenez ? Et la seule ressemblance, c’est que c’est Mamadou Dia, en réalité, qui a fait un peu Senghor. Mais qui était l’un des leaders les plus puissants au niveau du parti et les plus populaires. Mamadou Dia, dès 1962, alors qu’on était en pleine guerre froide, on venait d’être décolonisés, il s’est permis de pouvoir diversifier les relations diplomatiques du Sénégal avec le reste du monde. Ça n’a pas plu aux Français. Il n’y a jamais eu ni coup d’État, ni tentative de coup d’État.
Mamadou Dia a invité le président Senghor : allons au niveau du Conseil national, qui est le parlement de notre parti, on va régler nos problèmes. Mais les Français lui ont dit non, c’est l’occasion de le faire tomber. Donc c’était un complot purement franco-senghorien. Donc ce n’est pas la même chose. C’est le même contexte politique, mais ce n’est pas la même chose.
Mediaguinee: Une avant-dernière question, revenons toujours sur cette question. Vous, en tant que membre de ce parti, quel message vous proposez à ces deux leaders pour maintenir toujours le cap et fermer la bouche à ceux qui souhaitent les voir demain finir en queue de poisson ?
Maguette Mbodj : Ces gens-là, leur bouche ne se fermera jamais tant que le PASTEF est au pouvoir. Heureusement que c’est une partie infime des Sénégalais. Et puis tu sais, c’est des gens qui sont aux abois.Vous avez entendu, tout ce qui défile au niveau des magistrats du pôle judiciaire, là, parce que c’est du détournement. Alors vous n’êtes pas étonné, là-bas en Guinée, que les Sénégalais puissent mettre sur la table une potion pour avoir une liberté de 40 milliards, 500 milliards, 300 milliards ? Et tout ça, ce sont ces gens-là, c’est ça, une partie de la société civile. C’est simple, n’est-ce pas ?
(…)Au retour du président de la République, qui était à l’extérieur, ce président de la République, ce ne serait même pas étonnant qu’il mette ça sur la table et montre qu’il n’y a aucune divergence profonde. Il y a tout simplement un constat.
Il est vraiment un peu rude ce constat, mais ça c’est Ousmane Sonko. Le Sénégal prime sur sa propre personne. Il a des convictions qui font qu’il ne mâche pas ses mots. Et puis il réfléchit avant de parler. Ce n’est pas quelqu’un qui raconte n’importe quoi. Là je te dis, aujourd’hui, tous les Sénégalais sont fiers d’avoir un Premier ministre et un président de la République de ce type-là. Il faut le croire.
Mediaguinee: Aujourd’hui, beaucoup d’opposants au Premier ministre Sonko, tels que Barthélémy Dias, disent qu’après la confirmation de sa condamnation par la Cour d’appel, il n’est plus éligible. Cela veut dire qu’il ne peut pas être candidat en 2029 s’il le veut. Vous, en tant que membre du PASTEF, comment vous voyez cette réaction ?
Maguette Mbodj : Mais il raconte des histoires. Sonko n’a rien à voir avec son problème. Lui, son problème date du temps de Macky Sall. Le président Macky Sall avait mis des pieds pour l’utiliser un peu politiquement. Mais les magistrats ont fait leur boulot à la fin du régime de Macky Sall. Mais c’est pas Sonko ça. Au contraire, étant sous le coup de cette condamnation, Sonko l’a choisi, imposé comme maire de Dakar et comme député. Il le doit à Sonko. Mais après je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête. Et pendant ce temps, il était en pourparlers, il se cachait pour parler à Macky Sall, parce qu’il était persuadé que Macky Sall, avec l’armada, avec la répression féroce qu’il faisait, il va aller réussir son coup de troisième mandat, et Sonko sera éliminé. Juste une chose, toute l’opposition soi-disant autour de Sonko, si tous ces gens étaient contre Sonko (…)personne ne veut de Sonko.(…) Parce que cette rupture, cette révolution, personne, tous ces gens n’en veulent. Et jusqu’à aujourd’hui, ça leur reste dans la gorge. Mais les Sénégalais sont vigilants. Vous savez quelle est notre chance à nous ? Non seulement nous sommes une nation, mais nous avons une pure culture politique. Rassure-toi, tu vas suivre, dans les jours qui viennent, tout va rentrer dans l’ordre. Et Sonko continuera de parler. Parce que nous, dans le parti, on critique le parti.
Avant de terminer, je profite juste pour témoigner encore une fois toute mon amitié et ma fraternité à la Guinée, mais également à mes camarades et sœurs militants du PASTEF.
Réalisée par Christine Finda Kamano
622 71 69 06
L’article Interwiew- Maguette Mbodj, ex-représentant de PASTEF en Guinée : « Ousmane Sonko n’est pas un Premier ministre ordinaire » est apparu en premier sur Mediaguinee.com.