Suppression de l’examen d’entrée en 7e : “Une bonne décision, mais il faut de la rigueur”, selon Hadja Adama Sow

il y a 9 heures 56
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Dans cet entretien accordé à Guinée360, Hadja Adama Sow, présidente de la Fédération guinéenne des parents d’élèves, étudiants et amis de l’école (FEGUIPAE), réagit à l’annonce de la suppression de l’examen d’entrée en 7e année.

Si elle salue l’initiative du ministère de l’Enseignement pré-universitaire, elle insiste sur la nécessité d’une préparation rigoureuse : sensibilisation des parents, formation des enseignants, renforcement du suivi pédagogique, et amélioration de l’environnement d’apprentissage.

Guinée360 : Le ministère de l’Enseignement pré-universitaire envisage de supprimer l’examen d’entrée en 7e année. Pensez-vous que c’est une bonne décision ?

Hadja Adama Sow : Les parents d’élèves sont des acteurs incontournables du système éducatif, car sans élèves, il n’y a pas d’école. Un bâtiment, à lui seul, ne suffit pas s’il n’y a pas d’apprenants dans les classes. Cela fait plus de trois ans que je me prononce sur cette question dans les médias. Cet examen, selon moi, n’a plus beaucoup de sens. Dans 90 % des pays avec lesquels nous échangeons au sein de la plateforme des fédérations de parents d’élèves, il a été supprimé. Personnellement, je salue donc cette décision.

Cette annonce, si elle se concrétise, répond donc à l’une de vos préoccupations ?

Oui, tout à fait. On ne peut pas prôner une éducation de base obligatoire jusqu’à 16 ans tout en maintenant un examen qui risque d’exclure certains enfants avant cet âge. Si nous voulons que les enfants restent à l’école, il faut les accompagner et mettre en place les conditions pour les y maintenir jusqu’à leur 16e anniversaire.

Avant d’appliquer cette décision, certains acteurs demandent la mise en place d’un cadre de concertation. Est-ce aussi votre souhait ?

C’est même une nécessité. Il doit y avoir une concertation entre les syndicats, les parents d’élèves et le ministère. Comme vous, nous avons appris cette annonce sur les réseaux sociaux, via les plateformes. Ce n’est pas acceptable. Avant de prendre une telle décision, il faut consulter les parties prenantes, évaluer la faisabilité, anticiper les conséquences. Je ne suis pas opposée à cette mesure, mais elle doit être préparée sérieusement.

Le ministère a mis en place un comité de réflexion chargé de recueillir des propositions. Êtes-vous prêts à en soumettre ?

Ce n’est pas aux acteurs de courir vers le ministère, c’est à lui de solliciter les parties prenantes. Le système éducatif concerne toute la société. Notre souhait commun, c’est que toute réforme soit bénéfique pour les enfants et pour l’avenir du pays. Il ne s’agit pas de rivalité, mais de complémentarité. C’est en partageant nos idées qu’on peut bâtir un système solide et durable.

Selon vous, quels sont les préalables avant de supprimer l’examen d’entrée en 7e année ?

D’abord, il faut sensibiliser les parents. Ensuite, il est indispensable de renforcer les capacités pédagogiques des enseignants. Le système actuel favorise souvent le passage automatique d’une classe à l’autre, ce qui est dangereux. On ne doit pas faire passer un élève juste pour lui faire plaisir, mais parce qu’il en a le niveau. Sinon, on retrouvera des élèves non performants en 10e année, incapables d’affronter le BEPC. Il faut de la rigueur dans la formation, et surtout dans l’évaluation, aussi bien des élèves que des enseignants.

Quel est votre regard sur la méthode actuelle de correction des examens ?

Je pense qu’il faut rétablir la confiance entre le ministère et les enseignants. Dans d’autres pays, les enseignants corrigent les copies chez eux, sans surveillance excessive. Ici, on a des gendarmes devant les portes, des surveillants partout. Il faut dédramatiser l’examen, créer un environnement serein, non stressant, propice à l’apprentissage. Nos enfants méritent mieux.

Travaillez-vous en synergie avec d’autres structures du secteur pour formuler des propositions au MEPU-A ?

C’est une très bonne chose et nous sommes totalement ouverts à cette collaboration. Quel que soit le cadre, notre seul combat, c’est la réussite de nos enfants. Nous sommes toujours disponibles pour travailler ensemble, dans l’intérêt de l’école guinéenne.

Quelle est votre appréciation des résultats de l’examen d’entrée en 7e cette année ?

Par rapport à l’année dernière, on observe une nette amélioration. Cette fois, une plateforme a été mise en place pour les réclamations, ce qui est une avancée. Habituellement, nous recevons beaucoup de plaintes, mais cette année, aucun cas n’a été signalé à notre niveau. Cela montre que les résultats sont globalement acceptés et reflètent le niveau réel des élèves. Mais il faut continuer à progresser.

Quel message adressez-vous aux parents d’élèves durant cette période de vacances ?

Je leur demande de ne pas envoyer les enfants en vacances sans préparation. C’est maintenant qu’il faut penser à la rentrée : trouver des répétiteurs, organiser des séances de révision, mobiliser les grands frères et sœurs pour accompagner les plus jeunes. J’invite aussi les parents à protéger leurs enfants, à éviter de les faire sortir sous la pluie ou les envoyer vendre dans la rue. L’avenir de nos enfants se construit maintenant.

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